vendredi 1 août 2014

Chez François Bon - atelier d'été 2014 - Outils du roman : 1, à table

Au détour d'une recherche sur "Tiers livre", 
j'ai découvert cet atelier. 

Je me suis prise au jeu et j'ai essayé...

Voici les quelques lignes écrites suite à la proposition 1, ici 



Tarte aux pommes et autres douceurs


Ce 32 octobre 2006, je m’en souviens comme si c’était hier.

« Goran, n’oublie pas, rendez-vous à 11.45 précises », m’a répété dix fois plutôt qu’une, Énora, ma tendre amoureuse.

J’étais à l’heure, même cinq minutes en avance, ce qui la fit se moquer gentiment de moi.

Une maison toute simple, dans ce quartier du sud de la ville de son enfance.
La porte qui s’ouvre sur un grand sourire :
-       Rentrez, content qu’Énora vous ait invité à partager cette journée. J’espère qu’il fera beau pour que nous puissions déjeuner dans le jardin, comme prévu. Tout est prêt.

Un peu dans mes petits souliers, dix jours que je fréquentais Énora et déjà accueilli comme un ami de vieille date chez ses parents.
Énora et moi, nous nous étions rencontrés, reconnus et étions sur une autre planète.

Aujourd’hui, repas sans chichis comme elle m’avait dit chez ses parents.

J’entrais, précédé par Énora qui avait déposé deux grosses bises sur les joues de cet homme, son père, tel qu’elle me l’avait décrit.

Un long couloir avec un radiateur et sa tablette imitation marbre, deux portes à gauche puis une première porte vitrée à ma droite s’ouvrant sur… je ne le saurais pas… la cuisine à traverser pour atteindre le jardin.

Mon regard fut attiré par une immense photo en noir et blanc sur le mur d’en face d’un salon. Je reconnais la Place Ducale de Charleville. Un point commun dont nous n’avons pas encore eu le temps de parler.

-       Cette bonne odeur de tarte aux pommes, de tarte au sucre me rappelle mon enfance.
-       Heureuse que cela vous fasse plaisir, me dit la mère d’Énora d’une voix très douce.

Elle regardait sa fille avec un regard plein de tendresse.

La porte, avec ses rideaux blancs en dentelle, s’ouvrait toute grande sur un jardin où s’épanouissaient un immense cerisier et des rosiers aux mille senteurs.


Une table recouverte d’une immense nappe blanche, qui descendait presque par terre, quatre assiettes décorées d’immenses coquelicots, les verres assortis et ce repas que j’appréhendais s’annonçait sous les meilleurs auspices.



vendredi 4 juillet 2014

Les vases communicants - juillet 2014 (33) : Franck QUEYRAUD

Dans le cadre des vases communicants de juillet 2014, mon 33ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois de juillet 2014 sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Franck QUEYRAUD dont les mots sont ici.


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.


Place aux mots de Franck ...

Nous étions partis sur un échange de photos pour aller titiller notre inspiration.
Celles que j’ai proposées sont restées orphelines de mots, Franck a pris deux photos il y a tout juste deux jours.

Et surprise pour Franck tout d’abord sur les mots qui sont surgis, et grand bonheur pour moi, de les publier.

La disparition



Matin, marchant. Plus tard : cadran dans soir naissant. In/Out. Ici-bas. La photo saisit tout mais… jamais dit tout. Nos instants ? Nous avions faim, nous avions soif d’un bain jovial. Draps blancs - du blanc amidon - transpirants. Nous fuyions alors chacun nos filiations. Lai dudit Villon accompagna nos pas. Avions connu puits de Râ, plus connu la soif : ra, fla, ra, fla... Ton minois qui souriait. Ra, fla, ra, fla du tambour. Nous dansions, à partir du a. Abc tournant, tapis volant, Djamila. Tu riais… J’oubliais climat, champs, saisons, maisons… nous fallait aujourd’hui, à tout prix… croquions sans raison, croquions sans illusions.
Un matin, gnomon disparut, s’ombra, voilà l’abri. Trou noir… voulut la voir… corps, mots partis… L’on fuit à vingt ans… Las, j’ignorais ma filiation. Nos bruits se sont tus. Nul n’a jamais su, sauf toi d’aujourd’hui. « Quant à la chair, qu’trop avons nourri’... » Ans cuits. Ans d’oubli-abri. Circumnavigation. Gomma. Oublia. « A tâtons, quoiqu’il souffrît, quoiqu’il suât, il monta, il grimpa, s’accrochant, pas à pas, l’obscur colimaçon qui aboutissait aux locaux du haut... »
Matin, marchant…
P.S. : La paix, aujourd’hui.
« Mais as-tu compris, toi, la signification du post-scriptum ? »
.
Silence.

