jeudi 4 octobre 2012

Les vases communicants (14), Lirina Bloom - octobre 2012


Dans le cadre des vases communicants d’octobre 2012

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du mois d’octobre 2012 est ici ou ici.

Nous avons beaucoup échangé avec Lirina Bloom.
Nous avons écrit, entrelacé nos messages.
Nous avons été vase ou oiseau.
Nous avons été porteuses de mots au fil des jours.

Nous avons juste un peu dérogé à la règle des vases.
Le même texte sur nos deux blogues mais présenté différemment.

Nous avons construit notre vase entre le 19 septembre et aujourd’hui et vous l’offrons.

avec sa propre mise en page



D'abord, choisir un vase.
En vérité, vouloir vraiment avoir un vase
 en verre.


Le vase serait en cristal de Baccarat. Passer le doigt et écouter son chant. Les notes entendues vous conviennent-elles ? 

Je voudrais un vase vivant et vierge.

Un vase, avide de votre verbe
Vous viendriez visiter les avenues et les venelles vides
Vous y verriez mes vies sans vanité.


Un vase vivant, me dites-vous? Et vierge en plus ! Il devra donc respirer, voir, entendre. Il ne devra pas avoir encore servi. Il devra être gigantesque pour contenir vos nombreux mots.
Je vais revoir en vitesse mes velléités. Savez-vous que je décrivais le vase où vous seriez invitée à transvaser vos vers et vos rêveries ?


N'employer pas de mots savants. Vos velléités? La fin justifie les moyens. Le vase n’est donc pas commun. Chacune le nôtre. Je rêve d’un vase en opaline verte au grand col festonné.




Verte ! Verte me convient évidemment. Verbe savant ou non, dorénavant, je me veux votre dévouée. J'évite les vagabondages et vole vers vous.



Volez donc. Attention, prudence. Ne le cassez pas. J’y tiens énormément. Il a appartenu à une très lointaine ancêtre qui a entretenu une correspondance secrète avec Vagabond, son tendre ami trop lointain.
Voilà qui est ravissant, mais il va être inévitable que les vases évoluent vertement : vendredi, les ouvertures devront être mises à niveau.


Tant que le langage de nos vases communicants restera châtié, les ouvertures trouveront un terrain d’entente. Vert n’est-il pas la couleur de l’espoir ? Donc… mettons-nous d’abord sur la même longueur d’onde…
Vérifions les vases et leurs ouvertures, leur verdeur et notre vouloir, je viens vers vous et vous venez vers mes villages, vers mes hivers


Notre vouloir dites-vous ? J’aimerais beaucoup découvrir vos printemps qui doivent être enchanteurs. Votre village ? Oui où est-il ? Me laisserez-vous conter le mien qui a grandi trop vite en Provence.
Je vis dans des villages virtuels et traverse des hivers où volent les éperviers. Ainsi va la vie. Mais vous me ravirez avec votre Provence.


Villages virtuels ? et vous ? virtuelle aussi ? je ne peux y croire… vous n’êtes pas une machine. Rassurez-moi ! Impossible… Vous connaissez l’épervier mais ce n’est pas pour chasser ?
Si vous voyez voler un vertueux volatile pourvu du vocable v, vendez le moi bien vite et j'éviterai dorénavant le vilain épervier éventreur.



Je vous proposerais de choisir parmi le vautour royal, le verdier, la veuve de paradis, le viréo de Philadelphie ou de Cuba ou de la Jamaïque ou du Yucatan ou des mangroves…
Les volatiles de rêve, volailles sacrées, voyageurs, vont et viennent, se lovent dans les vases puis invitent au dévoilement et au dévergondage. Et merveille! Les voilà qui volent de vase en vase.


De vase en vase, le viréo des mangroves valse. Vacancier va-nu-pieds voulant virevolter et vadrouiller il vague vers un vase vert. Mais victime de vertige il vogue vers le vide et vampirise…
Alors, il bavasse, extravase et envase, transvase et dévaste, vassalise, crevasse et vaseline. Il vasectomise. Puis, il va, invasif et rêvassant, vasouillant et vaseux, évasif écrivassier, qui, vers la vastitude, rêve d'évasion.


