Dans
le cadre des vases communicants de novembre 2015
Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
L’aventure
du 1er vendredi du mois de novembre 2015 est ici.
Nous avons échangé, je lui ai proposé une phrase.
Découvrez son texte…
Aborder sur la page d'un livre qui
n'a pas vos habitudes d'écriture s'apparente à la traduction. Il faut respirer
un grand coup avant de se demander ce qui a changé. C'est comme accoudé au
rebord d'un ferry pour ne pas tomber à l'eau. Le quai est juste ce rebours de
brouillard qui enveloppe l'étranger. Il maintient à distance comme une carapace
douce, comme une excroissance de l'ineffable.
Je me souviens, je ne voyais plus
son visage, il y avait les joues, les lèvres et les arcades sourcilières mais
on ne voyait plus au travers, toute tentative de pénétrer était renvoyé par la
peau qui avait cette capacité de rétracter, de noyer le regard sous une
soudaine vapeur cutanée. J'aurai été incapable de me rappeler son visage sans
doute sa mèche balayait toute intrusion.
On est venu jusque-là sur une idée
et peu de bagage, c'est l'essentiel dans l'entreprise, un désir de rencontre
presque désespéré, quand pour l'instant du bateau il y a peu, non que la
vapeur, ni la peau ni le brouillard ne trouble, ce qui trouble plus que tout
c'est d'être là, en cet endroit ininvité, comme décollé d'une rétine et collé
sur un lieu sans rien colmater comme s'il y avait un trou alors qu'il n'y a pas
de trou et qu'une feuille tombe.
Nous nous étions échangés des mots
sans couleur écrits pour ainsi dire sur la paume, il y avait écrit :"Une poule
qui glousse est la meilleure maman du monde" ou "Faites
attention à ne pas marcher sur les glands tombés à terre en automne"
Ces mots je les regarde sur un bout de papier froissé et usé par la traversée,
j'ouvre la boite et je les vois rassemblés sans histoire ni épisodes ou
anecdotes, des prises des croquis trainent, mais l'histoire, il n’y a pas
d’histoire.
Pourtant je suis quand même parti. Sur
la pointe des mots sur les lèvres j’apprends à prononcer, il n’y a pas de
glands entre les lignes et l’automne n’est déjà plus de mise
Kodoshin, chute d'eau
Est-ce l'illusion que l'autre est
semblable à soi, qu’il n’y a qu’à tendre des équivalences entre nous comme des
droites à l’aide du compas, la vérité c'est que l'autre est situé sur un plan
décalé de la géographie, à distance d'un regard ou d'une brassée, parallèle
sans que rien de nos corps rapproche comme un bateau rapprochant du quai et que
sa lourdeur va faire éperonner ce lieu curieux.
Alors dans cet entredeux où tout est
indistinct, et moi qui suis en attente, il y a comme à recréer un langage, tous
les marins et les marchands s'y sont essayés, dans les cales les caisses
contiennent toutes sortes de départs que du lointain on a comme jeté vers ces côtes
et que l'on accompagne. Accoster. Tout s'écoule et le vertige est sur le bord.
Grand merci à Lamber
Si vous voulez lire
mes mots, c’est ici.
Et
que sont les VASES COMMUNICANTS ?
« François Bon Tiers
Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier
d’avoir trouvé ce titre de vases
communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit
sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les
échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens
autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a
démarré le 3 juillet
2009 entre les
deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire.
Si vous êtes tentés
par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants…
Merci à Marie-Noëlle Bertrand
d’avoir repris le flambeau.
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