samedi 28 juillet 2012

Chez Asphodèle, les mots en T (14) Pour distraire un lièvre...





LES PLUMES DE L’ÉTÉ 20


Ici, pour lire les textes du jour


Pour distraire un lièvre…

Je suis une tortue. N’en doutez pas. Regardez à quelle allure j’avance : je suis la lenteur personnifiée. Rien ne me transfigurera, symbole de lenteur, je suis, symbole de lenteur, je resterai.

Ne me touchez pas ! Ôtez-vous immédiatement de mon passage !
Mon premier but, rejoindre la fontaine, mon point de mire, mon totem, pour aller me rafraîchir.

Mon nom, Tomate.
Très original, n’est-ce-pas pour une Demoiselle Tortue, dont les écailles de la carapace sont de couleur thé rouge et terre de Sienne. Je taille ma route dans un village qui n’est pas devenu encore une vraie ville. Ce sera dans un autre temps.

Ce matin, dès les premiers rayons de soleil que j’ai pris à témoin, je me suis mise en marche. L’aurore pointait à peine. Le ciel était lumineux. Je cheminais sans but, ici, là-bas, peu m’importait. Aucune envie de me triturer les méninges ni de titiller mon esprit.

Je savais que je resterai dans l’enceinte de ce village, mon nouveau refuge, loin de toute zone de turbulences.
Aucun transfert envisageable dans un autre ailleurs.

Je dessinais des rayons dans mon nouvel Éden. Ils semblaient taillader le paysage.

Je dédiais ma solitude à Tinange, lui qui avait été mon talentueux compagnon de route. Je terminais toujours mes allers-retours devant la porte de la Paix.

La porte était surplombée d’une colombe à la Picasso et était barrée du mot calligraphié en hébreu, paix.

-       J’aurais été vous, j'aurais commencé par en bas pour écrire le mot « Paix ».

J’entends des voix. Le soleil m’a trop tapé sur la tête et la carapace. Me suis-je cognée par inadvertance contre le pied de la table du café dont l’enseigne est un tonneau, tout à l’heure en traversant la place.

-       Je répète. J’aurais commencé par en bas à gauche.
-       Montrez-vous ! je n’aime pas du tout qu’on se moque du travail que j’ai exécuté.
-       Je maintiens, j’aurais mis le P en bas à gauche.
-       Cela suffit ! j’ai fait comme bon me semble. Le P n’avait qu’une seule place possible et unique. En haut, au milieu. Logique, n’est-ce-pas voix inconnue et invisible.
-       J’affirme et assume pleinement que cette porte aurait eu plus de caractère avec le P en bas à gauche.
-       Stop voix inconnue. La porte restera comme cela. C’est terminé et définitif.





Collecte des mots en T, taratata ! Un an des Plumes !

Turlututu chapeau pointu, le soleil brille et le moral déborde de bonne humeur aujourd’hui !!! Voici la moisson, c’est la saison des blés d’or dans les champs (si ça vous a échappé citadins !) . Nous avons 17 mots à placer dans nos textes pour samedi matin ! Hé oui, c’est pas farniente toutes les semaines…

Temps – taillader – thé – triturer ou se triturer – titiller – tortue – talentueux (se) – toucher – transfigurer – témoin – totem – table – turbulence(s) – transfert – terre – tomate - tonneau ET terminer.

vendredi 6 juillet 2012

Les vases communicants (10), Journaux sur vie par euonimus Blue



Dans le cadre des vases communicants du mois de juillet 2012

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...


ci-dessous le texte qu’a bien voulu me confier Euonimus Blue
.
Vous pouvez aller la lire ici.

À partir de la photo de son profil

Journaux sur vie


Journaux sur vie… Déchire !
Les petits morceaux éclatent à travers la pièce, dansent, s’éparpillent, s’écrasent. Attraction terrestre…
Elle regarde ce drame, cette œuvre… un peu hébétée d’en être l’auteur. Cela nous fera-t-il du bien ?
Elle ne se sent pas mieux.
Rimmel qui traîne sous les yeux…

Journaux sur vie… Déchire !
« Pour échapper à la moulinette », « tout prix pour plaire au peuple » « offensive bande de gaza » « les zones arctiques », « un pôle cerné ». « présid… » Silence !
Mots superposent.                     Evènements.
Lettres qui braillent.                      Participe !
Il faut !                                              Vite.

« Présidentielles », « covoiturage ». Vite, il faut !
Il faut X, il faut Y. Variables multiples. Citoyenneté ! Vite ! Brouhaha inaudible, mots qui s’enchevêtrent... Silence !
Délais.
Angoisse.
Rimmel qui traîne sous les yeux.

L’intérieur d’elle baille, se lasse, si lasse...
Les journaux sur le sol se superposent.
Tourbillon interne. Elle regarde les miettes de sa vie, coincées, entre les lignes…
Les miettes de sa vie…
Enveloppée d’un drap vert-pomme.

Elle vit à l’intérieur du rythme. Elle dort, elle fait, elle pleure, elle s’offre et… Et elle se recroqueville...
Et ce foutu rimmel qui traîne sous ses yeux…

En supporter le poids est lutte… L’échine courbée. Le poids du temps. Le poids de ce qui le remplit, surtout… Des « il faut ». Du rythme effréné. Des ombres des autres et des figurines sociales… De la solitude, aussi… 

- Une pression, s’il vous plait !
Je m’allume une clope.
Cela nous fera-il du bien ?
Elle ne se sent pas mieux…


Grand merci à elle.



Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants, que chacun puisse relayer les autres... »