Sur une idée d’Olivia,
Des mots, une histoire 44
Les textes du 21 octobre 2011, ici
Nuits blanches
Il
regarde le réveil. Il
n’est que 3.32 !
Il
n’en peut plus de ces nuits blanches, de ce temps qui ne passe pas assez vite.
Même un livre ne le réconciliera
pas avec la nuit. Pourtant plusieurs écrits par des Immortels
trônent par terre à côté du lit. Mais il n’y arrive pas plus que le jour.
Il
voudrait que le jour se lève ou ne couche jamais.
Il
voudrait calquer sa vie sur celle
qu’elle doit être en train de mener.
Quelle
heure est-il pour elle ?
Il
ne sait plus. Il s’imagine que c’est l’heure du déjeuner où elle finira par son
dessert préféré, un mazarin.
Il la voit déguster cette génoise aux fruits confits…
Il
en est sûr. à ce moment précis, il sait, il sent, il respire dans le même
souffle qu’elle. Il la voit en train de se lécher les doigts de sa main gauche,
poisseux du trop de sucre. Il se souvient… mais il ne sait plus quand cela
était.
Des
souvenirs reviennent… Dans le désordre, tout revient… des retours
en arrière incessants. Tout cela l’épuise.
Il
se souvient. C’est elle qui lui a appris cette technique.
Pour
s’endormir, mettre sa respiration dans la sienne, se laisser bercer par ses
inspiration-expirations. Se laisser bercer, bercer… Il essaie, malgré sa trop
longue absence, de retrouver son rythme. Mais il n’y arrive pas, n’y arrive
plus. Les larmes montent.
La
nuit blanche va reprendre ses droits.
Pour s’évader,
il repense à toutes leurs promenades, à celles qu’ils faisaient dans la forêt si proche. Mais surtout, il se
souvient du tertre qu’ils ont si
souvent escaladé. Il n’avait rien qu’un cloaque mais
de loin, avait un petit air de pagode.
Il lui avait soutenu avoir identifié, un jour, un virgule
papillon[1].
Elle ne l’avait pas voulu le croire. Dans ce cas, il la surnommait « mon petit hérisson », quand
elle s’opposait à lui.
Sur
le petit tertre, ils y avaient vu des mères
de famille[2],
avaient rapporté ces plantes succulentes mais n’avaient pas osé les utiliser
contre ses maux de tête lancinants ou les manger comme des laitues.
Il se remémore l’ascension mainte fois répétée. Elle avançait devant lui, fière
d’elle, exubérante… sa jambe cassée
n’était plus qu’un mauvais souvenir… elle était moins hardie dans la descente.
Il lui tenait la main, s’arrêtait tous les cinq pas pour l’embrasser dans le
cou, lui déposer un tendre baiser sur sa fossette gauche, lui mordiller le lobe
de l’oreille. Elle était à ses côtés. Il sent encore son parfum… de l’extrait
de lavande… juste cela et toujours que cela… rien de ces vaporeux
parfums très chers.
Leur
récompense, à leur retour de promenade, de grandes tartines
de pain de campagne grillées nappées de confiture maison. En automne, ils
faisaient griller les châtaignes
qu’ils avaient ramassées. Il entend encore ses Aïe !
Que
de douceur se dégageait de ces moments à
jamais perdus mais inoubliables.
Aucune
indifférence entre eux.
Son
absence se faisait sentir de plus en plus cruellement.
Pourquoi ce départ si soudain ?
Les
nuits blanches étaient de plus en plus nombreuses… il rêvait de retrouver ses
bras, sa chaleur. Ses mots, murmurés au creux de son oreille, lui manquaient de
plus en plus.
Il
avait froid. Il avait toujours froid depuis son départ.
Liste des mots
Edition 44 du jeu Des mots, une
histoire, les mots
imposés sont : réveil – calquer – mazarin – technique – tertre – châtaigne –
douceur – cloaque – indifférence – cruellement – mère – tartine – pagode
– virgule – hérisson – retour – laitue – exubérant – forêt – livre – vaporeux –
immortels
13 commentaires:
une drôle de coïncidence...
j'écris mon texte, puis ouvre le message de Christine et découvre son texte
chez Christine : " Le réveil indique : 3h 24."
Mon texte, "Il regarde le réveil. Il n’est que 3.32 !"
Nous sommes insomniaques, me répond Christine...
bonne lecture et belle journée à vous
je ne lirais vos textes que ce soir...
Ca fait plaisir de te voir écrire dans l'émotion, j'ai beaucoup aimé ! (Il est souvent 3 heures passées quand nous ne dormons pas...)
Aucune difficulté pour m'endormir. Des que mes yeux se posent sur le lit, ils ferment, d'un commun accord,leurs volets.....
Très bel écrit. Belle journée. Bises
J'aime ces jolis souvenirs...
Ton texte est plein d'émotion, de tendresse, de poésie... de tristesse aussi, devant ces moments disparus. C'est vraiment très très beau...
Belle nostalgie...
C'est superbe ! Oui, je rejoins Amélie dans ce qu'elle en dit...
Aux alentours de 3 h il y a beaucoup d'insomniaques de nostalgie et de regrets.
Un texte bien écrit et bien triste.. On a tous connu au moins une nuit blanche dans sa vie et c'est vrai que cela engendre la mélancolie.
On ressent la souffrance de ce manque à chaque phrase : si teste cette absence, cette solitude dans la nuit...
Un vague à l'âme dans une nuit d'insomnie qui pourtant nous ensorcelle de sa poésie. :-)
Une nuit blanche bien racontée, l'absence est pesante, et ce ressenti est bien décrit.
Bonne journée
@mitié
merci de vos messages...
ce texte est venu d'un seul jet et aurait besoin d'être repris...
mais les mots se sont installés sans crier gare...
bon week-end à vous
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