Dans le cadre des vases
communicants d’avril 2015
Ne pas écrire
pour, mais écrire chez l’autre...
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir
Sébastien
de Cornuaud-Marcheteau
Exceptionnellement, ses mots et une de
ses photos se trouvent là, juste en-dessous.
A Matisse,
C’est comme
si soudain, c’était l’été.
Le soleil
au zénith, la chaleur accablante se serait violemment affaissée dans le
camping. Une torpeur de sable et de brindilles séchées. Une chaleur de
garrigue, un jour sans vent. Il ferait trop chaud, alors on aurait posé le
ballon et abandonné toute prétention à taper dedans, à le pousser dans les
cages, à jouer des pieds et des coudes. On aurait proclamé le mitan des heures,
réclamer la fin de toute prolongation, on aurait dit pouce ! Pause !
On boit !
Souffles
coupés, pouces levés, regards torves de chiens de faïence dans l’attente d’une trêve
réciproque ; puis, l’ayant trouvée, on aurait couru, de toutes nos forces,
vers les sanitaires où résonnaient déjà les claquements des boutons poussoirs.
Le filet d’eau fraîche sur les lèvres sèches, sur le visage, dans les cheveux.
Filet qui deviendrait vite éclaboussures, éclats de voix, cascades de rires
sonores sous les remontrances du gardien de ces lieux qui, du haut de son
accent anglais, s’écrirait : « Please !
On ne joue pas dans le toilet block ! »
Mais nos
ombres, à présent fraîches et vives comme des libellules, auraient déjà déserté
les lieux pour rejoindre d’autres ombres, celles des thuyas, des chênes lièges
et des potences de jeux.
C’est à cet
endroit, précisément, que le monde entier se balancerait, quand il n’y aurait
plus rien à faire, que la chaleur serait trop vive et la fatigue trop intense.
La paix reviendrait, peu à peu, comme l’horizon, oscillant entre terre et ciel,
par ajustements successifs, en pliant les genoux pour aller plus haut. On
parlerait à voix basse, tête en arrière. On aurait l’impression, dans ce lent
balancement, de percevoir les mille et un détails qui nous connectent au
monde : le chatouillis des cheveux sur les paupières, le crissement du
sable sous les tongues, le grincement lugubre des mousquetons au bout des
cordes et, au loin, les cigales qui y répondent.
On
resterait là, ensemble à se balancer, les uns après les autres. A attendre que
le soleil s’incline, que la digestion lente se dissipe et qu’enfin, toutes les
conditions étant réunies, on nous amène à la mer…
Grand merci à Sébastien
Et un grand merci à Angèle Casanova d’avoir repris
le flambeau et dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois
pour rassembler tous les liens et nous gâter par ses enregistrements.
Et que sont
les VASES COMMUNICANTS ?
« François Bon Tiers
Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ
cela s’appelait le Grand dérangement,
pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) :
Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à
chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation
horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire
chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre
les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres
/ open space d’Anne Savelli et Liminaire.
Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes
le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants…
1 commentaire:
"Potences de jeux", oui, balançoires, comme l'envol freiné au dernier moment (mais pas de vocation de pilote d'avion !), soleil presque attrapé...
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