samedi 16 juillet 2011

Chez Asphodèle (2), les mots en B, Corentin, chapitre 2


  


Les mots en B à placer étaient : bouquin – bien – bout – beauté – bastingage – bambochade – bravache – barbare – banc – - bambou – baliverne – byzantin – borderline – bébé – bain – blanc (s), blanche(s). 



Un bouquin dans les jardins de l’Anagramme.

Ce matin en arrivant à mon carré de terre, celui que vous connaissez déjà (voir le début de mon histoire), la surprise de ma vie : des crottes de bouquin. J’en suis resté coi. Oui, un Monsieur Lapin avait osé se soulager dans mon jardin. S’il n’y avait eu que cela.

Eh bien non !
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Mes carrés de cerfeuil, aneth, basilic et cerfeuil avaient reçu sa visite. Je me demandais même s’il n’était pas venu en famille ou entre copains.
Mon jardin d’herbes s’était transformé en garde-manger de luxe pour une nouvelle beauté qu’il voulait impressionner. J’en étais persuadé. Quel culot ! Sa jolie lapine devait s‘appeler Charlotte, j’en suis sûr.
Pourtant j’avais protégé mon lopin avec un bastingage[1], fabrication maison : des palettes récupérées sur un chantier voisin, découpées, peintes de couleurs chatoyantes, bien ancrées, mais pas assez profondément. Il était rusé, le sieur bouquin.

Devant mes yeux incrédules, presque une bambochade peinte par Ostade[2]. Vous savez une de ses huiles représentant la vie paysanne néerlandaise du 17ème siècle. En regardant de près, très près une cour de ferme, je suis persuadé que je verrais un ancêtre de mon coupable Hun.

Bravache l’animal ! Facile quand je suis absent du jardin. Disparu sans laisser de trace. Si bien sûr, juste ses offrandes. Un vrai barbare ! Osez ce saccage dans mon carré.

Je suis allé m’asseoir sur le banc bleu que j’ai fabriqué avec des morceaux de palettes aussi. Je récupère, je fabrique. Cela me coûte peu et me rend fier. Ce banc, un objet unique qui fait des envieux.

Heureusement, il n’avait pas touché à ma rangée de bambous, le bougre. Personne ne me voyait dans les parcelles attenantes. Les bambous grimpaient et occultaient tout.

Ce ne sont pas des balivernes, ce que je vous raconte. Soyez-en certain. Cela m’est arrivé il y a trente-deux jours exactement. Je m’en souviens comme si j’y étais encore.

Mon jardin est byzantin pour moi. Je l’ai conçu jour après jour. J’avais eu le temps, tout mon temps, celui de ma convalescence après mes deux jambes et mon bras brisés (voir épisode précédent).
Je ne suis en aucun cas borderline. N’osez pas le penser. Ne croyez pas vos premières impressions. Je suis un jardinier amateur très éclairé.
Cela n’a jamais été un caprice, comme celui que font les bébés. Non, c’est une passion. Cela fait longtemps qu’elle me tient.
Mais qu’ai-je vu soudain ! Mon fauteur de trouble, le fameux bouquin est blanc et vient parader devant moi. Il me nargue.
Il prend un bain de soleil sur la desserte que j’ai fabriquée.



32 Octobre


[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Adriaen_van_Ostade

jeudi 14 juillet 2011

Ecrire comme on respire (4), Camille, chapitre 4

Plaisir d'écrire (jeux d'écriture)


Épisodes précédents :
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3



Chapitre 4
Je farfouille dans les photos


Vendredi 1er juillet 2011,
Camille est ravi de son début de vacances. Il a d’ailleurs commencé son journal pour se souvenir de tout et épater ses copains à la rentrée. Il est sûr qu’il va avoir de nombreuses aventures durant les deux mois qui arrivent.
Il voudrait se livrer à sa nouvelle passion, le scrapbooking. Il veut prouver à ses parents qu’il est très habile de ses mains. En fin d’année scolaire, il a d’ailleurs participé à un atelier et il a été enthousiasmé. Avec toutes les photos trouvées au grenier aux dernières vacances, il va pouvoir s’en donner à cœur joie. En plus des vieux albums, il a trouvé cinq grandes boîtes à chaussures pleines à ras bord.
Il commence à les regarder. Il cherche des photos de ciel. Il a vu cela dans un livre : coller les photos des personnes sur une grande image de ciel comme pour y dessiner un arbre. Il fouille, les déclasse, cherche et soudain cette photo lui saute aux yeux. En plus, il a de la chance, il y a en cinq à-peu-près identiques.
Il retourne les photos et derrière la première, il lit :

