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samedi 5 décembre 2015

Les vases communicants (49) : Clotilde Daubert

Dans le cadre des vases communicants de décembre 2015

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois de décembre 2015 est ici.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Clotilde Daubert dont les mots sont habituellement ici.

Nous avons échangé, je lui ai proposé une recette.
La recette des « roulades des deux courgettes au saumon fumé », trouvée dans un livre qui traînait sur mon bureau.
Et si nous gardions juste le premier mot de chaque ligne de la recette

Et cela a donné…
Découvrez son texte…

Épluchez vos silences
Lavez les mots à la croisée des danses
Coupez les sons
Prenez vos voix nues, écoutez-les se taire
Déposez vos tristesses au fond d'un puits
Ajoutez les fanes de la vie
Déposez vos voix dans ces mélancolies
Faites silence
Recouvrez de vos oreilles
Maintenez les résonances
Écoutez l'éveil


 et maintenant écoutez


Grand merci à Clotilde

Si vous voulez lire mes mots, c’est ici.


Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants

Merci à Marie-Noëlle Bertrand d’avoir repris le flambeau.

jeudi 5 novembre 2015

Les Vases Communicants (48) : Lamber Savigneux

Dans le cadre des vases communicants de novembre 2015

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois de novembre 2015 est ici.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Lamber Savigneux dont les mots sont habituellement ici.

Nous avons échangé, je lui ai proposé une phrase.
Découvrez son texte…


Aborder sur la page d'un livre qui n'a pas vos habitudes d'écriture s'apparente à la traduction. Il faut respirer un grand coup avant de se demander ce qui a changé. C'est comme accoudé au rebord d'un ferry pour ne pas tomber à l'eau. Le quai est juste ce rebours de brouillard qui enveloppe l'étranger. Il maintient à distance comme une carapace douce, comme une excroissance de l'ineffable.


Je me souviens, je ne voyais plus son visage, il y avait les joues, les lèvres et les arcades sourcilières mais on ne voyait plus au travers, toute tentative de pénétrer était renvoyé par la peau qui avait cette capacité de rétracter, de noyer le regard sous une soudaine vapeur cutanée. J'aurai été incapable de me rappeler son visage sans doute sa mèche balayait toute intrusion. 
On est venu jusque-là sur une idée et peu de bagage, c'est l'essentiel dans l'entreprise, un désir de rencontre presque désespéré, quand pour l'instant du bateau il y a peu, non que la vapeur, ni la peau ni le brouillard ne trouble, ce qui trouble plus que tout c'est d'être là, en cet endroit ininvité, comme décollé d'une rétine et collé sur un lieu sans rien colmater comme s'il y avait un trou alors qu'il n'y a pas de trou et qu'une feuille tombe.
Nous nous étions échangés des mots sans couleur écrits pour ainsi dire sur la paume, il y avait écrit :"Une poule qui glousse est la meilleure maman du monde" ou "Faites attention à ne pas marcher sur les glands tombés à terre en automne" Ces mots je les regarde sur un bout de papier froissé et usé par la traversée, j'ouvre la boite et je les vois rassemblés sans histoire ni épisodes ou anecdotes, des prises des croquis trainent, mais l'histoire, il n’y a pas d’histoire.
Pourtant je suis quand même parti. Sur la pointe des mots sur les lèvres j’apprends à prononcer, il n’y a pas de glands entre les lignes et l’automne n’est déjà plus de mise

  
Kodoshin, chute d'eau

Est-ce l'illusion que l'autre est semblable à soi, qu’il n’y a qu’à tendre des équivalences entre nous comme des droites à l’aide du compas, la vérité c'est que l'autre est situé sur un plan décalé de la géographie, à distance d'un regard ou d'une brassée, parallèle sans que rien de nos corps rapproche comme un bateau rapprochant du quai et que sa lourdeur va faire éperonner ce lieu curieux. 
Alors dans cet entredeux où tout est indistinct, et moi qui suis en attente, il y a comme à recréer un langage, tous les marins et les marchands s'y sont essayés, dans les cales les caisses contiennent toutes sortes de départs que du lointain on a comme jeté vers ces côtes et que l'on accompagne. Accoster. Tout s'écoule et le vertige est sur le bord.

Grand merci à Lamber

Si vous voulez lire mes mots, c’est ici.


Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants

Merci à Marie-Noëlle Bertrand d’avoir repris le flambeau.

jeudi 1 octobre 2015

Les vases communicants (47) : François Bonneau

Dans le cadre des vases communicants d’octobre 2015

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois d’octobre 2015 est ici.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir François Bonneau dont les mots sont habituellement ici.

Place aux mots de François ... après ceux de mars 2014, que vous pourrez relire ici.