En italique : première citation : Villon. Deuxième et troisième : Pérec.

Grand merci à Franck .


Pour pourrez découvrir mes mots … ici chez Franck

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


jeudi 5 juin 2014

Les vases communicants - juin 2014 (32) : Marianne Desroziers

Dans le cadre des vases communicants de juin 2014, mon 32ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois de juin 2014 sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Marianne Desroziers dont les mots sont ici.
Je me suis aussi promenée , y ai croisé le lapin blanc d’Alice, la petite île de Margaret Wise Brown, une sorcière


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.


Place aux mots de Marianne...


LA BOÎTE À SECRETS

Dans une boîte à secrets, cachée sous mon lit, je garde mes mots précieux, ceux qu'il est bon de se répéter en boucle les soirs de cafard, ceux qui me rendent encore plus joyeuse quand je suis joyeuse.

Samarkand.
Istanbul.
Vladivostok. 
L'île de Pâques.
Les Kerguélen.
Libellule.
Crique.
Violette.
Murmurer.
Tintinnabuler.
Cascade.
Glaïeuls.
Garance.
Rose trémière.
Saule pleureur.
Orange amère.
Nougatine.
Framboise.
Marmoréen.
Clown.
Falbalas.
Fanfreluches.
Vert sénople.
Bleu céruléen.
Crécelle.
Maman.

Grand merci à Marianne.


Pour pourrez découvrir mes mots … ici chez Marianne

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


vendredi 2 mai 2014

Les vases communicants - mai 2014 (31) : Julien Boutonnier

Dans le cadre des vases communicants de mai 2014, mon 31ème échange de mots,

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

Tous les liens vers l’aventure du 1er vendredi du mois de mai 2014 sont ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Julien Boutonnier dont les mots sont ici.
Je me suis plus particulièrement promenée , au cœur des échanges de Vases communicants. Que de magnifiques textes !


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.

Nous avons échangé des photos, nous devions parler de photos, de nature…

Mais place aux mots de Julien Boutonnier.

