vendredi 30 mars 2012

Désir d'histoires (18), Edition 60 - Pas d'icône dans le jardin mais ...



Des mots, une histoire 60



Pas d’icône dans le jardin mais …

Le premier lundi des vacances de Pâques, ou de printemps comme ils disent maintenant, Milàn s’était assis au pied du cerisier, encore vide de ses fruits dont il se régalait tant. Il était dans le jardin de celui qu'’il aimait appeler grand-père. Il lui avait suffi de sortir de sa maison, de suivre le trottoir, à peine sur cent mètres et de gagner cette maison au nom incroyable de « La plaine ».

Il se lovait dans sa bulle de bonheur.

Près de lui, sa brouette magique. Il avait une habitude bien à lui, de donner à un nom à tout ce qui l’entourait, donc il l’avait appelée Myriade. Il ne savait plus trop ce que cela voulait dire mais il avait entendu sa mère l’employer un jour et le mot lui avait plu. Il se rappelait le moment exact où elle l’avait dit. C’était une soirée où il regardait le ciel avec ses parents et il l’avait entendu dire : « regarde la myriade d’étoiles filantes. Fais vite un vœu. Vite ! ». Son vœu avait été vite trouvé : arrêter d’avoir de la fièvre et d’avoir si soif tout le temps.

Mais revenons, à la valise… non à la brouette. Une petite étourderie que vous pardonnerez au narrateur qui se laisse entraîner par cet enfant aux yeux kaléidoscopes et dont les paupières sont ourlées de si longs cils blonds. Autre astuce que la phrase précédente pour caser deux mots imposés. Mais revenons à nos moutons.

Grand-père lui avait fait cadeau de la brouette, comme cela sans raison. Rien à fêter, rien à célébrer. Juste une envie de Grand-père de lui mettre des étoiles dans les yeux. Grand-père aimait faire des surprises. Il aimait faire plaisir juste pour le plaisir.
Dans un autre temps, on aurait dit qu’il avait du savoir-vivre.
Milàn le soupçonnait de s’être fait encore plus plaisir en remettant à neuf la vieille brouette que l’enfant avait trouvée, renversée et en piteux état dans la cabane à demi écroulée au fond du jardin.

Cette cabane l’avait toujours intriguée. Elle était toujours si silencieuse et pleine de mystères non encore dévoilés. Un jour viendrait où il saurait.
Milàn savait que Grand-père lui en raconterait un jour l’histoire. Sinon il saurait se faire câlin auprès d’Hélène, la compagne de Grand-père pour savoir car ses parents et surtout Clémence évitaient de répondre à ses questions. Pourtant il en avait posé des questions…

La brouette était toute blanche, cinq brins de lavande peints sur un flanc, une grenouille de l’autre côté. Sa roue grinçait.

Milàn était tout songeur.

Il avait tiré de sa brouette Ti’jama, son copain retrouvé au fonds de la malle arrivée avec lui de l’orphelinat. Cela faisait maintenant presque un an qu'’il était arrivé en France. Il y avait mis aussi le dernier livre que Grand-père lui avait offert « Les ombres chinoises » de Sophie Collins.

Ce mot ombre l’avait intrigué quand il l’avait lu sur la couverture.

Et qu'’elle ne fut pas sa surprise en l’ouvrant ; des animaux plus vrais que nature apparaissaient à toutes les pages. Cela allait du chien à l’éléphant en passant par les oiseaux, les poissons.

Il était subjugué et passait de page en page.

Il se déplaça sous le cerisier, se mit dans le rayon de lumière qui passait entre les branches et commença à s’exercer. Il s’énerva, tournicota ses mains dans tous les sens, éclata de rire, passa de page en page et découvrit enfin un chat, le chat, son chat, Monsieur Châ.

Il regarda bien, essaya, réussit et l’emmena partout avec lui.



Les mots imposés pour la 60ème de Des mots, une histoire sont : myriade – vide – lundi – (saturnale)s – grenouille – bulle – icône – silencieuses – astuce – savoir-vivre – valise – étourderie – soif – plaine – kaléidoscope – (syndérèse) – fièvre – trottoir – renverser – paupière – surprise

8 commentaires:

patriarch a dit…

Merci... J'aime.. Bises

Olivia a dit…

Tout en douceur...

covix a dit…

Bonsoir,
Un beau texte, j'aime bien
Bonne fin de soirée
@ plus

Miss So a dit…

C'est un superbe portrait, j'adore la façon dont tu l'esquisses, bravo...
Solange

Valentyne a dit…

J'aime beaucoup ta façon d'ecrire à hauteur d'enfants :-) bonne journée

ceriat a dit…

Moi aussi je veux une brouette ! ;-) Pardon, j'étais restée dans ton texte. ;-) J'aime énormément ce petit retour dans un monde d'innocence enchantée. :D

elcanardo a dit…

Tout en douceur, un soupçon de malice narratrice et un personnage qui remue l'affectif...voilà ce que j'appelle un beau texte en quelques mots imposés et phrases bien tricotées. Un plaisir à découvrir ! Merci

Brouette de Coincoins

Pierrot Bâton a dit…

Les grands-pères n' ont pas besoin d' occasions prtécises pour donner de la joie aux enfants. En voilà bien la preuve!