Vous n’êtes pas légume. (Vase communicant, octobre 2015)


Photo de Danielle MASSON


Vous n’êtes pas légume, vous êtes matière grise, oui, vous, là, juste assise, comme moi. Aubergine : je te sens empourprée. Une gêne ? L’autre jour, le chou rouge m’a fait le même coup, du sanguin acéré sur un aplat tout blanc, je n’ai pas défailli. Et pourtant, pauvre chou, je le sentais fragile, et jusque dans ses failles, l’écarlate parlait pour en dire un peu trop, sur des reflets violets, impudents comme on aime. Aubergine : je te sens plus discrète, et plus moqueuse aussi. Plus secrète, évidente, et tes contradictions me salivent de partout. Tu ne m’as pas tout dit. Qu’en est-il du reste ? Aubergine : bien sûr, tu rappelles une quelqu’une, pleine de matière grise, en dedans, tu t’en doutes, et qui préfère montrer de l’hémoglobine vive sur de la neige à vif, elle aussi. Alors ? Tu restes coite. Allons, parle. Je ne vais pas te manger.

François Bonneau, Vendredi 2 octobre 2015

Grand merci à François

Si vous voulez lire mes mots, c’est ici.


Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

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dimanche 6 septembre 2015

les vases communicants (46) : Wana Toctouillou - 2

Bonjour,

Vous avez lu le texte du vase de ce mois.

Avez-vous trouvé la contrainte que s'est imposée l'auteur.

Oui... Non....

La solution est ici


Bonne lecture.

vendredi 4 septembre 2015

Les vases communicants (46) : Wana Toctouillou

Dans le cadre des vases communicants de septembre 2015

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois de septembre 2015 est ici.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Wana Toctouillou dont les mots sont habituellement ici.

Place aux mots mis en images de Wana ... après ceux de mai 2013, que vous pouvez relire ici et ceux de novembre 2014, ici.

Ce mois-ci, place aux premiers mots de Jean Giono, dans « Que ma joie demeure », un incipit qui m’est venu à l’esprit suite à une journée d’écriture, animée par Sophie Vallon, à Lourmarin.





Et si vous découvriez la contrainte à laquelle l'auteur s'est obligé pour écrire suite à l'incipit proposé.
La réponse demain, même heure, même endroit
Grand merci à Wana

Si vous voulez lire mes mots, c’est ici.


Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


samedi 1 août 2015

Lundi, c'est déclencheurs, édition 2015 - 03 - un enjeu

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (3) : un enjeu



Sur une idée de Lionel Davoust,
Cette semaine, nous allons introduire de la tension narrative avec un enjeu.




Je suis toujours là, je suis Madeg.
Je suis toujours en vie, je revis et je ne veux pas quitter la vie.
J’ai tant de fois frôlé la mort que je me refuse à croire qu’elle rôde trop près de moi. Rien ne peut plus m’atteindre, ni la blessure grave, ni le déshonneur.
Je ne veux plus rien abandonner. J’ai laissé tant de moi à chaque fois que je devais tirer. Mais c’était moi ou lui ou eux. D’accord, j’étais payé pour mais pas toujours. Je n’ai jamais été un mercenaire. Je me suis toujours préoccupé des autres. Toujours pris soin de ne pas atteindre un tiers. Pas de dommages collatéraux. Mais à la guerre comme à la guerre.
J’ai tant de fois vu la mort en face. Elle n’était pas la grande faucheuse. C’était elle ou moi. C’était plus souvent lui ou moi. Mais combien de vies n’ai-je pas sauvé en donnant la mort à un seul. Je me souviens de la première fois. C’était mon examen de passage, mon entrée dans la grande famille des snipers. Je devais me faire accepter, je devais gagner ma place. Je voulais être le Don Quichotte de ces gens que la guerre chassait de chez eux. Je voulais qu’ils reviennent sur leurs terres. Je voulais que les enfants n’aient plus peur. Je voulais revoir leurs sourires. Un ballon rouge dans le ciel, un rire d’enfant. Ne plus entendre les tirs.

Je suis encore vivant, je suis Madeg.
Je ne parlerais plus jamais de ma vie d'avant, plus d’informations sur mon ancienne vie.

Je veux gagner le pari avec moi-même : redevenir le Madeg qui aimait tant la nature.
Je veux redevenir celui que j’étais avant d’avoir vécu toutes ces horreurs.
Même sans moi, elles auraient eu lieu. Je voulais les empêcher à ma manière.
Ils ne m’ont pas eu. , j’ai sauvé ma peau mais mes nuits ne seront plus jamais les mêmes. Toujours les mêmes cauchemars, toujours ces cris qui percent ma nuit.