BLONDI



Le 19 avril 1945
Blondi déboula dans une rue où se dressaient encore quelques façades béantes trouées de flammes. Il y avait de temps à autre des cris de femme et des rires de soldats russes qui s’élevaient des gravats. Comme un tank remontait la voie, la chienne se faufila dans les décombres d’une église. Un orgue d’une taille considérable brûlait sous des éclats de vitraux.
Sur le parvis, un enfant accroupi pleurait sur son fusil. Blondi s’avança pour renifler ses doigts. Il y eut une détonation. La tête du petit soldat fut emportée par le projectile. Le reste s’avachit mollement.
La chienne tira le corps frêle par le tissu de l’uniforme, se réfugia sous une poutre. Elle s’allongea près de l’enfant.
Elle gémissait rarement. Ses oreilles dressées pivotaient indépendamment d’un côté puis de l’autre.
Une bombe explosa dans la nuit. Des silhouettes enflammées coururent sur quelques centaines de mètres puis s’effondrèrent et se consumèrent, longtemps.
Une torche hurlante vint se briser sur les marches du parvis. Elle attrapa le fusil de l’enfant, le cala sous son menton et appuya sur la gâchette. Il y eut un bref jet de choses rouges, d’os et de cerveau, puis la flamme apaisée se recroquevilla sur les vieilles pierres et crépita sous le ciel étoilé. Parfois les bras, le torse, bougeaient un peu. On aurait pu croire qu’il y avait encore un peu de vie dans cette bûche.
Blondi se terra dans sa cachette, posa son museau sur le ventre tiède du jeune garçon. Son regard aux aguets scrutait l’obscurité qu’ici et là obscurcissaient des feux isolés. Dans le ciel un sourd vacarme d’ailes et d’acier n’en finissait plus.
Au jour la chienne tira le corps de l’enfant parmi les décombres, en prenant appui sur ses pattes avant, par à-coups. Elle s’engagea dans la rue.
Des soldats russes en faction cessèrent de parler quand ils virent l’animal qui de sa mâchoire puissante déplaçait lentement le corps sans tête du poussin hitlérien.
Le ciel vide désormais, la ville, tout sembla se taire.
Les hommes regardèrent longtemps le laborieux cheminement du berger allemand. Il y en eut pour pleurer et frotter leurs yeux crasseux. D’autres retrouvèrent un instant la langue de leurs mères, sa douceur, son âme.
Blondi atteignit une artère plus large. Sur le bord elle s’assit et considéra durant de longues heures l’intense noria des véhicules de guerre qui l’empêchait de traverser.
Le corps de l’enfant, tout à fait froid dorénavant, reposait à ses pieds.
Les soldats qui saluaient Blondi ne comprenaient pas au premier coup d’œil que cette masse étendue à côté du chien était un cadavre d’enfant.
Aussitôt qu’ils identifiaient le gisant juvénile, son crâne ouvert par le devant, ils baissaient la main, cessaient de sourire, se taisaient lourdement et gardaient longtemps après les avoir dépassés la tête tournée vers l’animal et son mort.
Pour beaucoup, cette étrange scène se fixa dans la mémoire comme un moment de pur crépuscule, comme une épiphanie de la chute.
Au soir les tanks disparurent. Des tirs nourris fusaient alentour. Blondi serra entre ses crocs la veste du petit, à hauteur de ventre, et traversa l’avenue en direction d’un parc.
Elle se redressait parfois, guettait un signe dans la désolation qui l’entourait, humait les odeurs des putréfactions, des canons et des cendres, gémissait un peu, aboyait presque et, prise d’une impulsion subite abandonnait le cadavre, courait à toute vitesse dans la nuit, sautait par-dessus les arbres couchés, les haies incendiées, les machines et les morts.
Mais bientôt elle revenait à son effort et charriait le bout d’enfant.
Ce fut à l’aube environ qu’un projectile hasardeux traversa sa poitrine et la frappa en plein cœur. Elle s’affala sans délai sous un saule pleureur, au bord de l’eau où flottaient d’étranges troncs d’arbre. Le cadavre épouvantable de l’enfant, niché dans son flanc, tétait enfin ses mamelles.



Adolf Hitler tenant Blondi en laisse aux côtés d'Eva Braun.


Texte : Julien Boutonnier
Photo 1 : Danielle Masson
Photo 2 : Deutsches Bundesarchiv (German Federal Archive)





Grand merci à Julien.


Pour pourrez découvrir mes mots … ici chez Julien Boutonnier

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


vendredi 4 avril 2014

Les vases communicants - avril 2014 (30) : Sophie Régnier

Dans le cadre des vases communicants d’avril 2014, mon 30ème échange de mots

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois d’avril 2014 est racontée ici ou .

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir
Sophie Régnier dont les mots sont ici.


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.

Mais place aux mots de Sophie.

Après vous avoir dit quelques mots sur la genèse des textes que vous allez découvrir sur nos espaces respectifs.

Un livre a traîné et traîne encore sur un coin de mon bureau. Il m’agace, toujours en embuscade. Il a entraîné quelques mots que j’ai soumis à Sophie. Un premier texte reçu de sa part. Étonnant ce texte mais j’en serai la seule lectrice. En effet, une autre réponse est arrivée suite à mon texte, qui a déclenché d’autres mots sous ma plume.
Découvrez…

Parlà d’où tu as vu la chose


Barbara with Legs by Christine Osinski, from Drawn to Water.



Tu égares ton tube de maquillage, et aussi ce petit livre à la couverture en tissu. Tu perds tes mots.

Tu disperses les belles occasions. Tout te perd.

Tu as oublié le mot griffonné le matin d’hier, ceux d’autres jours. Tu caches une porte songeuse et oublies la clé.

L’origine de tes envies est la même que celle de quelques colères passagères. Tu la perds aussi.

Tu détournes et tu joues. On t’appelle Cachette et tu sais que ce qui est à dire s’interprète. Tu t’égares tout autant que l’abandon.

Tu as une idée et puis non ça ne sera pas cela.  Versatile, les moments d’ennui, ta vie : un roman que tu as patiemment brodé sous la peau pour ne rien oublier de toi–même.

Il n’est qu’à toi, tu ne le dissimuleras pas.

