Sur une idée d’Olivia,
Les mots de Christine,
de tout là-bas en Chine
Des
mots, une histoire 42
Les textes
de la semaine ici
Liste
des mots
L’édition
42 de Des mots, une histoire a pour mots imposés :
Dégustation
– cousin – coussin – homonyme – accordéon - zinzolin – retour – partance –
respirer – irradier – déracinement – fauve – voyage – partisan – ankylosé –
araignée – vivre – résolution – forme – éclat – toile
-
« Pourquoi
tu te tais ? »
-
« Parce
que je n’ai rien à dire… »
…..
-
« Mais
pourtant, maintenant que tu as bougé, vu
des choses… »
-
« Tu
sais, mon âme était ankylosée… là-bas… J’avais le droit de haïr mes ennemis
mais pas mes cousins, mes frères… »
-
Forme
d’une histoire. La sienne. Une résolution prise il y a longtemps.
Emporter
son patronyme, aller vers ses homonymes.
En
rentrant ce soir, il a envie de
s’arrêter au cinéma de plein air, flâner un peu, traîner, quoi… Sur l’écran,
des fauves en dégustation acharnée agitent une carcasse dépecée.
Lui
est là, en retrait sur le côté, incapable d’aller se mêler à ses pairs et dans
sa tête, toujours ces allers-retours entre l’envie et la paralysie, la partance
et l’arrêt.
Ce
n’est pas la toile qu’il regarde, mais tous ces profils brillants, ces lèvres charnues…
Tous
sont lui, mais lui n’est pas, et c’est là son histoire, c’est avec ça qu’il
essaye de vivre. Comment exorciser ce
déracinement, quel marabout en viendrait à bout ?
Autophage,
il réfléchit trop et se ronge le cerveau.
Soudain,
un éclat violent vient irradier la nuit, l’écran vire feu les partisans affamés, par surprise, ont frappé.
Blanche
la nuit, rouge ses yeux, noir son sang, ses pensées vont et viennent en
accordéon, entre l’ancienne patrie et ici. Avoir cru trouver l’endroit où il
pourrait respirer, maintenant ce non-voyage le ravage, c’est son pays qui
l’attaque et le plaque.
Allongé
face contre terre, ses membres saignent, les années noires reviennent, des
milliers d’araignées l’envahissent, des pieds le secouent.
Un
dernier effort pour se rappeler, avant le ciné, assis sur un coussin couleur zinzolin, face au Falémé qui filait tranquille,
et cette fille qui lui demandait :
-
« Pourquoi
tu te tais ? »
13 commentaires:
Un texte très imagé, et fort.
Très beau ce texte, très fort, les ravages de la guerre sur l'esprit. J'aime aussi la structure du récit encadré par la question : Pourquoi tu te tais? Entre l'ouverture et la fermeture du texte, la réponse.
Et voilà: j' ai appris le nom d' un nouveau fleuve en lisant un texte fort!
ouh la la, quelle fin ! quel texte surtout !!
les images sont là du début à la fin
et l'histoire du personnage est frappante, j'ai été happée dès le premier mot
belle belle journée
mille bisous
sourire
Bonjour,
Du punch, un combat ed boxe... pour un texte très fort.
merci
bonen journée
@mitié
Quelle énergie ! Ce texte dégage des sensations très riche. :-)
Je reste là, sans mots, sous le charme de ton texte qui nous saisit.
Et puis, moi aussi, je sais que zonzolin est une couleur et que c'est un fleuve qui file tranquille...
Bises de Lyon
Après avoir vécu des choses si fortes (violentes?) parfois on ne peut que se taire
bonne soirée
Comment parler de l'indicible, les mots ici sont magnifiques pour dire ces silences qui brûlent. Autophage, c'est une conviction que j'assume aussi, tiens donc ?
C'est un texte fort, puissant qui pose plein de questions... Bravo...
Pour ma part, je me suis laissée complètement happée par le rythme des mots, comme des claques qui claquent... Bravo, le texte est vraiment très fort ! et très beau.
Waouh! Entre poésie, slam et cinéma. Ton texte file comme une flèche et atteint le cœur de la cible!
"Tous sont lui, mais lui n’est pas, et c’est là son histoire, c’est avec ça qu’il essaye de vivre."
Ton texte est fort, brutal. La guerre ,fratricide par essence, un "beau" moyen de placer ce terme d'"homonyme" qui m'a, pour ma part, un peu laissé de glace. Bravo !
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