Je veux gagner mon pari de redevenir le Madeg d’avant.
Redevenir celui qui ne sursaute plus quand une porte claque.
E=tenter d’accrocher à nouveau un sourire à mes lèvres en voyant l’enfant qui rit en courant après le pigeon, qui crie que cela va trop vite dans la pente quand son vélo bleu l’emporte vers la vie. Je ne veux plus que l’image de l’enfant blotti dans les décombres surgisse à chaque instant. Je en veux plus entendre le cri d’horreur de l’enfant quand il découvre sa mère… non je ne veux plus.

Je veux défier la mort pour redonner la place à la vie.

Je suis Madeg, celui qui est bon et qui n’aura plus jamais peur.
Je veux enfin pouvoir rire ou au moins sourire à la vie.



dimanche 26 juillet 2015

Lundi, c'est déclencheurs, édition 2015 - 02 - Un lieu et un genre


Sur une idée de Lionel Davoust,
TECHNIQUE D'ÉCRITURE

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 

Un lieu et un genre





C’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix.
Cette semaine, nous allons prendre le protagoniste apprivoisé la semaine dernière et nous allons le mettre en situation.



Un petit rappel, je suis Madeg.

Je suis breton et le revendique.
Dans une de mes nombreuses vies, j’ai été sniper et cible à la fois.

Je m’en suis réchappé et essaie maintenant de mener une vie un peu plus calme.

Visiter la nef d’une cathédrale ou la cour d’une forteresse, pas trop ma tasse de thé. Je n’ai rien du touriste qui va de monument en monument à la recherche de son passé.

Le pont d’envol de la Jeanne, que de souvenirs, que de frayeurs aussi.
Là-bas, j’ai fréquenté quelque fois la salle à manger du Capitaine.
C’était avant que je ne devienne ce mercenaire de la mort.
Lors des escales, jamais je n’allais me prélasser sur la plage.
Je préférai rester dans ma cabine et lire, écrire, rêver.
J’étais l’observateur du théâtre de la vie.

Que de souvenirs joyeux de mon enfance dans le living-room ou plutôt comme on le disait, à cette époque, dans la grande salle à manger de la maison de mes grands-parents maternels. La salle à manger, la cuisine, le tout en un avec la cuisinière à charbon au coin de laquelle cuisait toujours un grand faitout de soupe aux légumes ou dans le four cuisait une délicieuse tarte aux pommes ou aux abricots, suivant la saison.

J’ai fréquenté plus de salles de tir pour m’entraîner à sauver ma peau que de salles de bal et de taverne qui n’ont pas mes faveurs ou l’école, sauf la cour où je jouais au petit chef.

Depuis que j’ai réchappé à la mort et ai décidé de ne plus la donner, assidûment je fréquente le seul endroit où je peux me dépasser et où mon seul ennemi est le chronomètre.

Quand je pousse la porte de la box d’Anthony et que je pénètre dans ce lieu si semblable à ceux que je pourrais retrouver aux quatre coins du monde, je deviens un autre, je côtoie des aussi fêlés que moi.
La première fois que je suis venu, d’un seul coup d’œil, j’ai vu que tout y était : les tapis de gymnastique, les barres pour les tractions, les cordes à sauter, les haltères, les bancs de musculation, les rameurs. Tout y est, pareillement que dans les autres salles que j’ai fréquentées.

Je pousse, je tire, je lance, je soulève. D’après leur publicité, j’ai dix bonnes raisons d’y venir chaque jour ou même parfois deux fois par jour quand je n’y reste pas la journée entière.

Faire plusieurs fois le même mouvement dans un temps minimal, temps que je m’emploie à réduire au fil des séances. Me battre contre moi-même en plus de ce nouvel ennemi juré, le chronomètre, que demandez de plus à la vie pour oublier l’avant.

Je ne suis plus seul contre les autres. Tout le monde est logé à la même enseigne.
Je m’échauffe avec le groupe qui n’est plus ce commando de mon ancienne vie ; tout d’un coup, ce n'est plus chacun pour soi mais tous tournés vers le même but, le dépassement de soi. Tout le monde est là pour se dépasser dans un esprit de compétition bon enfant

La ponctualité est de rigueur ; sinon des burpees - exercice qui consiste à faire une pompe et enchaîner avec un saut - sont infligés par tournée de dix à chaque minute de retard. J’arrive bien en avance mais j’accompagne les retardataires dans leurs efforts, la solidarité comme avant.

Il y a eu la rencontre avec Tabata. Ne croyez pas que c’est une belle blonde ou rousse. Non, c’est une pratique dans cette salle. Le principe: 20 secondes d'un exercice donné, dix secondes de repos, le tout pendant quatre minutes et le tout répété pendant une demi-heure. Au début, aïe aïe mais maintenant, une véritable addiction.

Je suis devenu un fanatique du WOD (Workout of the Day – entraînement du jour). Je le découvrais à chacun de mes passages avec plaisir et envie de me dépasser dans cette salle de CrossFit®.

Je m’éclate avec ce mélange d'athlétisme, d'haltérophilie et de gymnastique.

Je suis devenu un autre, je suis le nouveau Madeg, toujours aussi breton et aimant de plus en plus la vie et dépasser mes propres limites.



mercredi 15 juillet 2015

Lundi, c'est déclencheurs, édition 2015 - 01 - Un protagoniste



Sur une idée de Lionel Davoust,

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 

01 - Un protagoniste

 

C’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix.


Je suis Madeg.
Il me reste juste vingt minutes pour vous parler de moi. De mes multiples vies.
Ma vie, mieux qu’un roman, une épopée.
Être breton, avoir un prénom qui veut dire « bon », ça campe le bonhomme, vous ne croyez pas.
Le compte à rebours a démarré. Plus que vingt minutes à vivre ou vingt minutes avant de mourir.
Mais par où commencer.

Par le Héros flamboyant que j’aurais aimé être : sauver la veuve et l’orphelin, me prendre pour Batman ou Superman. Oui, je l’ai été mais juste dans la cour de récréation en maternelle quand j’ai sauvé Margaux auquel l’affreux jojo de Jocelyn tirait sans arrêt sur les boucles dorées. Elle était belle Margaux mais elle ne me regardait même pas.

Par l’assassin professionnel que j’étais devenu des armées de fourmis qui osaient coloniser et élever des pucerons sur les rosiers de Mémé Berthe. Armé de ma bombe, de mon arrosoir, rien ne me résistait. Mon surnom du moment, l’Exterminateur. Mais cela n’a duré que les étés entre mes dix et seize ans quand je passais les vacances chez mes grands-parents.

Le temps presse. Plus que seize minutes pour vous conter ma vie. Mes mains sont moites, ce n’est pourtant pas le moment. Je dois garder la tête froide, malgré les gouttes de sueur qui commencent à perler à mon front.

J’ai été aussi Madeg, l’adolescent hanté par le remords. J’avais tout juste dix-sept ans et je n’ai rien pu empêcher. Mais je n’arrive toujours pas à en parler. Pourtant, il faudrait. Il faut que je soulage ma conscience. Mais non, ce serait trop long à raconter. Le temps presse. Il va falloir que je me concentre, que j’aille prendre ma position, que j’exécute les ordres.

J’ai rêvé aussi un jour d’être en haut de l’affiche, le débutant rêvant de gloire grâce aux histoires que j’envoyais dans les nombreux concours pour écrivaillon. Deux ou trois fois, j’ai été récompensé mais jamais un tirage à des milliers d’exemplaires. Je me suis rêvé grand reporter de guerre, digne successeur de Joseph Kessel ou Jean Lacouture. Je n’ai même pas fait le salon littéraire de mon village. Mes histoires ne les passionnaient pas. Pourtant s’ils avaient su qui j’étais. Tout ce que je racontais, je l’avais vécu. Rien n’était inventé. Mais ils l’ignoraient.

Madeg, le ténébreux et sans conscience, cela a été longtemps mon surnom dans les rangs de la légion où j’avais fini par m’engager. Il fallait que je disparaisse, que je me fasse oublier de ceux qui étaient dévorés par la vengeance. Encore trop long à vous raconter. Plus que cinq minutes avant que je sois en position. Je me concentre, mes mains ne doivent pas trembler.

Je me remets dans la peau de celui que je suis depuis longtemps, trop longtemps, le soldat professionnel que je suis devenu. Mais de sniper, je suis devenu la cible d'un autre. Ma tête est mise à prix. Les minutes sont comptées

Plus que deux minutes avant mon dernier tir.
Ce sera lui ou moi.

Ce sera moi car il me reste tant à vous raconter.




dimanche 5 juillet 2015

100 graines d'idées #15

Sur une idée lancée le mardi 16 juin 2015 ici
ma participation à
« 100 graines d’idées »

DIMANCHE 5 JUILLET 2015 - 100 graines d'idées #15


Question du jour :

D'où viennent les nuages ?

Étude, Eugène Boudin.


Désolé, ce jour, le ciel est tout gris.

Où êtes-vous nuages ?
Un voile uni plombe le ciel.

Vous, le grand ciseleur des nuages
Impossible de vous voir à l’œuvre.
Est-ce que vous vous êtes endormi ?
N’avez-vous pas oublié d’affûter votre immense paire de ciseaux ?
N’avez-vous pas égaré votre pointe magique ?
Étonnez-moi de nouveau !
Né de votre imagination,
Tout un monde merveilleux peuple le ciel.

Les nuages aux formes improbables
Établissent leur quartier dans l’immensité,
S’épanouissent,

Nous régalent de leur beauté.
Uniques en leur genre,
À cœur joie, ils naviguent
Gesticulent
Embrasent parfois la voûte céleste
S’évanouissent pour mieux renaître …


Entrée en scène de
-        Gustave