Sur une idée d’Olivia,
Des mots, une histoire 57
de
tout là-bas en Chine
L’éclat doré de ma pince à
cheveux sur le rebord de l’évier me renvoie à quelque chose que je n’ai
pas : quatre semaines sans soleil alors que des soleils, certains en possèdent
trois. Dans le couloir, un homme sifflote, le beurre prend la forme d’une
étoile au contact du métal brulant .Quelques instant plus tôt la page et le
crayon m’avaient cruellement délaissée. Et voilà que tapotant sur le clavier,
m’arrive cette histoire…
Pas très loin d’ici, un peu
plus au nord, il est un chemin au bout duquel se cache une petite maison cernée
de bananiers. L’accès de ce chemin est banni par les mères colériques et les
pères hypocrites.
C’est le refuge d’Une, sitôt
engrossée à peine délivrée.
Il ne sera pas fait ici son
procès, simplement son portrait en toute apologie.
Les étrangers ventripotents
l’ont nommé l’Hydre de Lerne, les chauffeurs aux yeux d’amandiers et au teint
rubicond l’appellent Gong Zhu*
De son corps-ventre en chantier
tout ce que l’on sait, c’est qu’il y repousse sans cesse des têtes tranchées.
18 déjà en ont été recensées.
S’il y en a un qui doit y
aller, s’il doit y avoir un Tu alors autant que ce soit toi.
« N’essaie pas de me charmer,»
penses-tu en boucle sur le trajet, mais quoi !Tu te crois ainsi
armé ?
« Tout ça n’est que
comédie, cette femme est à l’automne de sa vie, comment pourrais-je succomber à
sa magnétique attractivité ! De plus, Ceux-ci et Ceux-là m’ont dit que
dans sa bouche coquelicot cohabitaient 2 fois 9 dents décalées... Est-ce qu’une
bouche trouée pourrait m’attraper ?! »
(Don Juan, revois un peu ici ta
philosophie, tu crois donc que rien ne peut te ruiner ?…)
Le sourire-harmonica a soufflé
si fort dans la pénombre que tes bras en sont tombés, et soudain tu te
retrouves aspiré et désarmé au plus profond de son nid.
Un jour, un mois, un an,
combien de temps est passé ?
L’aube et le vent agitent les
feuilles des bananiers. Scrutant l’azur, te voilà à présent retournant vers le
sud, … mais dis-moi, en partant, n’as-tu pas aperçu dans son sourire une légère
boursouflure sur sa gencive rose ?
* princesse
© 2012 – Christine
Liste des mots –
Les mots imposés pour l’édition 57 de Des mots, une histoire sont :
automne – nord – chauffeur – ceux-ci –
amandier – crayon – page – maison – chantier – ventripotent – azur –
philosophie – rubicond – apologie – princesse – rose – bananier – clavier – nid
– ruiner – harmonica – coquelicot – magnétique – beurre – comédie
2 commentaires:
"s’il doit y avoir un Tu alors autant que ce soit toi.", jolie, cette phrase. :-)
Très beau texte et un sourire-harmonica dont j'aimerais jouer.
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