Et puis les rêves perdus tu veux bien les chasser entre toutes les lèvres mais ce monde est trop vaste. Le vent au ciel t’emporte loin et tu perds les yeux à pleurer pour ce que tu as espéré. Reviens par-là d’où tu as vu la chose. Dernière fois dans les coins sombres de ta tête ? Tâtonne insoucieuse, puis sévère dans le nerf de tourner en rond.

Cherche encore chercher quand deux secondes s’écoulent et que tu entends sonner les remords de cet homme qui t’attend. Ton rouge à l’œuvre, une quenotte en coulerait presque de chaleur.

Tu t’abîmes partout où rien ne se voit puis revoilà.  

Dans ton poing serré.

Grand merci à Sophie.


Pour pourrez découvrir mes mots chez eux… ici chez Sophie Régnier

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants


vendredi 7 mars 2014

Les vases communicants - mars 2014 (29) : Cécile Portier & François Bonneau

Dans le cadre des vases communicants de mars2014, mon 29ème échange de mots

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
Exceptionnellement, chez les autres…………

L’aventure du 1er vendredi du mois de mars 2014 est racontée ici.

Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir un duo.
Cécile Portier dont les mots sont ici et là aussi
François Bonneau dont vous pourrez découvrir les textes ici ou


Merci également à Brigitte Célérier dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et allez lire ses impressions de lecture… un petit bijou chaque mois.

Mais place aux mots du duo.

Honneur à Cécile Portier :

«Tu vois moi je faisais de la moto. En compétition. J’adorais ça la moto, j’allais à fond. Je me penchais sur la bête, je foutais les gaz, ça partait tout de suite, j’adorais, j’allais vite. Je sentais le moteur sous moi, la machine, c’était puissant.
Et puis un jour j’ai commencé le cheval. En autodidacte.
J’ai commencé le cheval, eh bien c’est pas du tout pareil.
Il y avait cette vieille jument, elle avait jamais rien fait que ce qu’elle voulait, un jour je l’ai emmenée se promener à la longe, j’étais même pas dessus, mais il fallait quand même qu’elle obéisse à mon chemin, ça l’a rendu folle. Elle s’est jetée dans l’étang, pour échapper. Heureusement elle a su d’un coup de rein se sortir de l’eau, revenir. Sinon je sais pas ce que j’aurais fait.
Et puis il y a eu Pacha. Pacha c’était un canasson, tout le monde disait y a rien à en tirer. Pacha j’ai mis cinq ans à le comprendre, à me faire comprendre. Mais à la fin c’est dingue comment c’était entre nous. Je lui parlais, je lui disais, vas-y Pacha. Et là il donnait tout, il donnait tout son coeur. Il ne s’écoutait plus, il n’écoutait que moi, il se dépassait pour moi. J’étais même obligé de le ralentir, de tirer sur la bride, j’étais obligé de le ramener à lui, sinon il aurait claqué. Du moins on n’aurait pas passé le contrôle médical, il aurait eu le palpitant trop rapide. Il m’a emmené plus loin que je pensais, Pacha.»







Place aux mots de François Bonneau

Sous leurs plaques
François Bonneau pour Danielle Masson – Vases Communicants de mars 2014.

Sous leurs plaques, ça pulse.
J’ai beau passer mon doigt sur leurs peaux, ils m’y invitent, mais je ne sens que le métal, petit rectangle ajusté, vissé dessous, ils me disent je ne sens rien, quoique ça gène un peu ici, là, pendant certains mouvements, bof, tu sais il y a pire, et puis c’est pas à vie.
Pas bioniques, mais peu s’en faudrait. Peut-être qu’un chirurgien, ça peut demander à un assistant une clé de huit aseptisée.
Sous leurs plaques, ça pulse. Sous ces carters incongrus qui ressoudent, qui reprisent la carcasse osseuse, sous ces lamelles métalliques recouvertes par pudeur d’une peau qui rend invisible la médecine mécanique, petit à petit ça soude et ça connecte, ça ajuste et ça joint, en bon moteur vivant.




Illustration : photo F.Bonneau, issue de la série « de tout, un pneu » : http://irregulier.blogspot.fr/search/label/un%20pneu


Grand merci à Cécile et François.


Pour pourrez découvrir mes mots chez eux… ici chez François Bonneau

Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants