jeudi 30 juin 2011

Ecrire comme on respire (3), Camille, chapitre 3

Plaisir d'écrire (jeux d'écriture)


Épisodes précédents :
Chapitre 1
Chapitre 2


Chapitre 3
Photo ratée

Jeudi 30 juin 2011,
Camille vient juste d’arriver au Resty chez Nestor et Natacha, ses grands-parents paternels.
Il y passe ses vacances, toutes ses vacances comme tous les ans depuis que ses parents sont partis s’installer en Espagne. Il vient réviser son français, respirer la France et se faire gâter. Ses parents partent en amoureux, comme il dit et viendront le rejoindre pour passer les quinze derniers jours d‘août avec lui dans la maison de famille.
Camille aime feuilleter les vieux albums photo, qu’il a dénichés dans le grenier de la grande demeure lors d’une de ses escapades des dernières vacances. Il a caché ses trouvailles dans l’armoire à glace de sa chambre, cette chambre aménagée spécialement pour lui dans une partie du grenier.
Cette fois, son regard s’arrête sur cette photo d’empreintes. Maintenant, il sait lire. Il vient d’achever son cours préparatoire au lycée français de Valence et décide que ce n’est plus la peine que Papy Nestor lui lise le texte qui a été écrit en dessous. Il a reconnu l’écriture de sa grand-mère Natacha.

« Jeudi 29 février 1968,

Nestor et moi, notre première promenade dans la presqu’île.

J’avais bien fait d’emporter mon appareil photo. J’ai découvert un endroit comme je n’en avais jamais vu.
Et en plus avec l’homme qui j’espère, passera le reste de sa vie avec moi.
Mais chut ! Il ne sait pas que je l’aime et lui ne m’a rien dit de ses sentiments.

Six photos de traces dans le sable de la plage.

Cette première photo n’aurait jamais dû être dans cet album. Elle est ratée.
Mon intention de départ, photographier l’empreinte de mon pied droit à côté de celle du pied gauche de Norbert…
Mais j’ai dû appuyer par mégarde sur le déclencheur et de pieds, aucune trace.

Pourtant j’avais déjà imaginé y noter la légende : « le début d’un pas de deux ».

En lieu et place de cela, un  rectangle de sable gris, caractéristique de l’endroit. J’y ai vu une empreinte de chien, celle d’un oiseau, celle d’un tout petit pied de bébé, le dessin stylisé d’un lapin, d’un chat… Elle m’a plu. Je l’ai gardée et collée dans cet album»



jeudi 16 juin 2011

Ecrire comme on respire (2), Camille, chapitre 2

Plaisir d'écrire (jeux d'écriture)




Épisode précédent :
Chapitre 1


Chapitre 2
Plage avec un pin

Mardi 14 juin 2011,

Un enfant feuillette un album photo.
Ses grands-parents ne sont pas loin, ses parents l’ont laissé avec eux après le week-end de Pentecôte :

-       Dis, Papy Nestor, c’est où ? Je veux que tu m’y emmènes.
-       Va demander à ta grand-mère Natacha.
-       Papy, raconte-moi… je ne sais pas lire… tu me lis Papy, ce qu’il y a d’écrit sous la photo.
-       Natacha, Camille veut que je lui raconte la photo où il y a la plage et le pin. Tu te souviens ?

Et Papy Nestor se mit à lire…


« Jeudi 29 février 1968,

Photo de l’endroit où j’ai emmené en promenade pour la première fois Natacha.

Ma Pâquerette s’était égarée sur la terrasse de la maison de bois où Natacha était la baby-sitter d’un petit chenapan, qui s’était pris d’un véritable amour pour ma chèvre préférée.
Ce jour-là a été le plus beau de ma vie.
Cela se passait dans mon village de montagne où elle passait des vacances studieuses et rémunérées par les parents de Charles, qui du haut de ses 7 ans savait tout et la faisait tourner bourrique.

Pâquerette retournait toujours vers leur chalet, encouragée par Charles qui la gavait de branches de laurier palme.