Évasion d’un vase vert en vastitude… Il vacille. Veut-il y partir en vacances ce va-nu-pieds violent ?… Vaquera-t-il vantard vaillant, vagabond au vague à l’âme en vieux véhicule ou à vélo ? Va-t-en-guerre végétarien ? 
Cassera-t-il le vase de Soissons ? Conquièrera-t-il la toison ? Passera-t-il un diplôme de communication ? Combattra-t-il les dragons ? Castagnera-t-il les démons ? Installera-t-il un tube en son fond ? Engagera-t-il des conjonctions ? Brodera-t-il des folles coordinations ?


Caftage si du col du vase réponse est donnée à ces questions.
Très cabotin ce viréo et combien coquin.
Cache-col cramoisi en cache-nez, pardon en cache-bec et non en cache-sexe.
Il cafarde
L'oiseau, (là-bas, on l'appelait le viréo des mangroves, ici, on le surnommait le vire vire des mots), avait prélevé quelques lettres ici, pour les emmener là. Le sens lui échappait sans cesse.


Il ne se souvenait plus de l’alphabet et saupoudrait les lettres sans cesse dans le vase en opaline verte. Une obsession pour lui : mettre les lettres dans l’ordre. Il souffrait, soufflait, suait.
L'oiseau dit alors, il ne suffit pas d'être réceptif et ouvert, ni même d'être réceptacle, il faut de plus communiquer, puis savoir comment.


Moi, le vase, je vous approuve l’oiseau.
Communiquons. Envoyez-moi une plume sur laquelle un message vous aurez écrit.
Cela vous convient-il ?
Je vous envoie le mien de ce pas : «  Bonjour mon ami.
De quel peintre, musicien, auteur, cinéaste voulez-vous que nous nous entretenions ?
Mais peut-être avez-vous un secret à me dire ?
Moi, je peux vous parler inlassablement de mes voix, si cela vous sied.
En effet, moi le vase, j’ai plusieurs voix.
Je vous surprends.
Avouez-le !
Oui, j’ai une voix muette, une voix de représentation, une voix mutine parfois…
Je viens tout juste d’en terminer l’inventaire, j’en ai 32. »
Alors, on communiqua. Quasi dans le coma, on compta, on combina, on commua, on compara, on compila et enfin on communia. Ensuite, on compensa, on comprima, et complices, on commerça. Pour poursuivre, on recompta et on accommoda, on ne sait à quelle sauce. On compulsa, on décompta, on fit des compromis. Glaucomes, sarcomes, leucomes et sitcom nous incommodèrent. On se décomposa et on succomba. Plus exactement, on crut succomber, mais on ne succomba pas tout à fait.
On tenta le tout pour le tout.
On reconvoqua des croquemitaines toxicomaniaques, des caméléons mélancoliques, des moyens mnémotechniques, on se fit antimaçonniques, antimonarchiques, clinorhombiques. Laconiquement, on chroniqua, entrechoquant acrobatiquement nos méninges. Pour finir, les vases s'acoquinèrent synchroniquement. Ouf.

Le texte se révéla peu œcuménique, compliqué à souhait, absolument pas canonique et pour tout dire, carrément macaronique.

Mais nous étions catégoriques, des phénomènes pharmacodynamiques, photomécaniques, monochro-matiques, panchromatiques, électromagnétiques, et même chronologiques, monocinétiques ou cinéma-tographiques avaient concouru et contribué à la communication occulte des vases, il faut bien le dire, plus que l'oiseau.



Le texte macaronique était de surcroît très peu écologique.

Lirina Bloom Danielle Masson. . Le 5 octobre 2012.

Grand merci à Lirina Bloom.



Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants, que chacun puisse relayer les autres... »



1 commentaire:

Djemaa a dit…

Que la semaine se déroule avec douceur et inspiration littéraire, amitiés, Pascal.