10 avril 2012
La maison de Jacob.
Le temps est tellement triste que
je ne sors plus depuis presque deux semaines. Presque un temps de Toussaint en
ce début avril.
Un brin de solitude ne fait pas
de mal non plus. Il faut bien que ma fidèle Alice prenne quelques congés et
aille se ressourcer en compagnie de son Richard en marchant. Quelle idée !
Ils sont peut-être partis vers cette maison dont je viens de retrouver la
photo.
Drôle de lumière qui chevauche
vers l’infini au-dessus de ce toit qui vient me chatouiller la mémoire.
Pourquoi Grégoire a-t-il été la cacher dans le tome 1 du livre de Dina.
Difficile de remettre mes pensées
dans les siennes. Pourtant, il ne faisait rien sans raison. Cette maison, je ne
sais plus où elle est. Y suis-je même aller ?
Pourquoi ma mémoire me
joue-t-elle des tours de plus en plus pendables ?
Qui l’a bâti ? Et toujours
ce lancinant où qui me vrille les tympans. Impossible de me souvenir. Pourtant,
je suis persuadée d’y avoir séjourné.
Mais tout cela me désole.
Pourtant, elle est présente en
moi.
Grégoire a toujours été un rêveur
et je me doute que c’est une des maisons qu’il a remise en état. Mais pour
nous, pour un de ses clients ou est-ce une maison qu’il aurait aimé investir,
remodeler, révéler à elle-même ?
Les souvenirs se mêlent dans ma
pauvre tête.
Derrière, il est écrit
« Jacob ». Mais pas de date, pas de lieu.
Pourquoi Grégoire étais-tu si
secret ?
Qui était ce Jacob, le
propriétaire de cette maison, son futur acquéreur ou le nom d’un de tes
clients ?
Nom ou prénom, quel Jacob a
mérité de voir son nom figurer derrière cette photo ?
Je me suis assoupie. La photo a
glissé à terre.
Je la ramasse.
Et là tout me revient.
C’était en fin de l’année 1960.
Nous étions partis tous les deux sillonner les routes des Pyrénées dans notre
Dauphine rutilante. Tu venais juste de te remettre d’une mauvaise pneumonie. Tu
commençais à être reconnu comme architecte. Tu redonnais âme aux vieilles
demeures. Tu en avais fait ta spécialité.
Au détour d’un chemin, nous
étions tombés en arrêt devant cette demeure majestueuse. Tu avais sorti ton
appareil photo. Tu l’avais mitraillée. Tu étais parti dans un grand discours,
luiimaginant une nouvelle jeunesse, une nouvelle vie.
Tu rêvais à haute voix quand un
homme était venu vers vous.
Je m’appelle Jacob, c’est la
maison de ma grand-mère. Vous voulez la visiter ?
5 commentaires:
la mémoire qui flanche et hop en un éclair tout revient !! on range parfois nos souvenirs loin...et on ne sait pas comment les reconvoquer.
Une photo qui déclenche des souvenirs !
Et encore et toujours des secrets ...
La mémoire ? pourquoi garde-t-on des souvenirs et pourquoi d'autres s'effacent à jamais.
J'aime beaucoup ce dialogue intérieur, cette solitude grise mais pourtant habitée, de proches, de questions vivantes. Je veux bien visiter !
J'aime beaucoup ton texte ! Il parle très bien des souvenirs, des processus de la mémoire, de l'association d'idées... et ils l'ont visité, la maison ?
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