Dans le
cadre des vases communicants de décembre
2012
Ne pas écrire
pour, mais écrire chez l’autre...
J’ai eu le plaisir d’échanger
des mots avec Jean-Yves Fick autour d’expressions que nous connaissons tous.
Ayez le plaisir à les découvrir
ou redécouvrir.
Ce fut un mois d’écriture
différente et très enrichissante.
Prenez le temps de le découvrir
sur Gammalphabets et aussi en vous promenant sur Publie.net.
N’oubliez
pas aussi d’aller lire la revue D’Ici Là.
Merci également à Brigitte
Célérier dont il faut saluer la somme de travail
tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses
impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.
Mais
place aux mots de Jean-Yves Fick.
prologos
je de
n'entrer pas au port ni
epave ni
plus forme humaine à quoi
tenir ou
etre ce
rescapé
de quelle
lame de fond
étrange et indicible
pauvre désormais parmi ceux sans
orée - je cette trouée
noire au puits rythmique de la phrase - qu'est cette
grâce dérisoire de pouvoir dire
encore comme un chant
i.
fassent les ombres place aux
îles de lumière que l'on voit
la nuit aller sur les flots
et les gouffres d'entre chaque vague
roulent irrémédiables comme
dire ne peut seulement
oublier quelle forme de l'autre surgit
ubac absolu - parmi les mots cette énigme
xénie ou mauvais sort?
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ii.
l' autre du songe a beau jeu de feindre une
aube sans sommeil où la rosée brille
l'ombre se défait pour un temps
puis viendra son retour tragique aux
heures - celles -mêmes qui font
accroire qu'un sens peut être ce feu
exalté de nuit auprès de quoi abriter
toute trace de vie - comme laisses de mer
libres d'avoir été rebattues par les flots
-- on ne discerne plus à la fin d'où la rive
même finit de s'enfuir et l'horizon même
entre au vertige de qui cherche là clarté ou
grâce que chaque ligne juste soit
alpha soit omega sans autre fin jamais.
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iii.
le jour alors qu'est -il du lieu surgi
en rocaille d'entre les flots mêlés
peut-être rien qu'un autre mirage
où la forme plus tangible mais quelle
traverse les voiles de l'aube
à la halte promise parmi le tourbillon
un choeur désordonné semble battre les eaux
notos sans plus aucune mesure le vent
ourle et hurle l'écume
il n'a plus sens ni direction sinon
rage aveuglante - l'évidence de perdre.
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iv.
l'autre eau de l'aube apaise toute
angoisse même au coeur de qui s'est à jamais
perdu - au lointain des terres connues brûle un
acier effervescent - le creuset des
iles en surrection -
le ponant allonge les ombres
les heures sans trêve circulent
et mêlent leurs ombres aux flots
entend-on le jusant
terrifier l'équipage
la vague du vaste reprend
à chacune des rives les
plus durs des bois flottés
oublieuse toujours d'être sa propre
urne défaite elle va
tourbillonne et tempête
rage vaine jusqu'à enfin trouver
équinoxe plus calme l'équilibre.
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v
viennent les soirs -- comme de longues îles
il semble qu'un peu de ciel gèle haut
et tremble sous la brume
une heure laissée aux
xanthies creuse quel immobile songe
ce n'est encore le chant des
ombres ni des oiseaux
mais cela qui retourne au simple
mais le souffle qui s'apaise reprend
et acquiesce à cela qui le dépasse
Mer tout autant le silence bruissant
aux renverses les plus sereines -- la plus haute
terreur ne se condense plus sous l'aile des
harpies -- mais bien là dans le creux
urgent où tout pourrait sombrer
sans plus laisser rien pas même une épave
à la surface des mondes indifférents --
l'eau brille sous les astres
et l'incandescence des soirs
marche à l'immense Nuit des âges.
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vi
nous à jamais les éphémères
ombres -- mais de quelle nuit
ultime et toujours mouvante -- l'errance
seule oriente parmi l'immense
nef le fleuve Océan
à la rive duquel nul ne
va sans que sa voix ne s'éraille
ou même ne se perde toute
niée - et ce n'est que d'elle que le
silence des espaces se peut traverser--
peut-être ne sommes nous rien
autre que le songe d'un chant
sans matière ni écho la
grève s'éloigne de nous perdus au rebord
au plus noir des espaces que
rien ne saurait atteindre sinon les
dérives les plus imprévues de ces
écumes qui bordent les gouffres
les eaux s'apaisent mais demeure de leur
étrangeté fatale la source et ce que
sillonnent sans fin nos esquifs
comme fétus de langage - les voiles
ourlent et vibrent sous le vent nocturne
claquent et retrouvent l'aval dans un
halo quelle la brume et quelle l'ombre
ouverte -- des phosphorescences
niellent le jour d'une autre clarté
sans que la nuit pour autant n'arrime les heures
en suspens aux sphères d'un plus terrestre
nom qui serait leur talisman
seules demeurent de nous les
épaves brisées sur la grève
mais nous désormais seuls mais nous
brisés et désorientés
livrés à cela qui de nous déferle
en longues laisses nous abordons l'invisible.
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vii.
partance de nous sans
appel la rive fuit vers l'horizon
ténu où la brume se tend
indicible limite dont
nul de nous n'est revenu sauf
-
chanter l'ici alors même qu'il se dérobe
oublieux de nous et de toutes nos chimères
-- un marin revint jadis seul pour ce
faire mais à quel songe
fallut-il qu'il sombre et se perde
il ne saurait trouver ni silence ni lieu
ni jamais autre fin.
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épilogue:
nul qui ne se dérobe
à cela où brise la voix
grâce ou toucher mortel de la Furie
et qui -- pour le dire --- d'être cela d'un autre
revenant de tous les confins
et qui pour juger cela de l'âme perdue
nue éperdue toute
toute comme un avant des proues
rouges et courbes
enfin lancée hors des limites
de ce que le parler
effraye et éploie comme
une égide- la terreur pleine du
xylite qu'approche la flamme
et c'en est fait de nous de nous laissés
aux fers rouges nous comme lui
un étranger absolu d'avoir atteint les
xirs par quoi se défont toutes formes humaines - lui le lieu de
notre plus terrifiant exil.
Grand merci à Jean-Yves Fick.
Et que sont
les VASES COMMUNICANTS ?
« François Bon Tiers
Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ
cela s’appelait le Grand dérangement,
pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) :
Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à
chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation
horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire
chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre
les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres
/ open space d’Anne Savelli et Liminaire.
Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes
le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants…
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