vendredi 7 octobre 2011

Désir d'histoires (2), Christine, atelier 42 - Pourquoi tu te tais



Sur une idée d’Olivia,
Les mots de Christine,
de tout là-bas en Chine

Des mots, une histoire 42

Une nouvelle récolte de mots ! Cliquez ici pour les explications…



Les textes de la semaine ici


 

 

Liste des mots

L’édition 42 de Des mots, une histoire a pour mots imposés :
Dégustation – cousin – coussin – homonyme – accordéon - zinzolin – retour – partance – respirer – irradier – déracinement – fauve – voyage – partisan – ankylosé – araignée – vivre – résolution – forme – éclat – toile

-        « Pourquoi tu te tais ? »
-        « Parce que je n’ai rien à dire… »
…..
-        « Mais pourtant,  maintenant que tu as bougé, vu des choses… »
-        « Tu sais, mon âme était ankylosée… là-bas… J’avais le droit de haïr mes ennemis mais pas mes cousins, mes frères… »
-         
Forme d’une histoire. La sienne. Une résolution prise il y a longtemps.
Emporter son patronyme, aller vers ses homonymes.

En rentrant ce soir, il  a envie de s’arrêter au cinéma de plein air, flâner un peu, traîner, quoi… Sur l’écran, des fauves en dégustation acharnée agitent une carcasse dépecée.
Lui est là, en retrait sur le côté, incapable d’aller se mêler à ses pairs et dans sa tête, toujours ces allers-retours entre l’envie et la paralysie, la partance et l’arrêt.
Ce n’est pas la toile qu’il regarde, mais tous ces  profils brillants, ces lèvres charnues…
Tous sont lui, mais lui n’est pas, et c’est là son histoire, c’est avec ça qu’il essaye de vivre. Comment  exorciser ce déracinement, quel marabout en viendrait à bout ?
Autophage, il réfléchit trop et se ronge le cerveau.

Soudain, un éclat violent vient irradier la nuit, l’écran vire feu  les partisans affamés, par surprise, ont frappé.
Blanche la nuit, rouge ses yeux, noir son sang, ses pensées vont et viennent en accordéon, entre l’ancienne patrie et ici. Avoir cru trouver l’endroit où il pourrait respirer, maintenant ce non-voyage le ravage, c’est son pays qui l’attaque et le plaque.

Allongé face contre terre, ses membres saignent, les années noires reviennent, des milliers d’araignées l’envahissent, des pieds le secouent.
Un dernier effort pour se rappeler, avant le ciné, assis sur un coussin  couleur zinzolin, face au Falémé qui filait tranquille, et cette fille qui lui demandait :

-        « Pourquoi tu te tais ? »

13 commentaires:

Olivia a dit…

Un texte très imagé, et fort.

claudialucia a dit…

Très beau ce texte, très fort, les ravages de la guerre sur l'esprit. J'aime aussi la structure du récit encadré par la question : Pourquoi tu te tais? Entre l'ouverture et la fermeture du texte, la réponse.

Pierrot Bâton a dit…

Et voilà: j' ai appris le nom d' un nouveau fleuve en lisant un texte fort!

Anonyme a dit…

ouh la la, quelle fin ! quel texte surtout !!
les images sont là du début à la fin
et l'histoire du personnage est frappante, j'ai été happée dès le premier mot

belle belle journée
mille bisous
sourire

covix a dit…

Bonjour,
Du punch, un combat ed boxe... pour un texte très fort.
merci
bonen journée
@mitié

ceriat a dit…

Quelle énergie ! Ce texte dégage des sensations très riche. :-)

Soène a dit…

Je reste là, sans mots, sous le charme de ton texte qui nous saisit.
Et puis, moi aussi, je sais que zonzolin est une couleur et que c'est un fleuve qui file tranquille...
Bises de Lyon

Valentyne a dit…

Après avoir vécu des choses si fortes (violentes?) parfois on ne peut que se taire
bonne soirée

Asphodèle a dit…

Comment parler de l'indicible, les mots ici sont magnifiques pour dire ces silences qui brûlent. Autophage, c'est une conviction que j'assume aussi, tiens donc ?

Miss So a dit…

C'est un texte fort, puissant qui pose plein de questions... Bravo...

Amélie Platz a dit…

Pour ma part, je me suis laissée complètement happée par le rythme des mots, comme des claques qui claquent... Bravo, le texte est vraiment très fort ! et très beau.

Gwenaelle a dit…

Waouh! Entre poésie, slam et cinéma. Ton texte file comme une flèche et atteint le cœur de la cible!

Magic Alice a dit…

"Tous sont lui, mais lui n’est pas, et c’est là son histoire, c’est avec ça qu’il essaye de vivre."
Ton texte est fort, brutal. La guerre ,fratricide par essence, un "beau" moyen de placer ce terme d'"homonyme" qui m'a, pour ma part, un peu laissé de glace. Bravo !