samedi 7 avril 2012

Chez Asphodèle, les mots en O (12) - Octave



LES PLUMES DE L’ANNÉE - la lettre O !!!




Dialogue avec mon autre moi.

Octave ! Où es-tu ?

Aujourd’hui, mon ombre a disparu.

Mais, une petite précision d’abord, mon ombre n’est pas une ombre or-dinaire.
Oui, habituellement, une ombre est noire ou chinoise. Mais la mienne est couleur de l’opale.
Vous pouvez imaginer, je pense, sa couleur facilement : blanche laiteuse avec des reflets irisés. Du meilleur goût mais surtout unique et très chic.
Certains jours, elle change d’atours et se revêt de la couleur orange. Surtout quand le soleil brille, cela est du plus bel effet.

Avec mon ombre, quelque soit sa couleur, nous sommes en parfaite osmose.
À une exception près, les mauvais jours, quand elle est de couleur noire, là, elle me donne le bourdon.

Je me suis fabriquée mon calendrier des ombres et je les consigne scrupuleusement car j’aimerai bien comprendre ses habitudes et parfois essayé de l’influencer.

Ainsi j’ai remarqué que chaque premier lundi du mois, elle est bleue.
Et là, j’y vais de ma petite ode au saint du jour que j’écris sur un des successeurs du petit recueil bleu que j’ai retrouvé au fond d’un tiroir. Il m’a ramené vingt ans en arrière.
C’était un vrai plaisir jamais une obligation. Je me régalais.
Aujourd’hui, j’ai décidé de renouer avec cette habitude.
Ce serait comme réparer une offense au temps passé, à cet oubli d’avoir continué à poser les mots sur le petit carnet bleu.

Oh !

Nous sommes vendredi aujourd’hui et mon ombre a disparu.
Bizarre car d’ordinaire, le vendredi, elle est noire, elle m’accompagne et ne fait aucune fantaisie. C’est juste avant la fin de la semaine et elle a l’humeur chagrine.

Et cerise sur le gâteau, nous sommes vendredi 13.
Il y a de l’orage dans l’air. Mon ombre craint le tonnerre et encore plus les éclairs. Je crois qu’elle a pris la poudre d’escampette
C’était pour elle une opportunité à saisir !

Il vous faut croire à mon histoire. Je n’enfonce pas par plaisir une porte ouverte. N’est pas onirique qui veut !

Mais je reconnais que mon ombre et moi, cela tourne à l’obsession.

Je la surveille sans arrêt car, sans en avoir l'air, elle me dicte mon humeur du jour.

Jamais elle ne s’est déguisée en ombrelle ; elle n’aime jouer qu’avec les couleurs.

Pourtant cela serait assez distrayant de voir son ombre avec un parapluie les jours de soleil ou un chapeau de sorcière les jours de pluie.

Je divague mais je vous assure, elle a de l’humour et pourrait bien me jouer un de ces tours-là un jour.

Mais aujourd’hui, quel oubli… elle s’est absenté et me laisse désemparé.

Je lui ai pourtant donné un joli nom, Octave et je lui parle tout le temps.
Alors pourquoi cette fuite ?

C’est le point d’orgue de notre relation : une rupture que je n’ai pas vu venir.
Se serait-elle enfuie vers l’océan ou partie courir sur les flancs d’un sommet himalayen ou partie voir les camélias en Chine ?


Ou pourquoi pas, d’humeur joueuse, elle est montée au sommet d’un orme. Elle veut m’obliger à lever la tête.

Mais je préfère, en ce vendredi 13, admirer les orchidées sauvages dans mon jardin.







13 commentaires:

Bettina a dit…

Superbe et très onirique! J'adore...
Bravo!

Asphodèle a dit…

Une ombre joueuse qui se joue des mots ! Très bien vu... (et il y a pas mal d'Octave aujourd'hui !^^)

Mind The Gap a dit…

Quelle belle idée. C'est un très joli texte. Les ombres sont fugaces on dirait.

Zoé a dit…

Oh, perdre son ombre ? elle est joueuse elle reviendra.

Gwenaelle a dit…

J'aime beaucoup cette idée d'ombre joueuse et colorée.. Des images étonnantes dans ton texte...

Eeguab a dit…

Vraiment remarquable,sans flatterie,un côté il faut se méfier de son ombre,ne pas lâcher la proie pour l'ombre,parfois dégainer plus vite que son ombre.Inquiétant mais très drôle.Bravo,encore une fois.

ceriat a dit…

Cette ombre malicieuse est vraiment bien rendue. :D J'aime beaucoup ce ton texte et ton idée est fabuleuse. :D Il faut la développer. :D Y aura-t-il une suite, pour que l'on sache où est partie la coquine ? :D

Valentyne a dit…

Très beau toutes Ces interrogations. Mais alors tu n'es plus que l'ombre de toi même sans ton ombre ;-)
Tres bien trouvé l'utilisation d'ombrelle ;-)

elcanardo a dit…

J'ai adoré te suivre, comme ton ombre, dans cet hommage sans ombrage à ce fidèle mais désormais perdu compagnon. Bravo !

Coincoins en pleine lumière

Marie-Floraline a dit…

Bravo pour l'ombre humanisée :D et sacrément indépendante.
Merci pour ta visite

claudialucia a dit…

J'aimerais tant avoir une ombre qui change de couleurs comme celle-ci! Une ombre magique comme ton texte!

Amélie Platz a dit…

J'aime beaucoup cette idée de l'ombre qui change de couleur selon son humeur... ou le jour de la semaine ! C'est vraiment bien vu, et bien écrit !

Pierrot Bâton a dit…

C' est bien de l' avoir laissé s' absenter! Je n' aime pas l' idée de la coudre à ses pieds...