De plus en plus accro à cette idée d'écrire, d'écrire
grâce encore à Claude Simon.
C'est ici.
Gabrielle
L’arbre
aux branches toujours aussi enchevêtrées cache une partie de la devanture de la
crêperie ; il aperçoit le pan d’une grande jupe noire habillée d’un
tablier blanc, bordé de dentelle. Il ne manque que la coiffe, pour faire croire
qu’un coin de Bretagne s’est installé en Provence.
Que
fait-elle là : elle a repris l’ancienne boulangerie de ses parents ;
elle représente la quatrième génération ; l’Italie est de plus en plus
loin dans ses gènes ; des odeurs de pain au chocolat, de chaussons aux
pommes lui reviennent aux narines ; elle a tout transformé et a réalisé
son rêve d’enfance, elle la passionnée de la forêt de Brocéliande, du Roi
Arthur et de la pointe du Raz : ouvrir une crêperie ; mais dans un
coin, il reste toujours un étal réservé aux pains de toutes sortes. Qui les
façonne et en régale le village ?
Que
cherche-t-elle à prouver : que les rêves d’enfant peuvent se
réaliser ; il suffit de le vouloir très fort, de convaincre son banquier,
une chance son compagnon également, cela aide ; elle va, vient, redresse
un bouquet de fleurs ; elle vérifie l’harmonie des bleus des nappes ;
elle rayonne ; il a envie de l’appeler, il a envie de la prendre dans ses
bras ; il a envie d’effacer les quinze ans d’absence.et ce sourire,
toujours le même. Et toujours le même geste pour relever sa mèche rebelle,
toujours la même.
« Les
Billig et Rozell de Gabrielle », il faudra qu’il ose pousser la porte de
la boutique, que tient maintenant la secrète amoureuse de ses quinze ans, qu’il
quitta sans un au-revoir. Il faudra aussi saluer Grand Pierre, le maire réélu
de son village de naissance et son compagnon. Sourire, sourire, mais est-ce que
cela sera possible ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire