dimanche 24 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 8, juste avant que

Changement de guide.
John Gardner...
C'est par .

Les trois roses rouges...



Du plus loin qu’il s’en souvînt,
Il y avait toujours au moins une fois par année
Trois roses rouges qui s’imprimaient sur sa rétine.

Aussi loin qu’il s’en souvienne…

Il arrivait même à se rappeler,
Les quelques minutes
Qui précédaient les trois roses rouges.

Juste avant de les regarder,
Juste avant de les acheter,
Juste avant de les cueillir,
Juste avant d’entrer dans son temps des roses rouges[1]
Juste avant de les jeter,
Juste avant de les photographier,
Juste avant de les offrir,
Juste avant de lire Blanche-Rose et Rose-Rouge[2],
Juste avant de les sentir,
Juste avant de déguster de la gelée de roses rouges,

Juste avant,
Juste avant,
Il y avait ce fourmillement dans son bras gauche,
Un fourmillement ou plutôt,
une décharge qui allait
de son coude au bout de ses doigts de la main gauche.
Surtout dans son pouce et son petit doigt.

Oui, c’est cela juste avant les trois roses rouges,
il y avait ce dixième de seconde de souffrance aiguë.

Et cette chanson qu’il écoutait
Quand son cœur battait la chamade,
« J’ai cueilli trois roses rouges
Au jardin de mes amours… »[3]




dimanche 10 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 7, petit point fixe de peau du monde

Et si maintenant nous allions cueillir trois roses rouges.

Et si nous lisions et relisions Malt Olbren, Raymond Bozier ou Julien Gracq.

C'est par ici.




Trois roses rouges…


- Un -

Un bouquet de trois roses rouges sur le siège avant de sa trop voyante voiture de location. Les trois roses rouges ne sont pas pour celle qui l’a mis au monde ; elles sont pour lui, ce père, ce modèle qu’il a tant admiré et qui lui manque tant encore aujourd’hui. Drôle d’anniversaire qu’il vient fêter ce soir. Il n’était pas revenu depuis 15 ans dans le village de son enfance.


- Deux -

Un bouquet de trois roses rouges sur le guidon d’un vélo que mène un jeune homme de 15 ans tout juste ; ce bouquet, pour l’anniversaire de sa mère qu’ils fêteront tous les trois dans la grande maison qu’elle arrange avec tant d’amour et de soin. Dans moins de dix minutes, il sera de retour chez lui après sa semaine à l’internat du lycée de la grande ville toute proche.


- Trois -

Un bouquet de trois roses rouges fanées dans le vase de la case 24 du secteur 2 du columbarium de son village. Toutes ces vies envolées trop tôt. En droit paisible, rempli de tant de tristesse. Aujourd’hui, c’est lui qui va changer les fleurs du vase de marbre noir. La fleuriste du village le fait pour lui, la mère de celle-ci l’avait fait pour lui et ceci depuis 15 ans.


- Quatre -

Un bouquet de trois roses rouges sur le buffet si massif de la salle à manger de sa grand-mère dans la salle commune de la ferme, où il passait ses vacances. Il se rappelle les crises de fous rires avec ses cousins et cousines, les courses poursuites sur les chemins de terre, la cueillette des cerises, des abricots, des prunes. Aussi loin qu’il remonte dans ses souvenirs, il a toujours vu un bouquet de trois roses rouges à cet endroit.


- Cinq -

Un bouquet de trois roses rouges dessinées sur la devanture de l’ancienne boulangerie des parents de Gabrielle. C’étaient des coquelicots qu’il cueillait à sa secrète amoureuse, avant son départ précipité. Elle les mettait à sécher dans son carnet secret. Trois roses rouges, le souvenir de cet amour qui remonte avec force dans son cœur.


- Trois roses rouges… -

Un bouquet de trois roses rouges jalonne les trente années de sa vie. Des anniversaires qui ne seront plus jamais comme avant, des souvenirs d’enfance qui reviennent, l’avenir de son cher fils, Milko, à bâtir.



samedi 9 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 6, ce que personne se saura du personnage

De plus en plus accro à cette idée d'écrire, d'écrire
grâce encore à Claude Simon.

