vendredi 18 novembre 2011

Désir d'histoires (6) Christine, Atelier 46 - IV – Histoire de Rimma Ryskaïa



Sur une idée d’Olivia,


15 NOVEMBRE 2011 - Des mots, une histoire 46




Les mots de Christine,
de tout là-bas en Chine

Suite de chez Eiluned, des éditions 43, 44 d’Olivia

IV – Histoire de Rimma Ryskaïa


L’homme l’avait surprise, elle ne l’avait pas entendu arriver,

Le coup était tombé comme un couperet.

Petit à petit, elle retrouve ses sens, son regard rase le sol, rencontre le pied  patiné du bureau en bois, l’aube a dû se lever et la lumière est là, pâle et épaisse come une purée de poix, ou bien est-ce son esprit qui est si embrumé ?

Un soupir.

Elle a entendu un soupir. Avec peine, posant ses paumes à plat sur le tapis, elle essaye de se relever et s’écroule, si faible. Elle a pu tourner la tête, et à présent elle le voit bien, assis dans un fauteuil luxueux, baignant dans la clarté de la porte-fenêtre située à sa droite.

Il porte des charentaises, elle fixe ses chaussons comme une obsession, elle n’a pas envie de voir le visage de ce type en train de mettre à profit son exécution.

Lui ne la regarde pas pourtant. Son attention est dehors, dans le jardin où résistent encore quelques couleurs de l’automne, où les branches nues des arbres s’emmêlent tel un macramé, où les feuilles mortes et sèches attendent dans la vieille remorque le moment où elles seront brûlées.

Une odeur de cuisine, épaisse et lourde s’infiltre dans la pièce, sûrement sa voisine, la vieille madame F, qui comme tous les dimanches, après son repassage matinal, prépare sa soupe aux panais.
L’odeur n’échappe pas à Rimma, cela l’embrouille encore plus, elle a soudainement envie de rompre et se laisser ensevelir… disparue sa belle énergie de femme battante.
Sur le tapis, elle clot ses yeux, se laisse aller, sa vie n’a jamais été une partie de plaisir, son cœur jamais en paix, elle sent tout s’effondrer, elle n’a plus envie de savoir ce qu’elle fait là, dans cette maison, à quelques mètres d’un homme qu’elle ne connaît pas.

Lui, ramenant son attention à l’intérieur, glisse son regard  sur la gazette niçoise, posée sur le guéridon : « Crise du salariat, révolte des « opiniâtres », salon de l’horticulture… »
Puis  finalement laisse descendre ses paupières.

Tous deux, réunis dans un silence étrange, un moment suspendu, une situation peu commune, tous deux à ce moment-là égarés dans leurs pensées se débattent avec leur vie.…

Signé ©Christine



Liste des mots


Patine (des meubles) – Salariat – Remorque – Regard – Poix – Exécution – Rompre – Panais – Plaisir – Savoir – Paix – Couperet – Jardin – feuille – Macramé – horticulture – Sens – Repassage – Chausson – Soupir – Automne – Ensevelir - Opiniâtre




6 commentaires:

Olivia a dit…

La suiiiiiiiite !
Ton histoire m'a prise, il faut la suite !

covix a dit…

Bonjour,
Comme dit Olivia...la suite, on est dedans.
Bonne journée
@mitié

ceriat a dit…

Je ne saurais mieux dire qu'Olivia et Covix, si ce n'est que j'aime toujours autant ton style. :-)

Asphodèle a dit…

Oui oui une suite, nous sommes tenus en haleine et restons sur notre faim, bravo Christine, il s'en passe des choses en Chine...

Pierrot Bâton a dit…

Je sens que ça ne va pas être gai mais j' attends ...

Valentyne a dit…

Un texte mystérieux et effrayant . On tremble pour elle.