LES PLUMES DE L’ANNÉE 16 – mots en P
Le temps presse.
Trouvé ce petit mot, ce matin, pointé sur la porte de ma
cabane en planches :
« Plumes de l’année. Mots en P. Parfait pour toi. Au
travail. Occupée par la collection de livres poussiéreux de Grand-père. »
Elle en profite. Il est vrai qu’il tombe une pluie drue et
que je ne peux mettre le nez dehors sans risquer une pneumonie. Mais un peu
cavalière sa manière de me refiler sa tâche hebdomadaire.
Surtout que ce matin, j’avais prévu d’aller au pré faire des
photos des premières fleurs ou plantes s’épanouissant.
Je vais donc m’exécuter.
Mais l’inspiration n’est pas au rendez-vous. La collecte de
mots est très hétéroclite.
Mais, je vais faire preuve de persévérance et lui rendre
copie avant… mais le délai est déjà dépassé.
Je ne vais pas faire preuve de parcimonie.
Dix-huit mots à caser… je me lance le défi d’en mettre au
moins trente-deux de ces mots qui commencent par un P. il me faut des
aiguillons pour déclencher ma plume (il ne comptera pas deux fois, je ne
tricherai pas)
Je vais aller picorer dans le dictionnaire accepté par le
règlement quelques mots sortis de derrière les fagots pour me rendre
intéressant. Elle me lance un défi, car elle a décidé de se transformer en
parfaite femme de ménage.
Rassurez-vous, je ne couvrirais pas trente-deux pages de ma
petite écriture, faite de pleins et déliés appliqués.
Déjà, trop de temps perdu.
En bas de sa missive, un PS : « trente-deux minutes,
si vous acceptez votre mission ».
Je craque devant ses yeux si pétillants de malice que je vais
encore m’exécuter. Il y a pire châtiment que de rester au chaud à manier les mots.
Aller faire du pédalo ne pouvait être au programme
aujourd’hui en raison du temps. Je vais faire contre fortune, bon cœur.
Mais, il y a des limites, aller caser le mot putréfaction,
nenni. Même en regardant tous les sens possibles, impossible de le glisser. Je
vais devoir le laisser au bord de la page. Je m’octroie un joker.
Rester derrière mon bureau va m’éviter d’éternuer à tout
va ; les pollens ne faisant aucun cadeau cette saison encore.
Pardon, je m’égare.
Mais ce matin, je m’étais concocté un emploi du temps aux
petits oignons.
Je voulais finir le troisième livre de 1Q84 avec mon
chat ronronnant auprès de moi. Il n’a
rien d’un persan, est seulement un chat de gouttière répondant, quand il ne
fait pas la sourde oreille, au nom de W, hommage à ma façon à Georges Pérec.
Mais c’est vous faire injure que de vous le préciser.
En face moi, un énorme bouquet de pivoines. Elles ne se sont
pas échappées du jardin d’Asphodèle, mais juste de la boutique d’une jeune
fleuriste, « Mon premier coquelicot ». Rien que pour le nom, je fais
le détour pour acheter le bouquet du jour, « petit prix – grand
plaisir ».
Il va falloir que je m’active.
Les mots doivent régner sans partage. Je dois lui rendre ma
feuille noircie ou bleuie.
J’aimerai me prendre pour Théophile Gautier et avoir inventé
ces vers « Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l'amandier. » Mais
non, n’est pas poète qui veut. J’aligne les mots et essaie de les ordonnancer
pour votre plaisir, et le mien et le sien aussi, la reine du plumeau.
En plus, moi qui suis du genre très enclin à la
procrastination, je me vois obligé d’écrire en un temps imparti et plus que
réduit.
Le temps presse.
La récolte des mots en P
Parvenir au plaisir pur du parfait pouvoir quitte à perdre en premier sa propre estime – prime le plein effort, sans parcimonie, la pugnacité, la position morale la plus pénible
RépondreSupprimerbon y en a pas assez mais n'ai plus le temps
pas assez fort pour disserter sur le P..... sourires.. belle journée.
RépondreSupprimerHeu non George Perec ce n'était pas une offense pour moi, je ne le connais que de nom.
RépondreSupprimerJ'aime bien ton joker pour la putréfaction...bel exercice.
bein tu t'en sors super bien, on accroche au récit !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cette manière de te "dédoubler" et de laisser à l'autre "toi" la consigne... C'est bien vu ! :)
RépondreSupprimerPas mal pour un "pigiste".Sacré Perec,présent souvent.Bravo.
RépondreSupprimerPas mal cette prise de notes qui se déroule finalement naturellement ! Il faut toujours un défi pour nous stimuler !
RépondreSupprimerPresque la même idée que moi !
RépondreSupprimerC'est bien aussi !
Belles pirouette. :D Tu as su manier les mots avec dextérité et je n'ai pas boudé mon plaisir. :D
RépondreSupprimerTrès bonne astuce de prendre pour alibi l'exercice! J'avoue avoir laissé de côté procrastination... Je ne voyais pas du tout où le mettre.
RépondreSupprimerqui t'as omposé cette dure épreuve? Asphodèle? en 32 minutes? Pravo.
RépondreSupprimerLe rythme et la présence du personnage (sculptée par toutes ces anecdotes auquel on prend plaisir à s’identifier et qui huilent superbement le respect des consignes) m'ont amenés jusqu'au point final d'une traite. Bon alors ce texte ?! ^^
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