vendredi 7 mars 2014

Les vases communicants - mars 2014 (29) : Cécile Portier & François Bonneau

Dans le cadre des vases communicants de mars2014, mon 29ème échange de mots

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
Exceptionnellement, chez les autres…………

L’aventure du 1er vendredi du mois de mars 2014 est racontée ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir un duo.
Cécile Portier dont les mots sont ici et là aussi
François Bonneau dont vous pourrez découvrir les textes ici ou


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.

Mais place aux mots du duo.

Honneur à Cécile Portier :

«Tu vois moi je faisais de la moto. En compétition. J’adorais ça la moto, j’allais à fond. Je me penchais sur la bête, je foutais les gaz, ça partait tout de suite, j’adorais, j’allais vite. Je sentais le moteur sous moi, la machine, c’était puissant.
Et puis un jour j’ai commencé le cheval. En autodidacte.
J’ai commencé le cheval, eh bien c’est pas du tout pareil.
Il y avait cette vieille jument, elle avait jamais rien fait que ce qu’elle voulait, un jour je l’ai emmenée se promener à la longe, j’étais même pas dessus, mais il fallait quand même qu’elle obéisse à mon chemin, ça l’a rendu folle. Elle s’est jetée dans l’étang, pour échapper. Heureusement elle a su d’un coup de rein se sortir de l’eau, revenir. Sinon je sais pas ce que j’aurais fait.
Et puis il y a eu Pacha. Pacha c’était un canasson, tout le monde disait y a rien à en tirer. Pacha j’ai mis cinq ans à le comprendre, à me faire comprendre. Mais à la fin c’est dingue comment c’était entre nous. Je lui parlais, je lui disais, vas-y Pacha. Et là il donnait tout, il donnait tout son coeur. Il ne s’écoutait plus, il n’écoutait que moi, il se dépassait pour moi. J’étais même obligé de le ralentir, de tirer sur la bride, j’étais obligé de le ramener à lui, sinon il aurait claqué. Du moins on n’aurait pas passé le contrôle médical, il aurait eu le palpitant trop rapide. Il m’a emmené plus loin que je pensais, Pacha.»







Place aux mots de François Bonneau

Sous leurs plaques
François Bonneau pour Danielle Masson – Vases Communicants de mars 2014.

Sous leurs plaques, ça pulse.
J’ai beau passer mon doigt sur leurs peaux, ils m’y invitent, mais je ne sens que le métal, petit rectangle ajusté, vissé dessous, ils me disent je ne sens rien, quoique ça gène un peu ici, là, pendant certains mouvements, bof, tu sais il y a pire, et puis c’est pas à vie.
Pas bioniques, mais peu s’en faudrait. Peut-être qu’un chirurgien, ça peut demander à un assistant une clé de huit aseptisée.
Sous leurs plaques, ça pulse. Sous ces carters incongrus qui ressoudent, qui reprisent la carcasse osseuse, sous ces lamelles métalliques recouvertes par pudeur d’une peau qui rend invisible la médecine mécanique, petit à petit ça soude et ça connecte, ça ajuste et ça joint, en bon moteur vivant.




Illustration : photo F.Bonneau, issue de la série « de tout, un pneu » : http://irregulier.blogspot.fr/search/label/un%20pneu


Grand merci à Cécile et François.


Pour pourrez découvrir mes mots chez eux… ici chez François Bonneau

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants