Dans le cadre des vases
communicants de
septembre 2012
Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
J’ai
commencé à échanger avec Ève, si je peux me permettre.
En
regardant d’un peu plus près, un ami, façon de parler, commun sur FB :
Hervé le Tellier.
J’ai
eu le plaisir de participer à quelques ateliers avec lui et donc de le côtoyer
au village.
Et
tout d’un coup, une envie soudaine d’OuLiPo m’a prise.
Maladie
contagieuse parfois… quand on avale la potion magique concoctée par les mots
des Oulipiens…
J‘ai
fouillé dans ma bibliothèque.
Et
cela s’est imposé…
Et
si on s’amusait au « Je me souviens »…
mais
il y en a tant…
Et
j’ai regardé de nouveau le nom du site d’Ève
J’avais
mal lu… c’était
Bienvenue sur l'emplume et l'écrié
Et
j’avais lu… la plume et l’encrier…
Et
si on écrivait des « je me souviens » autour de ces deux mots…
Qu’en
pensez-vous Ève ?
A
cette proposition charmante, j’ai bien évidemment répondu oui, avec plaisir
et me suis plongée avec un peu
d’appréhension dans les profondeurs de mon subconscient qui avait guidé ma main
pour ce choix de l’Emplume et l’Ecrié. Au-delà de la sonorité et du jeu
de mots, j’ai donc sondé profond pour vous présenter quelques ressentis que
m’ont dicté ce plongeon. J’écris rarement sous une contrainte, aussi j’espère
que dans cet échange je ne vous décevrai pas !
Mes
Moires ondoyantes, je me souviens.
Je
me souviens du geste, la
Cigarette du père, bout ondoyant, irisé,
naissent de la nuit ombreuse mille danseuses, arabesques chatoyantes, plumetis
rouge sang, la
Main
calleuse, sèche du grand-père qui cisèle au couteau le radis en pétales, en
libère l’âme, sculpte les plumes roses.
Je
me souviens de l’innocence
Marquise de papier crépon, petite fille modèle
à l’aigrette opaline
Caresses
légères, cils vibratiles, peau rétractile,
Petite
fille papier buvard, assaillie, pétrifiée, diaprures de soleil pâle violant le
sous-bois,
Le
rapace noir plane et attaque, plaque et atteint, plumes souillées sombres,
suintent, encre invisible, l’emplume s’éparpille, ébouriffe la luette, se
rejoint en amas et se fond sans criée.
Le pistil venimeux
Des ailes du corbeau
Dans un halètement
d’ailes
Sur une âme perchée
Je
me souviens du temps
L’emplume est tapie sous le froid,
Rémiges
lustrées, nacrées d’un crachin breton béton, larmes effilées, penne mort-dorée,
mort-léchée, langue verte de gris
Elle
attend, sans conscience, elle attend
L’écrié
Et le temps s’amollit
Et rit de ses avants
Je
me souviens que le froid cède aux saisons
Elle a deviné météo. Savoir le vent caresse, au sens zéphir, au
sens désir, isohypses emmêlés et pinceau effleuré, et de trille engorgée en
ramage libéré, mélopée oulipienne, la plumée poésique se répand au courant ascendant, mais
Je
me souviens de
Lui, l’aigle arc-en-ciel aux plumes exaltées,
pointillées de murmures, en feu et à corps et à rire et à rire et… à cri, et
les plumes en nervures, soufflées, explosées, balayées, ramassées à l’appel, gong acier, enclume,
emplume.
Lui, l’aigle arc-en-ciel perce le cœur de l’O
qui s’écarte, se distend, ne veut rompre, cède, éclate, enfin parler, enfin,
hurler l’effroi originel qui déplume, tournevrille, tourneboule, ronde
infernale des danseurs de la pluie, échassiers aux cernes mauves, les derviches
insensés torsadent la couleur passée d’un avant dépassé, mots fulgurance, clamés
calmés, gueulés, rugis rougis, éructés, vomis, éjectés, encrés ancrés, pondus, griffonnés griffés,
Incandescente
mémoire criée, écrite, décriée, écriée
Le temps réconcilie
L’emplume et l’écrié
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