mercredi 6 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2004 - Outils du roman : 4, Impossible retour

Toujours en route à la recherche d'un texte, un roman ?

Il faut essayer de suivre les directives. Elles sont ici.




Pourquoi aujourd’hui ?


Pourquoi aujourd’hui ?
Il décide qu’il ne sera pas professeur
Comme ce père qui vient de disparaitre
De l’abandonner

Pourquoi aujourd’hui ?
Il avait jeté son vélo, s’était immobilisé, n’en croyait pas ses yeux.
C’était cette fameuse Facel Vega dont son père était si fier d’être l’heureux propriétaire comme il disait.
Jusqu’à aujourd’hui, il ne l’avait jamais vu appuyer sur le champignon.
Son père avait été toujours très prudent.
Il voulait savourer l’ivresse de posséder cette voiture.
Il lui racontait les bruits du moteur.
Dis Papa, tu ne me raconteras plus d’histoire de voiture, de belles voitures !


Pourquoi aujourd’hui ?
Isabel, sa mère, allait fêter ses 43 ans.
Il lui avait dit, il y a un petit mois : « Je vais emmener Isabel pour un week-end de rêve. Samedi prochain, en route pour le bonheur. »
D’habitude, cela porte malheur de fêter l’anniversaire avant la date : il l’avait emmenée la semaine dernière fouler les planches de Deauville. Lui, leur fils, connaissait la destination finale. Sa mère avait suivi Filip les yeux bandés.
Elle était revenue avec un sourire qui en disait long sur leur temps passé ensemble.
Tout d’un coup, il pensa qu’il ne reverrait jamais cette lumière au fond de ses yeux. Seul, son père Filip pouvait la rendre si heureuse.
Dis Papa, ses yeux ne souriront plus ! Tu n’avais pas le droit !


Pourquoi aujourd’hui ?
Sur cette Route Nationale 5…
Et ses trois roses rouges qui devaient être symbole de joie, sont devenues hommage à ce père qui venait de l'abandonner.
Il venait d’avoir juste 15 ans. « Papa, tu ne devais pas. Tu n’avais que 45 ans ».
Son oncle l'avait fait asseoir, ses jambes tremblaient tellement.
Il ne voyait que du coin de l’œil l’avant fracassé de la voiture contre ce platane, ce maudit platane.
Dis Papa, toi qui aimes tant les arbres, pardon Papa, toi qui les aimais tant !


Pourquoi aujourd’hui ?
Goran promenait son regard sur la scène. Ses larmes coulaient sans qu’il semble s’en rendre compte. Il y a moins d’un quart d’heure, il pédalait avec dans les oreilles « Riders on the storm », dans les yeux la beauté de cette route, de ces platanes majestueux.
Il pensa soudain : pourquoi le platane a-t-il traversé la route ? Pourquoi s’est-il jeté sur la voiture de Papa ? Pourquoi, j’étais là, si heureux de vivre, de rentrer à la maison.
Je ne pourrais plus jamais lui souhaiter son anniversaire à Isabel, la maman qui ne sait pas encore que sa moitié, son double, sa raison de vivre nous a quittés.
Dis Papa, j’ai trop mal. Comment vais-je le dire à Maman ?


Pourquoi aujourd’hui ?
Goran ne sait pas encore qu’il reviendra dans quinze ans, trois roses rouges sur le siège de sa voiture trop voyante, qui ne lui ressemblait pas, pour  faire la paix avec son père qui venait de se retirer de leur vie.
Il ne s’entendait pas hurler, il avait plaqué ses mains sur ses oreilles.
Il fermait ses yeux, voulant chasser cette dernière image.
La voiture heurtait de plein fouet cet arbre qui garderait à jamais la cicatrice du choc.
Dis Papa, pourquoi tu n’as pas cru que nous aurions pu t’aider. Je t’aime Papa.



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