Je suis tombé sous le charme de cette que j’appelais alors, Pâquerette bis.
Il faut dire que j’étais et suis encore très timide et qu’à part me confondre en excuses je ne savais pas quoi lui dire.
Mais Natacha, c’est Charles qui m’avait dit son prénom et beaucoup d’autres choses aussi, osa plus que moi. Nous avons échangé, en plus des sourires, des mots qui embrasaient mon cœur entre deux visites.

Je voyais la fin des vacances arrivée à grands pas et je ne voulais pas la laisser partir sans me déclarer.
Je n’avais pas beaucoup de vacances à cette période, la saison battant son plein.

Un jour, je pris mon courage à deux mains, plutôt à mille mains et lui proposais de venir à la mer, dans la presqu’île passer une journée. Je lui affirmais que dans moins de quatre heures nous y serions. Nous quittions la montagne pour la mer.

Elle a été enchantée de ma demande et nous avons pris la route…du bonheur. »

Camille n’a pas attendu la fin de la lecture pour s’endormir sur les genoux de son grand-père qui continua de parcourir l’album.
Il pensa que ce jour-là, il avait pris la route en compagnie de Natacha, la route était toujours ensoleillée et Natacha encore plus belle.






dimanche 12 juin 2011

L'atelier du dimanche (5), L'énigme des perroquets, les bottes de sept lieues


L’atelier du dimanche, l’atelier d’écriture de Skriban



Une nouvelle aventure de Kelly-Anne,



-       Pousse-toi ! je raconte en premier !
-       N’importe quoi. Tu as vu la tête que tu as !
-       C’est moi l’aînée et j’étais de sa première vraie escapade avec son amoureux.
-       Mais tu t’es vu. T’es toute éculée… t’es moche… t’es vieille… ta place, à la poubelle… plus dans ce placard
-       Je ne te permets pas… elle tient à moi, elle !
-       Regarde-toi… et d’ailleurs tu es seule… tu es gauche en plus… et ta droite, elle a disparu
-       Non, non… je suis là… mais je suis écrasée par une botte boueuse.
-       Silence, hurle la paire de chausson chat. Vous parlerez chacun à votre tour
-       Ah nous alors, dit la paire de mocassins noirs. Pousse-toi la botte boueuse. Que nous soyons bien serrés l’un contre l’autre.
-       T’as raison, le chausson chat… je laisse la parole aux anciens. Je suis respectueuse, moi la paire de sabots. J’en ai aussi à raconter. Elle nous a emportés une fois aussi.

La paire de mocassins noirs se mit sur son 31, tout en chaussant du 38, alla voir la boîte de cirage, se frotta au chiffon et à la brosse et commença à raconter :

Je me souviens, c’était le 9 septembre 2009.
Je me souviens, nous étions bien cirées. Elle nous avait mis à ses pieds et nous sentions qu’elle était toute guillerette.
Je me souviens que c’était la première fois où ils partaient tous les deux, elle et son amoureux. Il lui avait écrit la veille juste cette phrase « rejoins-moi à 7 heures à l’autoroute ».
Je me souviens que son cœur avait bondi, qu’elle n’avait pas réfléchi, qu’elle avait dit « oui. @ demain ».
Je me souviens qu’elle avait tout réglé vite fait bien fait, avait prévenu le voisin de son absence, lui avait demandé de nourrir ses animaux et avait préparé sa valise.
Je me souviens qu’elle avait pleuré, mais de joie ce jour-là. Elle attendait depuis si longtemps.

-       Dis le mocassin, t’avance dans l’histoire. Tes je me souviens… souviens-toi un peu plus vite. On ne va pas y passer la soirée.
-       T’as raison, dit la botte boueuse, car moi aussi j’en ai à raconter, mais c’était un mois après que j’étais de la partie.
-       Silence ! hurla la paire de chausson chat. À toi Mocassin…

Je me souviens…



PS : texte écrit sur la proposition de Gwenaëlle,
le 12 juin 2011 – seule modification, désormais la propriétaire des différentes paires de chaussures s’appelle Kelly-Anne.

N.B.
L’énigme des perroquets – Quentin Kelly-Anne
Photo crédit ©Ernesto Timor

dimanche 5 juin 2011

L'atelier du dimanche (4), L'énigme des perroquets, derrière la palissade...

