Dans
le cadre des vases communicants de juin 2015
Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre...
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Nicolas Bleusher dont les mots sont
habituellement sur Fictions & Confidences ici.
Nous
avons échangé, bavardé autour des incipit et excipit pour finir par tomber
d’accord et choisir :
L’incipit
trouvé page 32 du livre d’Éric Fottorino, Chevrotine,
"Le lendemain, elle ne se montra pas, ni
le jour d'après."
L’excipit
"Les mêmes initiales que les siennes."
Extrait
de Maurice G. Dantec, Les racines du mal.
Les
mots de Nicolas Bleusher
LV
« Le
lendemain, elle ne se montra pas, ni le jour d'après. »
Le quatrième
soir s'annonçait : il n'avait toujours rien écrit. Il avait mis sa curiosité à
la fenêtre, invité la paresse sous une couette revigorée, chaussé pourtant son
casque à musiques.
Il s'était
promené au square des Batignolles. Assis sur un banc, il avait relu ce passage
qu'il affectionnait, quand le grand-père de Marcel, dans la pénombre du jardin,
reconnaissait la voix de Swann et que le héros d'À la recherche du temps perdu,
encore enfant, allait « dire, sans en avoir l'air, qu'on apportât les sirops. »
Mais la ville rugissait trop, décidément, autour de la végétation contrôlée et
des pelouses interdites. Le livre lui tombait des mains. L'inspiration, il ne
l'entendait plus venir.
Au matin du
cinquième jour elle devait, heureusement, gronder dans son sommeil. Le nez dans
un bol de café tiède, il rassemblait obstinément les bribes et les mots en
fuite de son dernier rêve : une ancienne bibliothèque, le visage d'Aurélien,
son air supérieur, le dialogue interrompu d'une séparation à l'œuvre. Il se rappelait
d'un volume pris sur une étagère, d'une page au hasard, d'une phrase
précisément. Il ouvrit un petit carnet qu'il tenait toujours prêt sur le
buffet. « Me souvenir c'est me faire mal ; je veux choisir la dose, le moment.
» Contre sa poitrine, un poids doucement l'avait empêché d'aller plus loin. Sa
main droite avait rencontré le pelage du chartreux domestique. Il avait reconnu
les ronronnements, compris qu'il était l'heure. Il s'était rendormi.
Le temps de
surprendre, imprimées sur la couverture blanche, gaufrée, si réelle, les deux
capitales qui formaient le nom de l'auteur. LV. « Les mêmes initiales que les
siennes. »
Grand merci à Nicolas
Un grand merci à Angèle Casanova d’avoir repris le flambeau et dont il faut saluer
la somme de travail tout au long du mois pour rassembler tous les liens et nous
gâter par ses enregistrements et ceux de ses deux compères.
Et
que sont les VASES COMMUNICANTS ?
« François Bon Tiers Livre et Jérôme
Denis Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants (au départ cela s’appelait le Grand dérangement, pas peu fier
d’avoir trouvé ce titre de vases
communicants) : Le premier vendredi du mois, chacun écrit
sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les
échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens
autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Beau programme qui a
démarré le 3 juillet
2009 entre les
deux sites, ainsi qu’entre Fenêtres / open space d’Anne Savelli et Liminaire.
Si vous êtes tentés
par l’aventure, faîtes le savoir sur le mur du groupe Facebook des vases communicants…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire