Des mots, une
histoire 60
Pas d’icône dans le jardin mais …
Le premier lundi des vacances de Pâques, ou de printemps
comme ils disent maintenant, Milàn s’était assis au pied du cerisier, encore
vide de ses fruits dont il se régalait tant. Il était dans le jardin de celui
qu'’il aimait appeler grand-père. Il lui avait suffi de sortir de sa maison, de
suivre le trottoir, à peine sur cent mètres et de gagner cette maison au nom incroyable
de « La plaine ».
Il se lovait dans sa bulle de bonheur.
Près de lui, sa brouette magique. Il avait une habitude bien
à lui, de donner à un nom à tout ce qui l’entourait, donc il l’avait appelée
Myriade. Il ne savait plus trop ce que cela voulait dire mais il avait entendu
sa mère l’employer un jour et le mot lui avait plu. Il se rappelait le moment
exact où elle l’avait dit. C’était une soirée où il regardait le ciel avec ses
parents et il l’avait entendu dire : « regarde la myriade d’étoiles filantes.
Fais vite un vœu. Vite ! ». Son vœu avait été vite trouvé :
arrêter d’avoir de la fièvre et d’avoir si soif tout le temps.
Mais revenons, à la valise… non à la brouette. Une petite
étourderie que vous pardonnerez au narrateur qui se laisse entraîner par cet
enfant aux yeux kaléidoscopes et dont les paupières sont ourlées de si longs
cils blonds. Autre astuce que la phrase précédente pour caser deux mots
imposés. Mais revenons à nos moutons.
Grand-père lui avait fait cadeau de la brouette, comme cela
sans raison. Rien à fêter, rien à célébrer. Juste une envie de Grand-père de
lui mettre des étoiles dans les yeux. Grand-père aimait faire des surprises. Il
aimait faire plaisir juste pour le plaisir.
Dans un autre temps, on aurait dit qu’il avait du savoir-vivre.
Milàn le soupçonnait de s’être fait encore plus plaisir en
remettant à neuf la vieille brouette que l’enfant avait trouvée, renversée et
en piteux état dans la cabane à demi écroulée au fond du jardin.
Cette cabane l’avait toujours intriguée. Elle était toujours
si silencieuse et pleine de mystères non encore dévoilés. Un jour viendrait où
il saurait.
Milàn savait que Grand-père lui en raconterait un jour
l’histoire. Sinon il saurait se faire câlin auprès d’Hélène, la compagne de
Grand-père pour savoir car ses parents et surtout Clémence évitaient de
répondre à ses questions. Pourtant il en avait posé des questions…
La brouette était toute blanche, cinq brins de lavande
peints sur un flanc, une grenouille de l’autre côté. Sa roue grinçait.
Milàn était tout songeur.
Il avait tiré de sa brouette Ti’jama, son copain retrouvé au
fonds de la malle arrivée avec lui de l’orphelinat. Cela faisait maintenant
presque un an qu'’il était arrivé en France. Il y avait mis aussi le dernier
livre que Grand-père lui avait offert « Les ombres chinoises » de
Sophie Collins.
Ce mot ombre l’avait intrigué quand il l’avait lu sur la
couverture.
Et qu'’elle ne fut pas sa surprise en l’ouvrant ; des
animaux plus vrais que nature apparaissaient à toutes les pages. Cela allait du
chien à l’éléphant en passant par les oiseaux, les poissons.
Il était subjugué et passait de page en page.
Il se déplaça sous le cerisier, se mit dans le rayon de
lumière qui passait entre les branches et commença à s’exercer. Il s’énerva, tournicota
ses mains dans tous les sens, éclata de rire, passa de page en page et
découvrit enfin un chat, le chat, son chat, Monsieur Châ.
Il regarda bien, essaya, réussit et l’emmena partout avec
lui.
Les mots imposés pour la 60ème de Des
mots, une histoire sont
: myriade – vide – lundi – (saturnale)s – grenouille – bulle – icône –
silencieuses – astuce – savoir-vivre – valise – étourderie – soif – plaine –
kaléidoscope – (syndérèse) – fièvre – trottoir – renverser – paupière –
surprise
8 commentaires:
Merci... J'aime.. Bises
Tout en douceur...
Bonsoir,
Un beau texte, j'aime bien
Bonne fin de soirée
@ plus
C'est un superbe portrait, j'adore la façon dont tu l'esquisses, bravo...
Solange
J'aime beaucoup ta façon d'ecrire à hauteur d'enfants :-) bonne journée
Moi aussi je veux une brouette ! ;-) Pardon, j'étais restée dans ton texte. ;-) J'aime énormément ce petit retour dans un monde d'innocence enchantée. :D
Tout en douceur, un soupçon de malice narratrice et un personnage qui remue l'affectif...voilà ce que j'appelle un beau texte en quelques mots imposés et phrases bien tricotées. Un plaisir à découvrir ! Merci
Brouette de Coincoins
Les grands-pères n' ont pas besoin d' occasions prtécises pour donner de la joie aux enfants. En voilà bien la preuve!
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