C'est ici


Gabrielle


L’arbre aux branches toujours aussi enchevêtrées cache une partie de la devanture de la crêperie ; il aperçoit le pan d’une grande jupe noire habillée d’un tablier blanc, bordé de dentelle. Il ne manque que la coiffe, pour faire croire qu’un coin de Bretagne s’est installé en Provence.

Que fait-elle là : elle a repris l’ancienne boulangerie de ses parents ; elle représente la quatrième génération ; l’Italie est de plus en plus loin dans ses gènes ; des odeurs de pain au chocolat, de chaussons aux pommes lui reviennent aux narines ; elle a tout transformé et a réalisé son rêve d’enfance, elle la passionnée de la forêt de Brocéliande, du Roi Arthur et de la pointe du Raz : ouvrir une crêperie ; mais dans un coin, il reste toujours un étal réservé aux pains de toutes sortes. Qui les façonne et en régale le village ?

Que cherche-t-elle à prouver : que les rêves d’enfant peuvent se réaliser ; il suffit de le vouloir très fort, de convaincre son banquier, une chance son compagnon également, cela aide ; elle va, vient, redresse un bouquet de fleurs ; elle vérifie l’harmonie des bleus des nappes ; elle rayonne ; il a envie de l’appeler, il a envie de la prendre dans ses bras ; il a envie d’effacer les quinze ans d’absence.et ce sourire, toujours le même. Et toujours le même geste pour relever sa mèche rebelle, toujours la même.

« Les Billig et Rozell de Gabrielle », il faudra qu’il ose pousser la porte de la boutique, que tient maintenant la secrète amoureuse de ses quinze ans, qu’il quitta sans un au-revoir. Il faudra aussi saluer Grand Pierre, le maire réélu de son village de naissance et son compagnon. Sourire, sourire, mais est-ce que cela sera possible ?


mercredi 6 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 5, le dialogue en bocal

Goran Le Mut s'épaissit, prend corps grâce à Claude Simon.
C'est ici.



15 ans après…

Jeudi 1er mai de l’année 2014.

Moi, Goran le Mut vient de garer ma voyante voiture de location au début de la trop longue ligne droite qui avait perdu les platanes qui la bordaient.
J’aurais aimé pouvoir lui crier « Attention, vous allez trop vite » mais je ne savais pas encore que c’était la voiture de mon père qui filait dans un de ces platanes du côté gauche de la route.
J’aurais aimé lui avoir crié qu’il fallait qu’il aille moins vite, que nous l’aimions.

Mais je perds les pédales ; c’est au jeune homme que j’étais il y a tout juste quinze ans que je dois m’adresser. Quoi, il se bouche les oreilles, il ne veut rien savoir. Qu’est-ce que j’entends qu’il se reproche de ne pas lui avoir assez dit de « je t’aime, papa », pas assez dit de « je t’admire, papa ». Pas assez avoir écouté ses recommandations, pas assez avoir souri de ses mauvaises blagues, quand cela faisait cent fois qu’il racontait la même.

C’est ça qu’il me souffle le gamin que j’étais, celui que j’aperçois les jambes coupées assis sur le bas-côté, avec son bouquet de trois roses rouges qu’il est en train de regarder et de répéter sans arrêt, c’était pour les 43 ans de Maman. Papa, tu as oublié que c’était aujourd’hui son anniversaire à ta Juliet. Il n’a pas fait attention, Papa ; c’est que je me suis dit à cet instant-là.

D’ailleurs qu’est-ce que j’en ai fait de mon bouquet. Aujourd’hui, c’est moi qui l’apporte. Depuis quinze ans, c’est le fleuriste du village qui vient déposer les fleurs, toujours les mêmes, dans le vase en granit du columbarium, Secteur Z, case 24, là où reposent les cendres de son père.

T’as l’air bien emprunté aujourd’hui car là va falloir lui dire quelque chose. Je ne vais pas mettre le bouquet à la va-vite, toi le gamin de 15 ans tu m’aideras. C’est toi qui a des choses à te faire pardonner, pas moi.

