vendredi 5 juin 2015

Les vases communicants (44) : Nicolas Bleusher



Dans le cadre des vases communicants de juin 2015

Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...

L’aventure du 1er vendredi du mois de juin 2015 est ici.


Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nicolas Bleusher dont les mots sont habituellement sur Fictions & Confidences ici.

Nous avons échangé, bavardé autour des incipit et excipit pour finir par tomber d’accord et choisir :
L’incipit trouvé page 32 du livre d’Éric Fottorino, Chevrotine,
"Le lendemain, elle ne se montra pas, ni le jour d'après."

L’excipit
"Les mêmes initiales que les siennes."
Extrait de Maurice G. Dantec, Les racines du mal.


Les mots de Nicolas Bleusher


LV

« Le lendemain, elle ne se montra pas, ni le jour d'après. »

Le quatrième soir s'annonçait : il n'avait toujours rien écrit. Il avait mis sa curiosité à la fenêtre, invité la paresse sous une couette revigorée, chaussé pourtant son casque à musiques.
Il s'était promené au square des Batignolles. Assis sur un banc, il avait relu ce passage qu'il affectionnait, quand le grand-père de Marcel, dans la pénombre du jardin, reconnaissait la voix de Swann et que le héros d'À la recherche du temps perdu, encore enfant, allait « dire, sans en avoir l'air, qu'on apportât les sirops. » Mais la ville rugissait trop, décidément, autour de la végétation contrôlée et des pelouses interdites. Le livre lui tombait des mains. L'inspiration, il ne l'entendait plus venir.

Au matin du cinquième jour elle devait, heureusement, gronder dans son sommeil. Le nez dans un bol de café tiède, il rassemblait obstinément les bribes et les mots en fuite de son dernier rêve : une ancienne bibliothèque, le visage d'Aurélien, son air supérieur, le dialogue interrompu d'une séparation à l'œuvre. Il se rappelait d'un volume pris sur une étagère, d'une page au hasard, d'une phrase précisément. Il ouvrit un petit carnet qu'il tenait toujours prêt sur le buffet. « Me souvenir c'est me faire mal ; je veux choisir la dose, le moment. » Contre sa poitrine, un poids doucement l'avait empêché d'aller plus loin. Sa main droite avait rencontré le pelage du chartreux domestique. Il avait reconnu les ronronnements, compris qu'il était l'heure. Il s'était rendormi.

Le temps de surprendre, imprimées sur la couverture blanche, gaufrée, si réelle, les deux capitales qui formaient le nom de l'auteur. LV. « Les mêmes initiales que les siennes. »

Grand merci à Nicolas

Si vous voulez lire mes mots, c’est ici.


Un grand merci à Angèle Casanova d’avoir repris le flambeau et dont il faut saluer la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et nous gâter par ses enregistrements et ceux de ses deux compères.


Et que sont les VASES COMMUNICANTS ?
Emprunté à Pierre Ménard, car pourquoi dire mal ce qui a été si bien dit :

« François Bon Tiers Livre et Jérôme Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier d’avoir trouvé ce titre de vases communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a démarré le 3 juillet 2009 entre les deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire. 

Si vous êtes tentés par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants




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