Encore une moisson conséquente et…variée ! Je vous livre les mots tels que notés dans mon carnet par ordre d’arrivée (ceux qui sont venus sur les ailes d’un mail) avaient été inscrits en premier. Ils sont au nombre de 22 dont un facultatif.
LES VOICI :
GIRAUMON – GAMBADER – GARAGE – GIVRE – GARGOUILLE – GAMBIT – GALOP – GABARIT – GLORIOLE – GALIPETTE (S) – GALLINACÉ – GRILLE – GLAND – GROTESQUE – GEMIR – GOURMAND – GODILLOT – GRAVE – GRILLON – GALIMATIAS – GIROFLE – GARAMOND* (facultatif)*.
*Garamond étant un nom masculin dérivé du nom propre de la police de caractères portant le nom de son inventeur Claude Garamond (1499-1561) et que les noms propres ne sont pas admis, je vous laisse décider si vous l’employez ou pas ! Il est facultatif ! Je l’ai dit à Océane, lui demandant d’en laisser un autre mais elle n’est pas repassée !
À l’absente
Je peux enfin reprendre ma plume. Je vais noircir le nouveau carnet bleu qui dormait au fond du grand tiroir de mon bureau. Ne me parlez pas de caractères de type garamond, j’écris avec mon crayon de papier.
Je décide aussi de vous écrire une lettre.
Ne souriez pas, bien que votre sourire me fasse fondre.
Ne discutez pas. Au 1er siècle de notre ère, les courges existaient déjà. J’ai fait des recherches, Pline l’Ancien en a témoigné.
Je passe mon temps à essayer de vous convaincre de mes affirmations. Je vais vérifier aux sources, vous le savez parfaitement. Je gambade de site en site. Cela n’a rien d’une promenade, je dois être infaillible à vos yeux.
Aucune envie de me retrouver sur une voie de garage et surtout, que vous ne vouliez plus lire les lignes si je choisis de vous les envoyer. Vous avez ouvert la porte à mon imagination.
Si nous avions été en hiver, j’aurais pu vous glisser quelques images où le givre aurait eu une bonne place. Dans ma collection de photos, j’en ai un bon nombre. Mais en plein mois d’août, illustration complètement déplacée. Et c’est moi, qui vais passer, à vos yeux, pour un givré.
Au cours de cette heure que j’ai eu le grand bonheur de partager avec vous ce matin, je n’ai pas eu le temps de vous conter ma dernière lubie : photographier gargouilles, girouettes et grenouilles. D’ailleurs, je me permets de vous joindre une de mes dernières photos.
J’attends votre avis. Je ne tremble pas. Je ne tremble plus.
Je saute du coq à l’âne de peur d’oublier. Cent treize jours sont passés et je n’ai toujours rien compris à la dernière partie d’échecs que vous avez mise en place lors de votre dernière visite, celle inventée par Géza Maróczy en 1896 avec son ouverture dite « Le gambit de Budapest ».
J’avoue, je me suis enfui au triple galop.
Je n’y suis jamais arrivé. Je vous promets, j’ai essayé, mais impossible de résoudre le problème ainsi posé. D’ailleurs, je ne peux jouer aux échecs que si vous êtes là.
Et vous n’étiez plus là. Vous étiez devenue l’absente.
Je devais me défouler comme je le pouvais.
Mon petit gabarit ne me permettait pas beaucoup de possibilités. Faire du football, j’avais passé l’âge. Faire du vélo, pourquoi pas.
Aucune envie d’en tirer gloriole. Je voulais juste oublier votre absence. J’achetais un vélo d’appartement et tout son tralala. Je m’imaginais grimper le Tourmalet, sillonner les routes de Paris-Roubaix, dévaler l’Izoard. Je ne fis que cinq kilomètres sur la route bordant ces Landes où nous avions tant rêvé d’aller. Ce fut tout. Je ne voulais pas mettre en danger plus mon cœur que vous aviez déjà si meurtri.
Ma façon à moi de faire cabrioles et galipettes, d’évacuer ma détresse.
J’aurais pu aussi me lancer dans une étude des gallinacés. Ceux de mon jardin.
J’aurais pu observer plus attentivement Trèfle, que vous m’aviez offert. Chacun de ses cocoricos me brisait le cœur. C’était moi, vous appelant.
Moi, que vous avez laissé sans nouvelles, cent-treize jours.
N’allez pas dire que je me répète.
La vérité n’est pas toujours bonne à dire ou à entendre.
Mais c’est la triste réalité de l’instant.
Pardon c’était, car vous êtes de retour.
Mais il faut que vous sachiez tout.
Oui tout ce que vous n’avez pas voulu entendre ou que je n’ai pas pu vous dire.
Devant moi, les pages du calendrier et cette date fatidique du 26 avril 2011.
Moi qui barrais les jours les uns après les autres.
J’aurais mieux fait d’aller jouer nos chiffres fétiches sur une grille de loto.
Je ne sais plus combien ? Six… et un septième, le complémentaire.
Mais il fallait que je sorte et je ne suis pas sorti ou si peu au village pendant ces cent-treize jours.
Je n’ai pas beaucoup écrit, malgré tout ce que j’aurais aimé vous dire.
J’ai lu tout ce qui me tombait sous la main. Il est vrai que ma PAL (traduction Pile À Lire, pour faire blogueur au top de sa forme) était énorme. Soixante-douze ouvrages m’attendaient. J’ai même pris le temps de relire La Fontaine, dont sa fable « Le gland et la citrouille ».
Remarquez, comment, sans en avoir l’air, je reviens vers les cucurbitacées dont je vous ai parlé au début de ma missive.
Vous me reconnaissez bien là !
Je me sens un peu grotesque de vous infliger cette prose mais j’ai tant à vous dire.
C’est vrai que je m’étais promis de ne plus gémir.
Mais tenir une telle promesse est vraiment dur.
Je suis tellement gourmand de votre présence.
Me noyer dans le bleu de vos yeux.
Sentir vos baisers dans le creux de mon dos.
Vous…. Je ne peux en écrire plus, je vous laisse deviner les mots qui montent à mes lèvres.
Je ne veux pas me montrer trop lourd, comme si je portais des godillots à clous d’un autre temps.
Je dois abandonner ce ton trop grave. Vous êtes de retour.
Je redeviens léger tout d‘un coup.
Ne croyez pas lire des galimatias.
Mes mots sont tous ceux que j’ai retenus pendant ces trop longs cent-treize jours.
Rejoignez-moi de nouveau très vite.
Regardez, sur le coin de mon bureau, toujours en bonne place, le flacon d’huile essentielle de clous de girofle que vous m’aviez rapporté de Madagascar, pour soigner mon éternelle sinusite.
Votre dévoué
Jolie cette lettre de pensées en roue libre ! Le vouvoiement apporte une distanciation originale... J'aime bien !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la forme épistolaire et ton texte est très réussi ! J'ai ramassé un giraumon dans mon jardin, j'eus pu t'envoyer la photo !^^
RépondreSupprimerPas de prénoms chez toi et pourtant une histoire de couple...
RépondreSupprimerDes histoires où les femmes fuient... Etrange, on dirait que ce sont toujours les hommes qui sont largués !
Je ne te l'ai pas encore dit : j'aime beaucoup tes logorallyes !
Bises de Lyon
Je me suis demandé si ces 113 jours allaient être comblés en 113 lignes.
RépondreSupprimer@ jean-Charles... je viens de regarder les statistiques Word 1 013 mots et 113 lignes... un vrai hasard dont je n'aurais rien su sans vous... Seriez-vous Oulipien dans l'âme
RépondreSupprimerUne lettre touchante, pour une absente dont on se demande pourquoi elle l'est justement, et on en viendrait à lui en vouloir, à lire le désarroi qui perce dans ces mots...
RépondreSupprimerElle est belle, cette missive ! Elle a un charme un peu désuet, et sans cette date d'avril 2011, on la croirait écrite bien plus tôt... ah, que n'écrit-on plus comme ça aujourd'hui (des lettres, bien sûr !)
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé ce texte : il m'a transportée ailleurs... Merci !
Le vouvoiement donne un charme incontestable à cette missive. J'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerTrès jolie "déclaration" après-coup, ou lettre de retrouvailles espérées...
RépondreSupprimerMais oui, les hommes sont des romantiques en diable... et nous sommes souvent des chipies.
Bien joué...!On suit cette sinueuse route des sentiments jusqu'au bout et bravo pour avoir placé tous les mots dans cette circonstance-là!
Quelle prouesse de se glisser ainsi dans la peau d'un personnage vivant mais arrêté sur le temps.. En commençant la lecture, j'ai pensé à une de mes amies blogueuses dont je n'ai plus de nouvelles depuis fin juillet, Hélène.. J'espère qu'elle va bien.. On regarde, on respire, on jauge, on évalue, on témoigne, mais on n'oublie pas d'être accompagné par l'absent(e).. Très bien dépeint..
RépondreSupprimerTrès touchante, cette missive..... On ressent, derrière ce galimatias, tout l'amour et le manque à peine dissimulés.....
RépondreSupprimerQu'est ce que c'est beau !!!!!et les mots touent leur place naturellement ! Chapeau bas...
RépondreSupprimerMerci à toutes et tous pour vos commentaires... qui permettent de continuer d'écrire
RépondreSupprimerLes lettres d'amour procurent toujours le même frisson, quel que soit le lieu, quelle que soit l'époque. C'est beau comme une eau de cascade fraîche sur un corps alangui de moiteur...
RépondreSupprimerJ'ai toujours une préférence pour la forme épistolaire, et ton texte rend hommage à merveille à cette façon d'écrire !
RépondreSupprimerJ'aime la forme du texte et on dirait bien que les hommes ne sont pas à la fête cette semaine !!
RépondreSupprimerJe te découvre à travers ce texte en haut vol... très original et bien écrit. Je repasserai !
RépondreSupprimer"Je suis tellement gourmand de votre présence.
RépondreSupprimerMe noyer dans le bleu de vos yeux.
Sentir vos baisers dans le creux de mon dos.
Vous…. Je ne peux en écrire plus, je vous laisse deviner les mots qui montent à mes lèvres."
J'aime beaucoup ce passage !