Noémie.
Jeudi, 17.44… un grand vacarme dans le ciel encore bleu de cette fin de journée ensoleillée. Le vrombissement d’un hélicoptère. Cela se produit de plus en plus souvent depuis maintenant une bonne semaine. Parfois même la nuit.
Elle angoisse. Elle n’aime pas ce bruit.
À la recherche d’un voleur, d’une disparue, d’un meurtrier, d’un homme en cavale. Que de questions et surtout aucune réponse. Le plus souvent, l’hélicoptère est blanc et vole à basse altitude. Il lui qu’elle pourrait presque le toucher.
Trois fois aujourd’hui, l’hélicoptère a traversé le ciel. Les mailles du filet se resserreraient-elles autour d’un individu ? Rien ne filtre dans la presse. Le bruit est assourdissant.
Elle angoisse. Elle n’aime pas ce bruit.
Allez protester, mais où, elle ne savait. En savoir plus… elle aimerait. Elle souffre de voir ses temps de repos dans ce lieu sublime gâchés par ce bruit. Elle se sent poursuivie. Elle n’arrive plus à se reposer. Elle écoute le moindre bruit, tend l’oreille et sursaute quand le bruit de l’hélicoptère déchire le ciel.
Elle qui a toujours été admiratrice des grands pilotes qu’ont été Mermoz ou Saint-Exupéry n’éprouve aucune sympathie pour ces trublions, ces empêcheurs de calme.
Elle en deviendrait violente et souhaiterait que le pilote aille rapidement manger les pissenlits par la racine, elle l’apôtre de la non-violence. Mais sa patience a des limites. Elle s’imagine tout d’un coup en vengeresse, en une héroïne de science-fiction que rien n’arrêterait.
Son angoisse monte. Elle déteste ce bruit.
Sa chevelure, ordinairement disciplinée est tout ébouriffée. Elle ne cesse de se passer la main dans les cheveux, d’enrouler ses boucles autour de ses doigts. Sa manière à elle d’essayer de vaincre son stress et sa peur.
Elle se demande si elle ne va pas aller voir son voisin le plus proche, un Québécois exilé en cette terre de Provence. Elle croit se souvenir qu’il a ses entrées auprès du commandant de la gendarmerie.
Ce bruit fait par l’hélicoptère va l’obliger à surmonter sa timidité. Ce voisin, elle ne l’a vu qu’une fois, quand il est venu se présenter comme le nouveau propriétaire de la maison voisine de la sienne. Voisine, façon de parler.
C’est vrai qu’elle avait choisi cette demeure pour ne pas être dérangée. Elle souhaitait pouvoir être isolée pour essayer de mener à bien ses nombreux projets d’écriture.
Elle cherche une excuse pour aller déranger ce voisin. Elle trouve. Lui apporter les premières fraises du jardin. Il ne pourra refuser de les partager avec elle et d’en manger quelques-unes.
Elle va chercher son chapeau de paille et se prépare à parcourir le chemin qui mène à la demeure de son voisin. Pas besoin de dromadaire pour parcourir les quelques hectomètres les séparant.
Elle oublie son angoisse. Elle est toute à sa joie de sa trouvaille et de son initiative. Il est vrai, que le beau Québécois lui a tapé dans l’œil quand il est venu se présenter, il y a maintenant presque trois mois. Une visite de courtoisie ne peut être malvenue.
Elle espère ne pas rester sur sa faim de découverte.
Son imagination a toujours été très féconde. D’ailleurs, l’hélicoptère, elle l’a glissé dans son dernier texte. Elle a osé construire une histoire autour de son mystérieux voisin qu'un individu viendrait rencontrer nuitamment.
Elle a même osé déjouer une tentative d’attentat qui aurait pu provoquer une explosion soudaine de sa maison.
Elle délire sur le papier, mais ce bruit l’obsède.
Son écriture en a été modifiée.
D’ordinaire, elle écrit et illustre des histoires mettant en scène un personnage ressemblant fort à un lapin, répondant au doux nom de Trèfle. Elle devrait être en train d’écrire sa 32ème aventure, mais à cause d’un hélicoptère, tout son travail est remis en question.
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