S’ensuit un dialogue de sourds entre moi aujourd’hui, l’homme que je suis devenu, et celui que j’étais le jour où la vie s’est arrêtée pour lui. 45 ans, beaucoup trop tôt.

Mais, je sais des choses maintenant.
C’est pour cela que je viens te demander pardon, papa ; tu as voulu nous épargner ta déchéance que le crabe aurait provoquée mais je ne le savais pas.

Je me demande s’il n’y avait pas des petites choses qui auraient dues attirer mon attention

Mais le vélo, le lycée  eh ! Le gamin, tu oublies les filles…


Chez François Bon - atelier d'été 2004 - Outils du roman : 4, Impossible retour

Toujours en route à la recherche d'un texte, un roman ?

Il faut essayer de suivre les directives. Elles sont ici.




Pourquoi aujourd’hui ?


Pourquoi aujourd’hui ?
Il décide qu’il ne sera pas professeur
Comme ce père qui vient de disparaitre
De l’abandonner

Pourquoi aujourd’hui ?
Il avait jeté son vélo, s’était immobilisé, n’en croyait pas ses yeux.
C’était cette fameuse Facel Vega dont son père était si fier d’être l’heureux propriétaire comme il disait.
Jusqu’à aujourd’hui, il ne l’avait jamais vu appuyer sur le champignon.
Son père avait été toujours très prudent.
Il voulait savourer l’ivresse de posséder cette voiture.
Il lui racontait les bruits du moteur.
Dis Papa, tu ne me raconteras plus d’histoire de voiture, de belles voitures !


Pourquoi aujourd’hui ?
Isabel, sa mère, allait fêter ses 43 ans.
Il lui avait dit, il y a un petit mois : « Je vais emmener Isabel pour un week-end de rêve. Samedi prochain, en route pour le bonheur. »
D’habitude, cela porte malheur de fêter l’anniversaire avant la date : il l’avait emmenée la semaine dernière fouler les planches de Deauville. Lui, leur fils, connaissait la destination finale. Sa mère avait suivi Filip les yeux bandés.
Elle était revenue avec un sourire qui en disait long sur leur temps passé ensemble.
Tout d’un coup, il pensa qu’il ne reverrait jamais cette lumière au fond de ses yeux. Seul, son père Filip pouvait la rendre si heureuse.
Dis Papa, ses yeux ne souriront plus ! Tu n’avais pas le droit !


Pourquoi aujourd’hui ?
Sur cette Route Nationale 5…
Et ses trois roses rouges qui devaient être symbole de joie, sont devenues hommage à ce père qui venait de l'abandonner.
Il venait d’avoir juste 15 ans. « Papa, tu ne devais pas. Tu n’avais que 45 ans ».
Son oncle l'avait fait asseoir, ses jambes tremblaient tellement.
Il ne voyait que du coin de l’œil l’avant fracassé de la voiture contre ce platane, ce maudit platane.
Dis Papa, toi qui aimes tant les arbres, pardon Papa, toi qui les aimais tant !


Pourquoi aujourd’hui ?
Goran promenait son regard sur la scène. Ses larmes coulaient sans qu’il semble s’en rendre compte. Il y a moins d’un quart d’heure, il pédalait avec dans les oreilles « Riders on the storm », dans les yeux la beauté de cette route, de ces platanes majestueux.
Il pensa soudain : pourquoi le platane a-t-il traversé la route ? Pourquoi s’est-il jeté sur la voiture de Papa ? Pourquoi, j’étais là, si heureux de vivre, de rentrer à la maison.
Je ne pourrais plus jamais lui souhaiter son anniversaire à Isabel, la maman qui ne sait pas encore que sa moitié, son double, sa raison de vivre nous a quittés.
Dis Papa, j’ai trop mal. Comment vais-je le dire à Maman ?


