Dans le cadre des vases
communicants de décembre 2014, mon 38ème échange de mots,
Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
Et un
grand merci à Angèle
Casanova d’avoir repris le
flambeau et dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour
rassembler tous les liens et les innovations. Quelle sera celle du mois, après la mise en voix des textes le mois dernier ?
Angèle, bibliothécaire et connaissant bien le secteur jeunesse et
moi-même, nous nous sommes retrouvées autour d’un livre d’Agnès de Lestrade et
Valéria Docampo.
« Il
existe un pays où les gens ne parlent presque pas. C’est le pays de la grande
fabrique de mots. »
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un chat dans ma gorge
« Il existe un pays où les gens ne parlent presque pas. C’est le
pays de la grande fabrique de mots. »
Agnès de Lestrade (texte),
Valeria Docampo (illustrations). La
grande fabrique de mots (Alice Jeunesse,2009)
Je n’ai pas donné ma langue au chat.
Le chat s’est fâché.
Il a décidé de me contrarier et s’est logé au fond de ma gorge.
Au chaud, il attend le printemps.
Quand j’avale quelque chose, il prélève sa dîme au passage. Rien
ne l’arrête. Rien ne le dégoûte. Il prend son dû. Aile de poulet, tranche de
gigot le remplissent d’aise. Chou de Bruxelles, brioche au miel, kir à la
myrtille, il en fait son affaire. Il prélève. Consciencieusement. Son
pourcentage. Compte. Recompte.
Il a même réussi à installer, là, tout près de ma luette, une
minuscule balance à légumes. Usant de contrepoids infimes qu’il stocke derrière
mes molaires, il vérifie le poids des denrées, additionne, soustrait, jusqu’à
arriver à la quantité exacte requise. Alors, ni une ni deux, il ouvre grand sa
gueule et ingurgite sa part.
Après, il fait la sieste. Il cale son ventre contre ma langue.
Se roule en boule et ronfle doucement. Il rouspète dans son sommeil. Étire ses
griffes quand mes mouvements l’empêchent de dormir.
Mais au fond, cette tyrannie créancière lui convient. Il n’a
plus à chercher sa pitance. À dépendre du bon vouloir des mauvais payeurs,
toujours tentés de ne pas donner leur langue au chat. Il se contente donc de ce
qu’il a. Ma langue, il ne l’a pas croquée, mais elle fait un tapis de sieste
tout à fait convenable.
C’est donc pourquoi j’ai un chat dans la gorge.
Et que je mâche mes mots.
Angèle Casanova (texte et
photographies)
Grand merci à Angèle.
Et
que sont les VASES COMMUNICANTS ?
« François Bon Tiers
Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier
d’avoir trouvé ce titre de vases
communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit
sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les
échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens
autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire.
Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes
le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants…
2 commentaires:
Mais de rien, Danielle ! Ce fut un très grand plaisir, à renouveler quand vous le souhaitez.
Chat, félin, filin... l'électricité est en eux.
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