dimanche 9 décembre 2012

L'atelier du dimanche (14), à question simple...






A question simple, réponse compliquée


BONJOUR!
Je ne sais pas si vous avez déjà écouté l’émission Les p’tits bateaux sur France Inter… ....




Mes élucubrations du dimanche matin:


Mon petit, arrête de me poser tes questions farfelues. Je craque.
Moi qui espérais une journée tranquille. Juste quatre heures pour écrire, commencer mon récit appelé « Croisière » et non, depuis six heures ce matin, tu me soules.

Est-ce que je te demande pourquoi tu as mis le doudou de ta petite sœur dans la cuvette des WC hier après-midi ?
Ah pour voir ! Non pour essayer de répondre à la question que, Fanny, ta copine de violon t’a posée : Est-ce que les poissons boivent ? Mais le doudou de ta sœur est une girafe pas un poisson. Tu es stupide !

Quoi encore ? Ton copain Ryan du foot veut savoir pourquoi la terre n’est pas carrée ?
Parce que, sinon, votre ballon de foot aurait été carré. Comment ma réponse est idiote. Eh bien parce que si elle avait été triangulaire, cela aurait été trop petit pour loger tout le monde qui y vit. Cela ne te convient toujours pas. Va demander à ton père ! Pas possible ! Et pourquoi ? Ah oui, il est parti jouer à Roc sur Gréez au foot. Pourquoi il ne t’a pas emmené ? Parce qu’il faisait trop froid. La bonne excuse !

Enfin cinq minutes de tranquillité. Même pas… à peine trois minutes.

Quoi, Margot elle est malade. Qui est Margot, au fait ? Ta copine de l’école de danse. Ah oui, ton amoureuse. Celle qui a embrassé le meunier ? Qu’est-ce qu’elle a, car, comme tu partages tout avec elle, je tremble. Qu’est ce que tu me demandes ? Si les microbes ont des microbes eux aussi ? Mon petit, je suis une littéraire pas une scientifique. Je n’en sais rien. La prochaine fois, ça ne va pas tarder, je sens cela, tu demanderas au docteur Paul. Je suis sûre que lui saura te dire. Tu peux l’appeler maintenant. On est dimanche, le docteur se repose. Et toi, tu m’épuises !

Ce gamin, et pourquoi ? Et comment ? Et si ? Et là ? Et…

Stop ! Je veux la paix maintenant.
Et d’ailleurs, va te laver les dents ! Comment cela ! Pas avant de savoir si on se lavait les dents sous Louis XIV ?
File ! Disparais de ma vue sinon cela va être la guerre froide entre nous !
Bien le fils de son père ! 




jeudi 6 décembre 2012

Les vases communicants (16), Jean-Yves Fick


Dans le cadre des vases communicants de décembre 2012

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois de décembre 2012 est ici ou ici.

J’ai eu le plaisir d’échanger des mots avec Jean-Yves Fick autour d’expressions que nous connaissons tous.
Ayez le plaisir à les découvrir ou redécouvrir.
Ce fut un mois d’écriture différente et très enrichissante.

Prenez le temps de le découvrir sur Gammalphabets et aussi en vous promenant sur Publie.net.
N’oubliez pas aussi d’aller lire la revue DIci Là.

Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.

Mais place aux mots de Jean-Yves Fick.



prologos

je de n'entrer pas au port ni
epave ni plus forme humaine à quoi
tenir ou
etre ce
rescapé de quelle

lame de fond
étrange et indicible
pauvre désormais parmi ceux sans
orée - je cette trouée 
noire au  puits rythmique de la phrase - qu'est cette
grâce dérisoire de pouvoir dire
encore comme un chant


i.

fassent les ombres place aux
îles de lumière que l'on voit
la nuit aller sur les flots
et les gouffres  d'entre chaque vague
roulent irrémédiables comme

dire ne peut seulement
oublier quelle forme de l'autre surgit
ubac absolu - parmi les mots cette énigme
xénie ou mauvais sort?

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ii.

l' autre du songe a beau jeu de feindre une
aube sans sommeil où la rosée brille
l'ombre se défait pour un temps
puis viendra son retour tragique aux
heures - celles -mêmes qui font
accroire qu'un sens  peut être ce feu

exalté de nuit auprès de quoi abriter
toute trace de vie  - comme laisses de mer

libres d'avoir été rebattues par les flots
-- on ne discerne plus à la fin d'où la rive
même finit de s'enfuir et l'horizon même
entre au vertige de qui cherche là clarté ou
grâce que chaque ligne juste soit
alpha soit omega sans autre fin jamais. 