« 1er mars 70,

Retour au pays natal.
Nestor m’emmène sur les chemins de son village d’enfance.
Il est 18 heures.
Le proverbe prédit :
« Ciel rouge le soir 
Laisse bon espoir ; 
Ciel rouge le matin,
Pluie en chemin. »

J’ai fait connaissance de toute la famille. »
Il a récupéré un morceau de papier peint, y coupe le format d’une grande feuille de papier. Il y colle les cinq photos récupérées. Il commence à dessiner son arbre généalogique. Il se replonge dans les boîtes à chaussures.
Il en cherche d’autres. Il retourne les cartes et y lit les messages de Nestor à Natacha, de Natacha à Nestor. Il ne voit pas le temps passé.
Il n’entend pas son grand-père s’approcher de lui.
Il sursaute quand celui-ci lui dit : « Ta grand-mère nous attend pour dîner. »


samedi 9 juillet 2011

Chez Asphodèle (1), les mots en A, Corentin, Charlotte - chapitre 1

LES PLUMES DE L’ÉTÉ – 1 – TOUS LES TEXTES EN A CHEZ ASPHODELE !


 


Voici les mots qui ont rendez-vous avec la lettre A. 
9 mots pour cette première collecte : 
allergie – astre – affriolant – arbre – anagramme – accident – artifice – abricot – abandon.

Les jardins de l’Anagramme.

Malgré l’astre brûlant qui allait me cuire, je me décide à aller travailler à mon potager. Trois jours que je n’y étais pas descendu, victime d’une allergie au pollen de graminées très nombreuses en cette saison.

Ce potager, le seul qui a, en son milieu, un arbre, je l’ai obtenu de haute lutte. Et en plus cet arbre m’offre mon fruit préféré, l’abricot.

Au départ, un lopin de terre vierge de toute culture mais pas d’herbes dites mauvaises ou folles. Il fait partie des jardins ouvriers de la ville où j’habite. Un des vingt carrés de terre attribués par les services sociaux de la ville.

Ce coin de paradis a été laissé très longtemps à l’abandon.

Mais c’est de l’histoire ancienne, déjà vieille de plus de dix ans.

Je venais d’être victime d’un accident assez risible car dû à ma maladresse. Toujours pressé, je m’étais pris les pieds dans la laisse de mon chien que je descendais pour sa promenade biquotidienne. J’étais tombé dans l’escalier de mon immeuble et avais les deux jambes cassées et les bras droit. Au minimum neuf mois d’immobilisation, un enfer programmé pour l’homme actif que j’étais.

Donc je m’étais inventé plein de projets pour l’après. Cela m’occuperait au moins l’esprit pendant ces longs mois d’immobilisation.

Le projet qui me tenait le plus à cœur, avoir un coin de jardin à moi, obtenir un des jardins ouvriers de ma ville et en plus celui à l’abricotier.

Six mois s’étaient passés depuis mon accident, et comme par artifice, j’ai obtenu un jardin ouvrier, moi qui étais à ce moment là cadre et non ouvrier dans la seule entreprise industrielle de la ville. Un passe-droit dire certains. Quelles mauvaises langues !

Je ne pouvais y travailler étant encore très handicapé mais j’avais obtenu ce que je voulais : le principal, mon petit lopin de terre.

Dix ans que je l’entretiens et y récolte ces vieux légumes retrouvés et que j’y ai enterré virtuellement mon secret qui commence à me peser.

Et si je m’en libérais : pour obtenir ce jardin, j’ai juste un peu menacé Monsieur le Maire de l’époque. Notre belle amitié s’était évanouie tout d’un coup.
Je pouvais juste révéler sa tendre complicité avec une certaine Charlotte, infirmière de son état et très affriolante qui s’était occupée de moi pendant mon hospitalisation.

32 Octobre

dimanche 3 juillet 2011

Ecriture créative (1), Lettre à Cerise



Suite à ma participation à l’atelier Écriture Créative,



Lettre à Cerise

Samedi 26 novembre 2010,

Bonjour Cerise (quel prénom, je ne résiste pas à le répéter, répéter)
Ma chère Cerise, (je l’écris, l’écris…)

Je ne veux pas rester otage des mots malhabiles qui vont suivre.

Je veux vous les dire au plus vite de vive voix.

Depuis votre réponse à ma petite annonce, je rêve de vous.
Votre message m’a enchanté. Vos réponses malignes, originales, si bien tournées à mes mots me font fondre.
Je vous image, en train de déguster voluptueusement, les whoopies que je vous aurais amoureusement préparés.

J’aurai allumé un grand feu dans la cheminée pour vous réchauffer après la promenade où je vous aurais entraînée. Une promenade vers la grande oliveraie où nous aurions beaucoup bavardé. Il nous faut apprendre à mieux nous connaître. Et quel lieu ! l’endroit idéal.

Ne soyez pas suffoquée par mon enthousiasme !
Je ne me reconnais plus moi-même.
Je suis sous votre charme.

S’il vous plaît, ne montrez aucun agacement.
Vous êtes une parle rare.
Vous me prenez pour un individu un peu fou. Oui, fou de vous.
Vos mots ont fait maître dans mon esprit la parfaite vision de vous. Pas une hallucination. Non, je vous vois.
Je vous imagine sans cigarette. Je vous rappelle que j’éternue dès que je sens la moindre fumée. D’ailleurs, vous m’avez rassuré sur ce point.
Je vous imagine aux commandes de ce bateau si fin et puissant, en train de fendre les flots… vous êtes la vedette du film que je tourne dans ma tête. Vous tenez le haut de l'affiche.
Devenez ma déesse occulte. Tant de mystère vous entoure !
Vous ne serez en aucune façon un exutoire.
J’imagine vos sourcils froncés comme interrogateurs devant mes mots un peu fous.

Cerise, devenez ma douce amie.
Si j’osais, soyez la Cerise sur mon gâteau.

Votre très dévoué, Olivier



PS1
La régularité des éléphants – Cerise Olivier
Photo crédit ©Thomas Hawk

PS2
Autres aventures où Olivier et/ou Cerise sont présents :
puis
Chez Eiluned ici ou ici



jeudi 30 juin 2011

Ecrire comme on respire (3), Camille, chapitre 3

Plaisir d'écrire (jeux d'écriture)


Épisodes précédents :
Chapitre 1
Chapitre 2


Chapitre 3
Photo ratée

Jeudi 30 juin 2011,
Camille vient juste d’arriver au Resty chez Nestor et Natacha, ses grands-parents paternels.
Il y passe ses vacances, toutes ses vacances comme tous les ans depuis que ses parents sont partis s’installer en Espagne. Il vient réviser son français, respirer la France et se faire gâter. Ses parents partent en amoureux, comme il dit et viendront le rejoindre pour passer les quinze derniers jours d‘août avec lui dans la maison de famille.
Camille aime feuilleter les vieux albums photo, qu’il a dénichés dans le grenier de la grande demeure lors d’une de ses escapades des dernières vacances. Il a caché ses trouvailles dans l’armoire à glace de sa chambre, cette chambre aménagée spécialement pour lui dans une partie du grenier.
Cette fois, son regard s’arrête sur cette photo d’empreintes. Maintenant, il sait lire. Il vient d’achever son cours préparatoire au lycée français de Valence et décide que ce n’est plus la peine que Papy Nestor lui lise le texte qui a été écrit en dessous. Il a reconnu l’écriture de sa grand-mère Natacha.

« Jeudi 29 février 1968,

Nestor et moi, notre première promenade dans la presqu’île.

J’avais bien fait d’emporter mon appareil photo. J’ai découvert un endroit comme je n’en avais jamais vu.
Et en plus avec l’homme qui j’espère, passera le reste de sa vie avec moi.
Mais chut ! Il ne sait pas que je l’aime et lui ne m’a rien dit de ses sentiments.

Six photos de traces dans le sable de la plage.

Cette première photo n’aurait jamais dû être dans cet album. Elle est ratée.
Mon intention de départ, photographier l’empreinte de mon pied droit à côté de celle du pied gauche de Norbert…
Mais j’ai dû appuyer par mégarde sur le déclencheur et de pieds, aucune trace.

Pourtant j’avais déjà imaginé y noter la légende : « le début d’un pas de deux ».

En lieu et place de cela, un  rectangle de sable gris, caractéristique de l’endroit. J’y ai vu une empreinte de chien, celle d’un oiseau, celle d’un tout petit pied de bébé, le dessin stylisé d’un lapin, d’un chat… Elle m’a plu. Je l’ai gardée et collée dans cet album»



jeudi 16 juin 2011

Ecrire comme on respire (2), Camille, chapitre 2

Plaisir d'écrire (jeux d'écriture)




Épisode précédent :
Chapitre 1


Chapitre 2
Plage avec un pin

Mardi 14 juin 2011,

Un enfant feuillette un album photo.
Ses grands-parents ne sont pas loin, ses parents l’ont laissé avec eux après le week-end de Pentecôte :

-       Dis, Papy Nestor, c’est où ? Je veux que tu m’y emmènes.
-       Va demander à ta grand-mère Natacha.
-       Papy, raconte-moi… je ne sais pas lire… tu me lis Papy, ce qu’il y a d’écrit sous la photo.
-       Natacha, Camille veut que je lui raconte la photo où il y a la plage et le pin. Tu te souviens ?

Et Papy Nestor se mit à lire…


« Jeudi 29 février 1968,

Photo de l’endroit où j’ai emmené en promenade pour la première fois Natacha.