Pourquoi aujourd’hui ?
Goran ne sait pas encore qu’il reviendra dans quinze ans, trois roses rouges sur le siège de sa voiture trop voyante, qui ne lui ressemblait pas, pour  faire la paix avec son père qui venait de se retirer de leur vie.
Il ne s’entendait pas hurler, il avait plaqué ses mains sur ses oreilles.
Il fermait ses yeux, voulant chasser cette dernière image.
La voiture heurtait de plein fouet cet arbre qui garderait à jamais la cicatrice du choc.
Dis Papa, pourquoi tu n’as pas cru que nous aurions pu t’aider. Je t’aime Papa.



mardi 5 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 3, brève folie

Et je présiste et signe, je continue l'atelier de l'été 2014.

Je veux en savoir plus sur Malt Olbren,
C'est ici.


Un platane l’a tuer…

1.      Première couche, avec blancs et trous

Goran Le Mut
Fils de Filip Le Mut
Fils d’Isabel Le Bihan


Un samedi
retour du lycée
Vélo bleu


Un orage couve
Temps s’obscurcit

Une avenue infinie bordée de platanes
Juste avant la pancarte de son village
Village fleuri
3 fleurs


Pédale pédale
Casque audio sur les oreilles
Album des Doors
L.A. Woman
Riders on the storm


Bouquet de 3 roses rouges
Sur le guidon

Une voiture le double

À vive allure

La voiture fait une embardée
S’écrase contre un platane
Qui borde la route

(Le narrateur omniscient, donc absent)



2.      Deuxième couche


Goran Le Mut
Fils de Filip Le Mut
Fils d’Isabel Le Bihan
Filip Le Mut
Père de Goran Le Mut
Époux d’Isabel Le Bihan

Un samedi de janvier 13.50
retour du lycée où il est en pension
Vélo bleu


Un orage couve
Le temps s’obscurcit

Une avenue infinie bordée de platanes
Juste avant la pancarte de son village
Village fleuri
3 fleurs


Pédale pédale sans se douter de rien
Casque audio sur les oreilles
Album des Doors
L.A. Woman
Riders on the storm

pense à la soirée qui arrive
Bouquet de 3 roses rouges
Sur le guidon

Pour l’anniversaire de sa mère
3 roses pour le 3 de ses 43 ans

Une voiture rouge le double

À vive allure

La voiture de son père ?
Il croit la reconnaitre
En un dixième de seconde
La voiture fait une embardée
S’écrase contre un platane à gauche de la route
Qui borde la route

Le premier sur les lieux
Jette son vélo par terre
Court vers la voiture
Ne réalise pas

Toujours la même question : la voiture de son père ?

Le temps paraît infini
Avant qu’une autre voiture s’arrête

Réalité : moins de deux minutes

Réalise : C’est la voiture de son père

Tétanisé
Ne peut s’approcher

Entend seulement : « il est mort ! Plus rien à faire ! »

Un cri effroyable s’élève :
Papa !






3.      troisième couche

Goran Le Mut, 17 ans
Fils de Filip Le Mut
Fils d’Isabel Le Bihan
Filip Le Mut, 47 ans
Père de Goran Le Mut
Époux d’Isabel Le Bihan

Un samedi de janvier 13.50
retour du lycée où il est en pension
Vélo bleu
Possesseur d’une Facel Vega
Conducteur de la dite voiture

Un orage couve – impossible, on est en janvier, pense-t-il
Le temps s’obscurcit

Une avenue infinie bordée de platanes
Juste avant la pancarte de son village
Village fleuri
3 fleurs
Sur la Nationale 5


Pédale pédale sans se douter de rien
Casque audio sur les oreilles
Album des Doors
L.A. Woman
Riders on the storm

pense à la soirée fin de journée qui arrive

à tout ce qu’il va raconter
à ses parents Filip et Isabel le Mut

                                              
Bouquet de 3 roses rouges
Sur le guidon


Pour l’anniversaire de sa mère
3 roses pour le 3 de ses 43 ans


Une voiture rouge le double

À vive allure

La voiture de son père ?
Il croit la reconnaitre

En un dixième de seconde
La voiture fait une embardée
S’écrase contre un platane à gauche de la route
Qui borde la route

Le premier sur les lieux
Il jette son vélo par terre
Court vers la voiture
Ne réalise pas

Toujours la même question : la voiture de son père ?