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iii.

le jour alors qu'est -il du lieu surgi
en rocaille d'entre les flots mêlés

peut-être rien qu'un autre mirage
où la forme plus tangible mais quelle
traverse les voiles de l'aube

à la halte promise parmi le tourbillon
un choeur désordonné semble battre les eaux

notos sans plus aucune mesure le vent
ourle et hurle l'écume
il n'a plus sens ni direction sinon
rage aveuglante - l'évidence de perdre.

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iv.

l'autre eau de l'aube apaise toute
angoisse même au coeur de qui s'est à jamais

perdu -  au lointain des terres connues brûle un
acier effervescent -  le creuset des
iles  en surrection -
le ponant allonge les ombres
les heures sans trêve circulent
et mêlent leurs ombres aux flots

entend-on le jusant
terrifier l'équipage

la vague du vaste reprend
à chacune des rives les

plus durs des bois flottés
oublieuse toujours d'être sa propre
urne défaite elle va
tourbillonne et tempête
rage vaine jusqu'à enfin trouver
équinoxe plus calme l'équilibre.

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v

viennent les soirs -- comme de longues îles
il semble qu'un peu de ciel gèle haut
et tremble sous la brume
une heure laissée aux
xanthies creuse quel immobile songe

ce n'est encore le chant des
ombres ni des oiseaux
mais cela qui retourne au simple
mais le souffle qui s'apaise reprend
et acquiesce à cela qui le dépasse

Mer tout autant le silence bruissant
aux renverses les plus sereines -- la plus haute
terreur ne se condense plus sous l'aile des
harpies --  mais bien là dans le creux
urgent où tout pourrait sombrer
sans plus laisser rien pas même une épave
à la surface des mondes indifférents --
l'eau brille sous les astres
et l'incandescence des soirs
marche à l'immense Nuit des âges.

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vi

nous à jamais les éphémères
ombres -- mais de quelle nuit
ultime et toujours mouvante -- l'errance
seule oriente parmi l'immense

nef le fleuve Océan
à la rive duquel nul ne
va  sans que sa voix ne s'éraille
ou même ne se perde toute
niée  - et ce n'est que d'elle que le
silence des espaces se peut traverser--

peut-être ne sommes nous  rien
autre que le songe d'un chant
sans matière ni écho la

grève s'éloigne de nous perdus au rebord
au plus noir des espaces que
rien ne saurait atteindre sinon les
dérives les plus imprévues de ces
écumes qui bordent les gouffres

les eaux s'apaisent mais demeure de leur
étrangeté fatale la source et ce que
sillonnent sans fin nos esquifs

comme fétus de langage - les voiles
ourlent et vibrent sous le vent nocturne
claquent et retrouvent l'aval dans un 
halo quelle la brume et quelle l'ombre
ouverte -- des phosphorescences
niellent le jour d'une autre clarté
sans que la nuit pour autant n'arrime les heures

en suspens aux sphères d'un plus terrestre
nom qui serait leur talisman
seules demeurent de nous les
épaves brisées sur la grève
mais nous désormais seuls mais nous
brisés et désorientés
livrés à cela qui de nous déferle
en longues laisses nous abordons l'invisible.

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vii.

partance de nous sans
appel la rive fuit vers l'horizon
ténu où la brume se tend
indicible limite dont
nul de nous n'est revenu sauf

-

chanter l'ici alors même qu'il se dérobe
oublieux de nous et de toutes nos chimères
-- un marin revint  jadis seul pour ce
faire mais à quel songe
fallut-il qu'il sombre et se perde
il ne saurait trouver ni silence ni lieu
ni jamais autre fin.

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épilogue:

nul qui ne se dérobe
à cela où brise la voix 
grâce ou toucher mortel de la Furie
et qui -- pour le dire --- d'être cela d'un autre
revenant de tous les confins

et qui pour juger cela de l'âme perdue
nue éperdue toute
toute comme un avant des proues
rouges et courbes
enfin lancée hors des limites

de ce que le parler
effraye et éploie comme 
une égide- la terreur pleine du 
xylite qu'approche la flamme

et c'en est fait de nous de nous laissés
aux fers rouges nous comme lui
un étranger absolu d'avoir atteint les
xirs par quoi se défont toutes formes humaines - lui le lieu de notre plus terrifiant exil.



Grand merci à Jean-Yves Fick.

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants