lundi 16 avril 2012

Une photo, quelques mots (36), La maison de Jacob


 

Sur proposition de Leiloona

Pour voir tous les textes, c’est ici

 

10 avril 2012

Une photo, quelques mots (36)


 Cette photo a été prise le 26 décembre 2011 en Haute-Garonne, Midi-Pyrénées, France

La maison de Jacob.

Le temps est tellement triste que je ne sors plus depuis presque deux semaines. Presque un temps de Toussaint en ce début avril.
Un brin de solitude ne fait pas de mal non plus. Il faut bien que ma fidèle Alice prenne quelques congés et aille se ressourcer en compagnie de son Richard en marchant. Quelle idée ! Ils sont peut-être partis vers cette maison dont je viens de retrouver la photo.
Drôle de lumière qui chevauche vers l’infini au-dessus de ce toit qui vient me chatouiller la mémoire. Pourquoi Grégoire a-t-il été la cacher dans le tome 1 du livre de Dina.
Difficile de remettre mes pensées dans les siennes. Pourtant, il ne faisait rien sans raison. Cette maison, je ne sais plus où elle est. Y suis-je même aller ?
Pourquoi ma mémoire me joue-t-elle des tours de plus en plus pendables ?
Qui l’a bâti ? Et toujours ce lancinant où qui me vrille les tympans. Impossible de me souvenir. Pourtant, je suis persuadée d’y avoir séjourné.
Mais tout cela me désole.
Pourtant, elle est présente en moi.
Grégoire a toujours été un rêveur et je me doute que c’est une des maisons qu’il a remise en état. Mais pour nous, pour un de ses clients ou est-ce une maison qu’il aurait aimé investir, remodeler, révéler à elle-même ?
Les souvenirs se mêlent dans ma pauvre tête.
Derrière, il est écrit « Jacob ». Mais pas de date, pas de lieu.
Pourquoi Grégoire étais-tu si secret ?
Qui était ce Jacob, le propriétaire de cette maison, son futur acquéreur ou le nom d’un de tes clients ?
Nom ou prénom, quel Jacob a mérité de voir son nom figurer derrière cette photo ?
Je me suis assoupie. La photo a glissé à terre.
Je la ramasse.
Et là tout me revient.
C’était en fin de l’année 1960. Nous étions partis tous les deux sillonner les routes des Pyrénées dans notre Dauphine rutilante. Tu venais juste de te remettre d’une mauvaise pneumonie. Tu commençais à être reconnu comme architecte. Tu redonnais âme aux vieilles demeures. Tu en avais fait ta spécialité.
Au détour d’un chemin, nous étions tombés en arrêt devant cette demeure majestueuse. Tu avais sorti ton appareil photo. Tu l’avais mitraillée. Tu étais parti dans un grand discours, luiimaginant une nouvelle jeunesse, une nouvelle vie.
Tu rêvais à haute voix quand un homme était venu vers vous.
Je m’appelle Jacob, c’est la maison de ma grand-mère. Vous voulez la visiter ?

5 commentaires:

lucie a dit…

la mémoire qui flanche et hop en un éclair tout revient !! on range parfois nos souvenirs loin...et on ne sait pas comment les reconvoquer.

Leiloona a dit…

Une photo qui déclenche des souvenirs !

Et encore et toujours des secrets ...

wens. a dit…

La mémoire ? pourquoi garde-t-on des souvenirs et pourquoi d'autres s'effacent à jamais.

monsieurnormal a dit…

J'aime beaucoup ce dialogue intérieur, cette solitude grise mais pourtant habitée, de proches, de questions vivantes. Je veux bien visiter !

Amélie Platz a dit…

J'aime beaucoup ton texte ! Il parle très bien des souvenirs, des processus de la mémoire, de l'association d'idées... et ils l'ont visité, la maison ?