Ma Pâquerette s’était égarée sur la terrasse de la maison de bois où Natacha était la baby-sitter d’un petit chenapan, qui s’était pris d’un véritable amour pour ma chèvre préférée.
Ce jour-là a été le plus beau de ma vie.
Cela se passait dans mon village de montagne où elle passait des vacances studieuses et rémunérées par les parents de Charles, qui du haut de ses 7 ans savait tout et la faisait tourner bourrique.

Pâquerette retournait toujours vers leur chalet, encouragée par Charles qui la gavait de branches de laurier palme.

Je suis tombé sous le charme de cette que j’appelais alors, Pâquerette bis.
Il faut dire que j’étais et suis encore très timide et qu’à part me confondre en excuses je ne savais pas quoi lui dire.
Mais Natacha, c’est Charles qui m’avait dit son prénom et beaucoup d’autres choses aussi, osa plus que moi. Nous avons échangé, en plus des sourires, des mots qui embrasaient mon cœur entre deux visites.

Je voyais la fin des vacances arrivée à grands pas et je ne voulais pas la laisser partir sans me déclarer.
Je n’avais pas beaucoup de vacances à cette période, la saison battant son plein.

Un jour, je pris mon courage à deux mains, plutôt à mille mains et lui proposais de venir à la mer, dans la presqu’île passer une journée. Je lui affirmais que dans moins de quatre heures nous y serions. Nous quittions la montagne pour la mer.

Elle a été enchantée de ma demande et nous avons pris la route…du bonheur. »

Camille n’a pas attendu la fin de la lecture pour s’endormir sur les genoux de son grand-père qui continua de parcourir l’album.
Il pensa que ce jour-là, il avait pris la route en compagnie de Natacha, la route était toujours ensoleillée et Natacha encore plus belle.






dimanche 12 juin 2011

L'atelier du dimanche (5), L'énigme des perroquets, les bottes de sept lieues


L’atelier du dimanche, l’atelier d’écriture de Skriban



Une nouvelle aventure de Kelly-Anne,



-       Pousse-toi ! je raconte en premier !
-       N’importe quoi. Tu as vu la tête que tu as !
-       C’est moi l’aînée et j’étais de sa première vraie escapade avec son amoureux.
-       Mais tu t’es vu. T’es toute éculée… t’es moche… t’es vieille… ta place, à la poubelle… plus dans ce placard
-       Je ne te permets pas… elle tient à moi, elle !
-       Regarde-toi… et d’ailleurs tu es seule… tu es gauche en plus… et ta droite, elle a disparu
-       Non, non… je suis là… mais je suis écrasée par une botte boueuse.
-       Silence, hurle la paire de chausson chat. Vous parlerez chacun à votre tour
-       Ah nous alors, dit la paire de mocassins noirs. Pousse-toi la botte boueuse. Que nous soyons bien serrés l’un contre l’autre.
-       T’as raison, le chausson chat… je laisse la parole aux anciens. Je suis respectueuse, moi la paire de sabots. J’en ai aussi à raconter. Elle nous a emportés une fois aussi.

La paire de mocassins noirs se mit sur son 31, tout en chaussant du 38, alla voir la boîte de cirage, se frotta au chiffon et à la brosse et commença à raconter :

Je me souviens, c’était le 9 septembre 2009.
Je me souviens, nous étions bien cirées. Elle nous avait mis à ses pieds et nous sentions qu’elle était toute guillerette.
Je me souviens que c’était la première fois où ils partaient tous les deux, elle et son amoureux. Il lui avait écrit la veille juste cette phrase « rejoins-moi à 7 heures à l’autoroute ».
Je me souviens que son cœur avait bondi, qu’elle n’avait pas réfléchi, qu’elle avait dit « oui. @ demain ».
Je me souviens qu’elle avait tout réglé vite fait bien fait, avait prévenu le voisin de son absence, lui avait demandé de nourrir ses animaux et avait préparé sa valise.
Je me souviens qu’elle avait pleuré, mais de joie ce jour-là. Elle attendait depuis si longtemps.

-       Dis le mocassin, t’avance dans l’histoire. Tes je me souviens… souviens-toi un peu plus vite. On ne va pas y passer la soirée.
-       T’as raison, dit la botte boueuse, car moi aussi j’en ai à raconter, mais c’était un mois après que j’étais de la partie.
-       Silence ! hurla la paire de chausson chat. À toi Mocassin…

Je me souviens…



PS : texte écrit sur la proposition de Gwenaëlle,
le 12 juin 2011 – seule modification, désormais la propriétaire des différentes paires de chaussures s’appelle Kelly-Anne.

N.B.
L’énigme des perroquets – Quentin Kelly-Anne
Photo crédit ©Ernesto Timor