Le temps paraît infini
Avant qu’une autre voiture s’arrête

Réalité : moins de deux minutes

Réalise : C’est la voiture de son père

Tétanisé
Ne peut s’approcher plus près

Entend seulement : « il est mort ! plus rien à faire ! Il a été tué sur le coup

Un cri effroyable s’élève :
Papa !

La sirène des pompiers déchire le silence.

Le cartable de son père est sur le bas-côté de la route
Goran Le Mut s’en empare.

Quelqu’un lui parle.
Il n’entend pas.
Ses jambes tremblent.
Un pompier le rattrape au moment où il allait tomber.

Ce pompier est son oncle.
Le frère de Filip Le Mut.




4.      quatrième couche

Goran Le Mut, 17 ans
Fils de Filip Le Mut
Fils d’Isabel Le Bihan
Filip Le Mut, 47 ans
Père de Goran Le Mut
Époux d’Isabel Le Bihan

Un samedi de janvier 13.50
retour du lycée où il est en pension
Vélo bleu
Possesseur d’une Facel Vega
Conducteur de la dite voiture
Goran se souvient de la première fois où il est monté dedans, le jour du 45ème anniversaire de son père, le jour de son 15ème anniversaire : ils étaient nés le même jour.

Un orage couve – impossible, on est en janvier, pense-t-il
Le temps s’obscurcit

Une avenue infinie bordée de platanes
Juste avant la pancarte de son village
Village fleuri
3 fleurs
Sur la Nationale 5


Pédale pédale sans se douter de rien
Casque audio sur les oreilles
Album des Doors
L.A. Woman
Riders on the storm

pense à la soirée fin de journée qui arrive

à tout ce qu’il va raconter
à ses parents Filip et Isabel le Mut
Sa satisfaction d’avoir trouvé ce qu’il fera plus tard : dessinateur de Bd. Mais comme cela risque de ne pas le nourrir, lui et sa future famille, il a décidé de devenir professeur, comme ses chers parents, en 2ème métier


Bouquet de 3 roses rouges
Sur le guidon




Pour l’anniversaire de sa mère
3 roses pour le 3 de ses 43 ans


Une voiture rouge le double

À vive allure

La voiture de son père ?
Il croit la reconnaitre

Il n’a pas le temps de réaliser
En un dixième de seconde
La voiture fait une embardée
S’écrase contre un platane à gauche de la route
Qui borde la route

Il est 13.55, sa montre s’est arrêtée
Goran ne portera jamais plus de montre

Le premier sur les lieux
Il jette son vélo par terre
Court vers la voiture
Ne comprend pas

Toujours la même question : la voiture de son père ?

Le temps paraît infini
Avant qu’une autre voiture s’arrête

Réalité : moins de deux minutes

Réalise : C’est la voiture de son père

Tétanisé
Ne peut s’approcher plus près

Entend seulement : « il est mort ! plus rien à faire ! Il a été tué sur le coup.»

Un cri effroyable s’élève :
Papa !

La sirène des pompiers déchire le silence.

Le cartable de son père est sur le bas-côté de la route
Goran Le Mut s’en empare.

Quelqu’un lui parle.
Il n’entend pas.
Ses jambes tremblent.
Un pompier le rattrape au moment où il allait tomber.

Ce pompier est son oncle.
Le frère de Filip Le Mut.

Pourquoi aujourd’hui ?
Il décide qu’il ne sera pas professeur
Comme ce père qui vient de disparaitre
De l’abandonner





dimanche 3 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 2, idées de roman

Suite d ela découverte des consignes d'écriture chez François Bon "Tiers Livre", ici