 


L’atelier du dimanche, l’atelier d’écriture de Skriban





Une nouvelle aventure de Kelly-Anne,

 

 

Derrière la palissade…

 



Ce matin, il pleut à verse et je devrais avancer plus vite qu’à l’accoutumée pour aller prendre mon bus. Mais bizarrement tout semble au ralenti ce matin.

Et pas seulement moi, tout est au ralenti.

Les gouttes tombent avec lenteur, les nuages avancent tout lentement dans le ciel gris, un chien me croise, il est aussi au ralenti.

Pourquoi cette impression ?

Le temps semble s’être arrêté depuis que j’ai commencé à longer la palissade bleue.
Cette palissade devant laquelle je passe depuis maintenant déjà plus d’un mois.
Je n’avais rien remarqué jusqu'’à aujourd’hui.
Mais là … soudain… d’une façon soudaine, je mets un pied devant l’autre mais au ralenti… Le temps s’est suspendu.

Sans m’en rendre compte,
ma main gauche se plaque sur la palissade, juste à la hauteur de la lettre P,
ma main droite caresse la lettre O.
Sans m’en rendre compte,
mon œil fixe l’interstice entre les planches de la palissade blanche.
Mon corps bascule vers l’avant.
Mes mains se font plus fermes contre la palissade.
Ma tête se tourne légèrement vers la gauche.
Mon œil vise le trou dans la palissade bleue
Et là, je reste pétrifié.

Mon œil s’arrondit et je me demande si je rêve.
Derrière la palissade, une volière immense.

Mais comment depuis tous ces jours, n’ai-je pas entendu leurs chants ?
Ces oiseaux ne peuvent être sans voix. Mais je n’entends rien.
Suis-je devenu sourd ? Sont-ils muets ?

Un monde au ralenti, dans une autre dimension, est sous mes yeux.

Les oiseaux forment une foule bigarrée.
Tous semblent obéir, quelque que soit leur espèces, à un coq magnifique qui trône au milieu du lieu. Il me semble immense. Plus d’un mètre de haut. D’une main de maître, il régente l’immense volière.

Mais je n’entends rien.
Quel est ce monde ? Comment y pénétrer ?


PS : texte écrit sur la proposition de Gwenaëlle,
le 5 juin 2011 – seule modification, désormais « je » s’appelle Kelly-Anne. 

N.B.
L’énigme des perroquets – Quentin Kelly-Anne
Photo crédit ©Ernesto Timor


jeudi 2 juin 2011

Ecrire comme on respire (1), Camille, chapitre 1

Plaisir d'écrire (jeux d'écriture)


Chapitre 1
Pâquerette



Photo et texte retrouvés dans l’album photo de Natacha.

« Pâquerette pose.

Eh vous là ! Oui vous ! Vous arrêtez avec votre appareil photo…
Oui je sais que vous voulez me prendre en photo… ce n’est pas la peine de faire semblant.
Et ne détournez pas la tête quand je vous parle.
Oui, c’est moi Pâquerette qui vous cause !
Oui, moi, la chèvre noire au doux nom de Pâquerette.
Je vous interdis de vous moquer.

Pourquoi ce nom ? Je sens que vous vous posez la question.
Parce que le jour de ma naissance, la première pâquerette avait fleuri devant l’étable et celui qui allait devenir mon maître, Nestor, cela lui a semblé évident. Il avait tout juste une petite vingtaine d’années et avait habitude de compter fleurette aux belles estivantes qui passaient dans le coin. C’était il y a déjà cinq ans.

Vous ne rêvez pas. Je parle.
Je sais aussi que je suis la plus belle du troupeau.
Vous en doutez ?

Arrêtez de me regarder comme cela…
Je vous dérange… je fais peur au jeune enfant caché dans vos jupes !

Il ne craint rien. C’est votre fils ? Vous me paraissez bien jeune pour cela. Votre frère ? Beaucoup d’écart… ah bon ! Vous êtes sa baby-sitter.

Pâquerette ! Pâquerette !
Nestor m’appelle.
Ah ! Je me suis égarée sur votre terrasse. Pardon, je courais après un papillon…

Comment Natacha fit la connaissance de Nestor. »

ՙ© 2011 32 Octobre