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Olivier n'a pas encore 32 ans, ne fait pas encore presque 2 mètres, n’est pas encore sportif et encore moins responsable d’une agence de voyages dans une ville de moyenne importance. Il n’est pas encore à la recherche de l’âme sœur. Il ne cherche pas encore l’inspiration pour écrire un Slam qui lui ouvrirait les portes d’une autre carrière.
Olivier a déjà les yeux bleus, est déjà blond et a déjà 7 ans.
Il serre très fort la main de son grand-père.
- Tu es sûr que c’est là ? C’est écrit quoi ? Je suis trop petit. J’arrive pas à lire.
- Hôtel de l’Espérance.
- C’est quoi l’espérance ?
- C’est quand on espère
- C’est quoi espérer ?
- C’est attendre quelque chose très fort.
- Comme là, on espère qu’il sera là. Et s’il est pas là ! Et si c’est pas la bonne porte ! Et si on s’est trompé de jour ! Et si…
- Arrête ! Je vérifie le papier.
L’homme cherche dans la poche de son grand manteau, à gauche, à droite.
Il surveille l’enfant du coin de l’œil. Il espère tant de cette rencontre. Il a si peur d’être déçu. Il a menti ce matin en quittant la maison où ils vivent avec Olivier et sa grand-mère. Il a prétexté qu’il fallait partir tôt pour ne pas faire la queue trop longtemps à l’exposition du jardin des Plantes. Il est ennuyé de lui avoir caché cette visite. Il a tellement peur pour elle. Sa santé n’est plus très bonne depuis que leur fils a disparu du jour au lendemain, sans rien dire même pas au revoir. Heureusement, l’enfant l’oblige à vivre. Il voudrait tant que son sourire revienne. Cela fait déjà six ans. Il est persuadé qu’elle connaît le nombre exact de jours. Lui aussi le sait. 1 932 jours.
Il réfléchit. Qu’ai-je fait de la lettre ? Je la sais par cœur mais il faut que je vérifie.
La lettre, elle ne sait pas qu’elle existe. C’est lui qui l’a trouvée dans la boîte un matin, il y a quinze jours. Il a reconnu l’écriture. Il a vite mis l’enveloppe dans sa poche. Il attendu le moment où elle est partie chercher Olivier à l’école pour l’ouvrir.
Je n’ai quand même pas oublié la lettre à la maison. Enfin, il retrouve l’enveloppe, sort la feuille, la déplie et relit pour la millième fois :
« Bonjour Papa,
Je suis de retour.
Je veux revoir mon fils.
Venez me rejoindre à l’hôtel de l’Espérance, 15 rue Pascal Paris 5 à 10 heures.
Je ne serai là que le 5 mai.
Après je ne sais pas où j’irai.
Cela dépendra si vous venez ou pas.
Pas la peine de venir si tu ne viens pas avec Olivier.
Pas la peine de parler de votre voyage à Maman.
Débrouille-toi.
Venez seuls.
Ton fils, Franck »
- Tu es vraiment sûr que c’est là ? C’est vieux, c’est moche, c’est sale ! T’es sûr qu’il est là papa.
Il avait hésité avant d‘en parler à Olivier. Était-ce bien raisonnable ? N’allait-il pas au devant d’ennuis ? Mais il fallait qu’il revoie son fils et qu’il lui amène son fils. Il devait tenir la promesse qu’il lui avait faite juste avant qu’il ne disparaisse.
Quelque soit le jour, l’heure, promets-moi de m’amener mon fils quand je te le demanderais. Promets-le-moi !
Et il avait promis et aujourd’hui, il devait le faire. Mais dans quelle aventure son fils Franck allait encore l’entraîner ? Seulement la veille au soir, il avait proposé à Olivier cette visite au jardin des plantes, pour voir cette exposition sur les reptiles, sa passion. Quand ils avaient tourné le coin de la rue, il lui avait dit :
- Nous n’allons pas au jardin des plantes. Nous allons voir ton papa.
Le visage de l’enfant s‘était éclairé. Il ne marchait plus, il volait. Combien de fois lui a-t-il demandé :
- C’est encore loin ? Il est où papa ?
Il ne les a pas comptées. Ils sont enfin arrivés rue Pascal.
- C’est écrit quoi sur la lettre de Papa ? Donne-la-moi. Je sais lire.
L’enfant lut en hésitant un peu. L’émotion. L’instant était important :
- l’hôtel de l’Espérance, 15 rue Pascal Paris 5.
Mais là c’est un 5. Le 15, c’est un 1 et un 5. Tu vois, c’est pas là !!! Je te l’avais dit. C’est moche, c’est sale ! Papa, il peut pas être là.
Des larmes perlèrent aux yeux de l’enfant. Son grand-père ne savait plus quoi lui dire.
- C’est là. Ton père s’est trompé de numéro. Regarde, l’hôtel de l’Espérance, c’est écrit à côté de la porte. Rue Pascal Paris 5, on y est. Tu as lu la plaque tout à l’heure.
L’enfant s’est assis sur le pas de la porte vermoulue et bancale. Il regarda son grand-père et dit, des sanglots dans la voix :
- J’ai pu d’espérance !
Si vous voulez en savoir plus sur l’histoire plus récente d’Olivier :
27/05/11 | |
13/08/11 |
4 commentaires:
Elle est touchante cette histoire ! La suite bien sûr ? Et je connais bien la rue Pascal ! Il y a un hôtel, j'y ai même dormi en 1997 mais je ne me souviens plus du nom ! On a mal avec ce petit Olivier mail il reste un espoir...même si lui n'en a plus...
@ Asphodèle, il existe mais au numéro 15 de la rue Pascal un hôtel de l'Espérance... beaucoup plus moderne... il a un site...
Oh, c'est terrible pour le petit ! :(
Bien envie de savoir quelle sera la suite !
Excellent, j'ai adoré! Alors et après??? ;)
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