Paradoxe


Le territoire que se construit Goran Le Mut : les sept marches, en désordre


Un frère ainé adoré, trop tôt disparu, à à peine 32 ans.
Il s’appelait Antoine, avait été un très grand basketteur, aimait trop la moto et la vitesse ou la vitesse et la moto. Il ne supporta pas de ne plus être un athlète de haut niveau.
Anne, Constance, Camille, Marie, Thomas, Ange, Julie, Cécile, Camille, même une Berthe ont traversé sa vie : l’abécédaire de ses amours.
Aujourd’hui, il est revenu à la lettre E, avec Énora.
La mort les a tous frôlés un peu, beaucoup.
ƒ
Un paquet de treize lettres retrouvées, entourées d'un ruban qui a dû être blanc.
Aucune n’a été lue.
Le nom écrit d’une écriture avec pleins et déliés sur l’enveloppe : Goran le Mut, son nom à lui
L’année : 1914.
Un énorme livre des couvertures et unes du journal L’équipe.
À l’intérieur, des quarts de feuilles de papier couverts d’une fine écriture de mouche, difficile à déchiffrer.
Qui a écrit ? pour qui ? pourquoi ?
Des souvenirs de guerre qui remontent à la vie.
Des secrets bien, trop bien gardés.
Des bribes ressortent jour après jour
Goran Le Mut écrit un livre dont il est le héros. Il y croise une femme, qu’il avait perdue de vue depuis ses lointaines années de faculté. Et comme le dit Jean, héros du roman de Guy Lagorce dans « Fin de soirée »
« demandez-moi plutôt ce que la vie a fait de moi. »
Souvenirs d’enfance : réveil de la mémoire, des mémoires.
Serments entre copains d’enfance, tenus, non tenus, oubliés, toujours présents.
Des drôles d’alliances. De magnifiques rencontres.


vendredi 1 août 2014

Les vases communicants - août 2014 (34) : Martine CROS

Dans le cadre des vases communicants d’août 2014, mon 34ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois d’août 2014sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Martine CROS dont les mots sont ici.


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.


Place aux mots de Martine ... et à sa présentation de notre échange

Danielle Masson m'a invitée à participer à ces vases communicants, c'est une première pour moi.
Je l'en remercie, et suis heureuse de poursuivre, de manière très personnelle, le duo qu'elle me propose,
m'ayant alléchée avec ces quelques mots d'elle :



 " Il ne voit rien. Il ne la voit pas. Il suit son idée, son chemin. Il veut se
reposer, s’asseoir, se poser enfin.
Et tout d’un coup, il la voit.
Un éclair zèbre le ciel !
Il ne peut plus avancer.
Elle reste tétanisée aussi.
Les oiseaux se sont tus.
Seul le bruit de la source persiste…."



image by Gordon Hempton


Tant que la nuit m'a-toi, brune d'orange au réverbère d'or,
tu me toiles-luis dans le blanc-neige ; évaporé, transgressé, je
te peins
-tu sais-
telle nouveau pays vierge
où court l'eau le long, à dos-vol de condor

Mais tous les corps implorent souffle en leur sein et sans vie ploient



Le ciel plie en glacis de mille feuilles d'argent ; les bateaux ivres arriment
au lapis-lazuli de tes yeux la crue d'une pensée grave-sensée
A la nef des croisées, je prie, que mon abandon me soit consolé
dans la terre glaise de l'aliénation, dans le corps de ma tanière,
cette exode dans l'agneau de dieu, dans l'invivable des ventres,

cet amour à cri qui strie le revers des divines cruautés



--- Je suis un monstre,
et l'orage a tout apaisé.
Mon oiseau de Feu peut se déployer.
J'ai guerroyé pour ne pas te perdre
quand tu apparus.
En ta chevelure de pensée,
ma douleur s'est tue.



--- Ecoute, je suis La femme, dit le silence au soldat d'acier, bleu comme l'eau le long



--- Mon âme à présent peut s'étendre-en-toi,
mon coeur bleu comme peur à mes flancs l'y joindra
Dans le poème tapi les caresses-nuit iront s'éprendre
des rimes de rose-source et de silence-drap
Ô sonnets composés de nos yeux enlacés,
de galets en galets, faites donc les biches !




Des oiseaux boivent dans l'eau.

Enfin lié
pour les siècles à venir,
le radeau de Silence et de Feu quittera le port
altier de leurs têtes de tamaris ;
tempe à tempe, loin de la tempête,
persistera le chant de l'éclair.

Martine Cros

Grand merci à Martine.


Pour pourrez découvrir mes mots … ici chez Martine

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants