La rumeur.
La rumeur s’était répandue très vite.
Elle avait franchi les murs pourtant très épais de l’immeuble où Florian
se cloîtrait depuis maintenant trente-deux jours.
Depuis le jour, où la peur bleue était revenue dans sa vie.
Maudit le jour où il avait regardé le toit de la maison d’en face.
C’était un jour comme les autres ; tout du moins, il le
croyait.
Ce lundi-là, il venait de se lever, avait enfilé le premier
tee-shirt qui lui était tombé sous la main, un noir. Il n’avait que des
tee-shirts noirs.
Puis, il s’était dirigé vers la fenêtre, comme tous les matins,
depuis des années, sa façon à lui de se mettre en route pour la journée qui commençait,
son enfer quotidien qu’il essayait d’apprivoiser jour après jour.
Avant, il avait mis de l’eau à chauffer pour son thé blanc de
Chine, toujours le même, le Bai Mu Dan, souvenir d’un de ses lointains voyages,
du temps où il partait.
Maintenant, il ne voyageait plus que dans sa tête.
Maudit ce jour où il avait regardé le toit de la maison d’en face.
Que faisait-elle là-haut, à se prendre pour un oiseau ?
Elle avait une robe blanche, une robe de mariée, la même il le
jurerait que celle que Julia portait le jour de leurs noces.
Soudain, elle avait pris son envol. Il voulut crier mais aucun son
ne sortit de sa gorge. Elle volait, elle volait et elle disparut.
C’était un jour comme un autre ; mais ce lundi-là, elle
était revenue. Elle s’était de nouveau envolée. Elle avait disparu de nouveau.
Il recommença à avoir peur, cette peur qui lui tenaillait le
ventre, nuit et jour.
D’autres avaient levé la tête ce lundi-là. D’autres l’avaient vue
s’envoler et disparaitre.
La rumeur s’est répandue très vite.
3 commentaires:
J'aime beaucoup la poésie de ton texte !
Sous un aspect assez serein du quotidien, il y a un aspect terrifiant ... J'aime ce décalage.
Superbe texte, bravo !
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